Well fed : un documentaire sur les OGMs

Ce documentaire est sur Vimeo depuis un an et demi, mais il semble être passé inaperçu jusqu’à présent.

Il est intéressant de constater que Green Peace et consorts ne prétendent plus que les OGMs sont dangereux. Du coup, le film donne l’impression d’attaquer un homme de paille.

Mais alors, si plus personne de sensé ne prétend que les OGMs sont un danger… pourquoi leur culture est-elle encore interdite en France ?

Le film montre bien à quel point le FUD a imprégné les esprits et je crois que c’est un élément de réponse. Et l’introduction réussit je crois à expliquer de façon convaincante à quel point les peurs étaient absurdes et rendues possibles uniquement par une ignorance complète du sujet. Ce ne devrait peut-être pas être une surprise, puisque peur et ignorance vont si souvent ensemble.

Il me semble que ce n’est pas le danger hypothétique de consommation pour l’homme qui est un problème, mais bien la tendance à l’uniformisation des cultures (limitation du nombre d’espèces cultivées au profit de celles qui sont résistantes au traitements), qui tend à accroître le besoin en engrais et en -icides.

Cela a des conséquences sur les structures des sols, la faune, la flore qui le composent, mais aussi sur les nappes phréatiques par le phénomène de lixiviation notamment.

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J’ai dû rater cette info, mais comme je suis pas le plus écolo de la bande, c’est pas surprenant. Quelqu’un a des sources pour confirmer cette affirmation ?

Bonjour.

Oui, une référence bien actuel.

https://www.greenpeace.fr/ogm-jen-veux/

Piratement.

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C’est amusant, cette page sur le site de Green Peace dit exactement l’inverse de ce que dit le représentant du même Green Peace dans le documentaire !

Je ne vois pas ce que les OGM ont à voir avec l’uniformisation des cultures. Ce phénomène se développe avec où sans OGMs, comme c’est le cas en France. J’ai tendance à penser que les consommateurs en sont largement responsables : ce que nous consommons est simplement moins varié qu’autrefois.

Ce n’est pas uniquement vrai pour les végétaux d’ailleurs. Si je prends l’exemple de la viande, j’ai le sentiment qu’une grosse partie de la population ne mange plus que des steaks (de bœuf) de la charcuterie et du poulet. On ne mange plus autant d’agneau, de cheval ou de lapin sans parler des cervelles et autres abats.

Un autre facteur, c’est la standardisation sensée protéger le consommateur. Mais là encore, les produits commercialisés sont standardisés quoiqu’il en soit. C’est déjà le cas en France, bien que la culture d’OGMs soit interdite. Les OGMs n’ont encore une fois pas grand chose à voir dans l’histoire.

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J’ai fait une recherche rapide pour voir comment évolue l’utilisation des pesticides en Amérique du Nord, puisque c’est cette région du monde qui a initié la culture massive d’OGMs depuis plus de vingt années maintenant.

Et bien, il semble que les USA utilisent (un peu) moins de pesticides aujourd’hui qu’en 1960, et ceci en dépit de l’augmentation de la population, de la consommation par tête et donc de la production. Je crois donc pouvoir dire qu’à production égale les agriculteurs américains utilisent sensiblement moins de pesticides aujourd’hui qu’il y a cinquante ans.

On note toutefois une augmentation de l’utilisation du glyphosate qui coïncide avec l’introduction du maïs résistant. Mais si c’est ça le problème, pourquoi vouloir interdire tous les OGMs et pas simplement celui-ci ?

Source : https://www.ers.usda.gov/webdocs/publications/43854/46734_eib124.pdf?v=41830

J’ai dit que les 2 étaient liés, pas qu’ils étaient la conséquence stricte l’un de l’autre. Autrement dit, aujourd’hui, le développement des OGM va de paire avec la tendance à vouloir utiliser les produits phytosanitaires pour optimiser la production (comme le montre ton exemple ci-dessus). Mais, on peut tout à fait imaginer des OGM qui soient développés sur d’autres aspects.

Se dire que c’est de la faute des individus, c’est d’une grande facilités, ça évite de se poser la question de la politique agricole, de la politique de distribution pour la consommation etc … Je ne crois pas qu’il soit possible de montrer que les consommateurs n’y sont pour rien. Sûrement qu’ils participent au mouvement, voir qu’ils s’y sont habitués. Mais je ne pense pas que ce sont les consommateurs qui sont à l’origine de cette perte de diversités. Je verrais plutôt en cause la politique agricole française productiviste des 40 dernières années.

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Il n’est nul besoin d’imaginer. (Il me semble que c’est bien montré dans le documentaire…) On produit des OGMs dans des tas d’autres buts et cela depuis des lustres. Les faucheurs volontaires ont détruit en France du maïs transgénique destiné à soigner les malades atteints de la mucoviscidose et ça ne date pas d’hier :

On peut aussi citer le riz doré, au centre d’une polémique à laquelle Green Peace est mêlée et qui destiné à résoudre un problème de santé publique, la carence en vitamine A :

Il existe aussi des OGMs destinés à réduire le recours au produit phytosanitaires en dotant la plante de mécanismes de défense.

Il me parait aussi utile de rappeler qu’il y a d’autres façons d’obtenir un trait désiré tel que la résistance au glyphosate, comme il est bien montré dans le documentaire. Les êtres humains modifient des organismes vivant depuis la nuit des temps. L’amande douce est une version modifiée de l’amande sauvage (amère) il y a des milliers d’années. L’appellation “organisme génétiquement modifié” est une aberration du même genre que “agriculture biologique” : tous ce que nous cultivons est “génétiquement modifié” par l’homme et toute agriculture est “biologique”. On désigne simplement par OGM des organismes qui ont été modifié à l’aide de techniques plus rapides et présentant moins d’effets incontrôlables.

