Ce sera ma dernière création de fil de la journée promis, j’ai finis de trier mon compte twiter des trucs que je devais aborder pour le PP héhé
Je voulais parler éducation. Je ne sais pas si on va arriver à produire un truc de ouf. Mais on pourrait peut-être au moins produire un truc comme pour l’énergie ou l’agriculture, ou en tout cas, j’ai la sensation qu’il y a le matériel pour.
DISCLAIMER : Y a plein de trucs en anglais, sorry D:
Sciences de l’éducation
Pour moi, l’éducation, comme les psychothérapies ont une certaine validité scientifique, autrement dit, toutes les méthodes éducatives ne se valent pas. Cette approche ne permet pas de déterminer ce qu’on enseigne, mais il me semble qu’il est assez facile de se mettre d’accord sur certains fondamentaux, que serait l’accès à la lecture, l’écriture, à la manipulation des chiffres.
Il se trouve qu’il existe de grosses revues de ces méthodes, avec ici des essais randomisés contrôlés en éducation avec une revue de 1000 études de ce type : https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/00131881.2018.1493353
Autrement dit, on sait évaluer correctement des méthodes éducatives, et il me semble que ce n’est pas assez dit. Ce n’est pas qu’une question philosophique et morale.
De la même manière, on est capable de montrer que certaines adaptation de méthodes n’ont strictement aucun intérêt et tiennent du mythe éducatif. Vous pensez apprendre mieux en écoutant plutôt qu’en lisant ou en regardant des schéma ? Aucune preuve que de tels spécificités d’apprentissage existe : http://www.danielwillingham.com/daniel-willingham-science-and-education-blog/some-new-data-on-learning-styles
Il existe une foutre-chiée de données sur ces questions :
J’ai un faible pour l’EEF. Ici par exemple un superbe « kit » (en anglais) qui recense toutes les interventions utiles en maternelle et leur rapport coût/bénéfices — en particulier pour l’introduction des mathématiques : https://educationendowmentfoundation.org.uk/evidence-summaries/early-years-toolkit/early-numeracy-approaches/technical-appendix/
L’EFF sur la lecture : Une fois la reconnaissance des mots assurée, il est essentiel d’enseigner les stratégies de compréhension de lecture. L’EEF a évalué l’une de ces méthodes, appelée “Reciprocal reading”, et a trouvé des effets positifs : https://educationendowmentfoundation.org.uk/news/primary-pupils-reading-skills-boosted-by-programme-which-gets-them-to-quest/
Il y a également ce magnifique tableau qui regroupe les techniques pédagogiques les plus efficaces, arrive en premier le feedback, suivi de la métacognition : https://educationendowmentfoundation.org.uk/evidence-summaries/teaching-learning-toolkit/
Sur des aspects très précis, on trouve également des études randomisées, certaines pouvant montrer une forte amélioration de la réussite en maths (d~0.8) simplement en entrelaçant des exercices portant sur des sujets différents, au lieu de ne présenter que des exercices portant sur le sujet du cours qui précède : http://uweb.cas.usf.edu/~drohrer/pdfs/Interleaved_Mathematics_Practice_Guide.pdf
PISA
On dispose d’un organisme d’évaluation de notre éducation qui fait parlé de lui mais n’est pas utilisé pour produire de réformes sur le long terme : https://www.lesechos.fr/politique-societe/societe/classement-pisa-comment-certains-pays-europeens-se-sont-ameliores-1153400
Une petite critique de la notion de SES (socio-economic-statuts) : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0160289618302393
Des sujets non enseignés d’intérêts publics ?
Je trouve insupportable que nous soyons incapable d’enseigner nos jeunes à comment vivre et se débrouiller, qu’ils dépendent pour cela de leur milieu familial. Pourquoi est-ce qu’à l’école, on nous apprend pas à faire nos comptes, à souscrire une assurance, faire nos impôts, etc ?
