Bonjour ami lecteur !
Il y aurait plusieurs points de vue pour présenter ce projet d’équipage ; je vais choisir l’historique. Il y a quelques mois, je me suis posé le problème d’essayer de comprendre comment on arrivait à prendre de mauvaises décisions, en matière d’environnement, politique ou économique. Pourquoi on veut à toute force privatiser, pourquoi un agriculteur détruit son sol, pourquoi on bourre de médicaments une personne malade jusqu’à la rendre dépendante… Pourquoi même au sein d’association dite alternative, on en arrive à rentrer dans des conflits très durs…Paré de quelques lectures – par exemple « La gouvernance par les nombres » d’Alain Supiot --, de quelques visionnages, j’ai commencé à me dire qu’on pouvait concevoir trois économies, une économie étant prise comme un ensemble cohérent de relations : au travail, à la valorisation des échanges et aux processus de production. Sans détailler, on pense presque essentiellement dans la première qui est capitaliste et libérale, il en existe une seconde qu’on pourrait appeler du secteur public. Et il y en a une troisième, qui n’est pas affirmée, mais qui pointe son nez au gré des époques, plus fortement ces dernières années. J’ai essayé de dégager cinq principes de cette troisième économie, qui font que les associations, les initiatives qui s’y inscrivent marchent plus ou moins bien :
- Primat des qualités suivantes : autonomie, stabilité et prudence (liés aux notions de durabilité, fiabilité…)
- Assentiment continu dans la prise et le suivi des décisions (notion de démocratie)
- Reconnaissance de tout travail (lié à la question de la valeur économique et comment la reconnaître)
- Absence de propriété intellectuelle (lié à la question précédente et à la notion de propriété)
- Maîtrise totale des processus de production (relation à la technique, à la connaissance et à la notion de progrès) ; ce dernier point doit aboutir pour moi à une certaine sobriété technique et énergétique qui permet de mieux décrire et gérer la complexité
La prise de conscience de cette économie associée à la capacité de tout mettre en réseau permet de de rêver un tissu économique vivant avec ces principes. J’ai commencé à concevoir, comme base d’une réflexion politique, une organisation et des outils pour mettre en œuvre ces façons de faire – dont beaucoup existent déjà, certains au sein même des pirates –. J’ai ensuite rencontré « Voyage en misarchie » d’Emmanuel Dockès qui présentait une utopie contre toute forme de domination; les points communs entre mes pensées et cette lecture étaient si nombreux qu’il y a forcément ici l’expression de quelque chose qui économiquement et politiquement doit trouver à s’exprimer.
Le but de cet équipage est d’une part d’effectuer un travail théorique sur cette vision tripartite de l’économie, puis de proposer ou de concevoir des outils qui permettraient à tout un chacun de créer et de participer réellement la structuration et l’organisation de la troisième, qui de part sa construction autonome et libre, peut faire partie de la piraterie. Pour moi, une fois discuté les principes théoriques, il y aurait deux tâches à examiner d’abord : d’une part la cartographie de toutes les initiatives – je suis effaré qu’à chaque fois que je cherche sur Internet, je tombe sur une association formidable dont j’ignorais tout – et d’autre part une fonction essentielle dans ce cadre-là qui est la gestion du partage des connaissances. Enfin, pour livrer ma vision politique de cette économie, elle devrait permettre en premier lieu une sécession d’une partie des activités du plus grand nombre vis-à-vis des modes de fonctionnement actuels, pour ensuite commencer à penser comment l’insérer, la coordonner avec les deux autres. Je propose comme mode de fonctionnement à cet équipage de l’inscrire dans les principes qu’il entend développer. Le sujet est vaste, tout le monde est bienvenu pour apporter remarques, interrogations et réflexions.