L’école comme utilité dans la prévention des maladies mentales
L’école publique est un merveilleux outil qui propose déjà des analyses médicales basiques aux jeunes (vision, audition). Pourquoi ne pas utiliser cette force pour s’inquiéter aussi de maladies mentales ? Notamment chez les adolecsents. Il existe maintenant de très bon test sur feuilles qui permettent une première évaluation. Il pourrait être pertinent de généraliser ce type de “screening” : https://www.nytimes.com/2020/01/06/opinion/suicide-young-people.html?smtyp=cur&smid=tw-nytopinion
Parcours adaptés et orientation
C’est peut-être le point le plus tabou en France. Aujourdhui (et c’est l’ancien conseiller d’orientation qui vous parle), on fait passer des test de QI (de manière ponctuel et ciblé) pour garder le jeune dans le parcours générale ou pour réorienter l’élève vers un parcours adapté. C’est aussi utilisé à ma connaissance pour intégrer des programmes privés accélérés, même si cela reste extrêmement marginal.
Aux USA, ce dispositif (qui n’est enfait pas exactement un test de QI, mais une sorte de test de QI agrémenté) est présent partout et suscite beaucoup de débats :
- https://www.city-journal.org/standardized-tests,
- https://www.nytimes.com/interactive/2019/09/10/magazine/college-admissions-paul-tough.html,
- https://nymag.com/intelligencer/2020/05/andrew-sullivan-larry-kramers-secret.html#sat,
- https://science.sciencemag.org/content/315/5815/1080?casa_token=Lc4_Z-S3e7sAAAAA%3A0gIZgRrc-sjHkN_4fhnO-CE2DfzNGwHuBltUS0gWw_NY03Kzrj1ApEol1rOYt9RRL3kBsBAAgF5piQ,
- https://www.suttontrust.com/our-priorities/comprehensively-fair-making-school-admissions-work-for-everyone/.
Vous allez me dire, on s’en fou on est pas aux US, on sélectionne pas les gens pour entrer au lycée ou à l’universités. Et bien ouiiii mais noooooonnnnnnnn. Enfait on le fait, mais pas comme ça. On sélectionne sur d’autres critères, comme le choix de langues étrangères rares qui permettent d’intégrer des lycées d’élites, ou encore, la sélection sur les notes, la motivation, pour intégrer une prépa (ou autre grande école), sélection qui s’est généralisé avec la réforme parcours sup.
En fait on sélectionne sur les notes, les parcours et les motivations. Alors, sûrement qu’intuitivement, c’est plus méritocratique que de sélectionner avec des test standardisés comprenant des tests de raisonnement (QI), mais dans les faits, c’est loin d’être évident. Certains arguent que ces tests standardisés on le mérite justement de ne pas se baser sur les conditions sociales. Et dans une certaine mesure c’est vrai. Est-ce que ça veut dire qu’il faut faire passer des test de QI agrémentés de tests de connaissances à tout le monde ? Je ne sais pas.
L’intérêt des test standardisés de connaissance est à mon avis d’un grand intérêt, c’est ce qu’était le bac avant les réformes, c’est ce qu’est (je crois) le test que passent les jeunes avant d’entrée en 6ème. Ça permet aussi d’obtenir des données sur l’évolution des connaissances d’une classe d’âge.
Dans la même veine, je me pose des question sur l’intérêt de parcours accélérés généralisés pour les élèves qui avancent les plus vite.
A mon avis, sur ces question, le plus simple reste quand même de donner les moyens à l’école pour que chaque élève puisse avancer à son rythme, sans qu’il y a ai nécessairement besoin de tester pour orienter et séparer les élèves physiquement pour des questions de niveaux. Il existe des méthodologies un peu alternatives pour ce type d’apprentissage, mais je ne saurais pas comment proposer sa mise en place précisément.
Les thunes
J’ai vu ça et là passer des papiers qui rendent compte du coût de notre éducation (plus élevé que la moyenne de l’OCDE) et du peu d’argent qui sert à financer nos profs (moins bien payés que la moyenne de l’OCDE). Je ne sais pas qu’elle est l’analyse pertinente sur ces questions. Mais je sais qu’on a besoin de bien payer quelqu’un pour qu’il se sente reconnu, qu’il travaille correctement et avec passion. Autrement dit, on ne pas prioriser l’éducation et continuer comme ça.