Comme il est montré dans le documentaire, nous consommons tous des végétaux qui ont été obtenus en générant des mutations aléatoires par irradiation sans que cela ne pose de problème à quiconque et en particulier pas aux adeptes du “bio”. Ça s’est, considéré comme “naturel” !

Pour dire les choses franchement l’explication la plus crédible que j’aie trouvé jusqu’ici est liée à Monsanto : cette entreprise est le “Grand Satan” des écologistes d’Amérique du Nord depuis une quarantaine d’années. Monsanto a été condamnée à juste titre après que des écologistes aient révélé qu’elle déversait des polluants dans l’environnement. Depuis Monsanto est devenue l’incarnation du mal et il est de bon ton de dénigrer l’entreprise à tout bout de champ. On peut en voir un exemple datant des années 1980 dans le roman “Zodiac” de Neal Stephenson. Il me semble d’ailleurs que les auteurs du documentaire sont arrivés à la même conclusion. (Ce qui n’implique pas que Monsanto soit une blanche colombe.)

Je ne crois pas non. Ce qui me fait penser cela, c’est d’avoir vu des productions de légumes passés de mode rester sur les bras d’agriculteurs bretons. Les humains sont des animaux grégaires. Ils consomment ce qui est à la mode dans leur communauté. C’est manifeste dans mon quartier parisien à forte mixité. D’ailleurs, nous consommons massivement des denrées qui ne sont pas produites en France et qui ne sont donc pas le produit de la politique agricole locale.

HS : Il est probable que des Pirates connaissent déjà Neal Stephenson au travers d’autres œuvres. C’est un écrivain qui se documente beaucoup pour un auteur de fiction. Voire par exemple “Cryptonomicon” une uchronie qui utilise des informations détaillées sur l’utilisation de la cryptologie au cours de la seconde guerre mondiale.

Je ne comprends pas en quoi il s’agit de contres arguments à ce que j’énonce.

De manière plus générale, je dirais qu’il faut se poser la question de savoir quel problème résout l’OGM. Et pragmatiquement, il me semble qu’il y a toujours des solutions moins coûteuses (qu’il s’agisse de coût humain, écologique, ou bien même, de production) que cette dernière (par exemple la sélection par l’homme, comme tu l’as énoncé).

Est-ce que cela justifie l’interdiction qui en découle ? C’est à débattre.

Les OGM posent également la question du brevet. Il me semble qu’ils représentent l’exemple par excellence de brevet sur le vivant, chose qui, si mes souvenirs sont bons, fait partie des aspects clefs de positionnement du PP.

Y aura-t-il toujours des industries pour développer des recherches sur les OGM s’ils ne peuvent pas être brevetés ? J’en doute.

Alors, c’est probablement que je n’ai pas compris ce que tu disais. Ce n’est pas très grave : nous nous éloignions du sujet.

J’ai tendance à penser que si d’autres pensaient pouvoir aussi bien ou mieux pour moins cher, ils le feraient. Mais à mes yeux tu raisonnes à l’envers : je crois qu’on ne devrait tout simplement pas interdire les choses par défaut. (Il est possible que cela change vite : je me souviens d’avoir lu un article sur une nouvelle technique très prometteuse il y a un an ou deux de ça.)

Non, je ne crois pas qu’on devrait interdire une technique sous prétexte qu’elle ne sert à rien.

Tu fais bien de parler de brevet ! La propriété intellectuelle sur les plantes a été créée dans les années 1960 à l’initiative de la France et la France est le premier producteur mondial de semences (du moins d’après Wikipedia.) Du coup, l’interdiction ne serait-elle pas tout simplement une mesure protectionniste, un moyen de protéger les intérêts financiers des grands semenciers français d’une nouvelle concurrence étrangère ?

Le système de brevet est en concurrence avec les système mis en place à l’initiative de la France. Donc en l’état actuel de choses, les semenciers peuvent financer leur R&D sans avoir recours au brevet.

Je crois me souvenir qu’à peu près tous les fruits et légumes que nous consommons aujourd’hui sont “protégés” par la propriété intellectuelle.

Sans les brevets au sens propre, à mon avis, oui, puisqu’il existe déjà un système destiné à rémunérer les “obtenteurs” de nouvelles variétés végétales, même s’il n’est pas aussi avantageux pour les inventeurs que le système des brevets. (J’avoue pour le coup que j’ignore les détails.)

Un dernier point : je n’aime pas du tout le concept de propriété intellectuelle dès qu’il couvre autre chose que le simple concept de secret ou la protection des données personnelles. Je crois que ça ne devrait pas être une surprise. Il me parait cependant nécessaire de financer la recherche, notamment en agronomie et dans le domaine médical.

Dans une ferme en polyculture-élevage avec une grande variété de productions, des cycles de rotation bien positionnés, tu n’as pas besoin d’OGM, ni -icides, ni nitrates. Ce sont les mécanismes de régulations de l’écosystème qui font le job et c’est gratuit. Voilà ce que je voulais dire quand je parlais du coût.

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Encore une fois, clamer qu’on n’en aurait pas besoin, ça ne fait pas une une bonne raison pour les interdire les OGM !

Concrètement, ce dont on a besoin c’est de pratiques qui permettent de produire plus sur des surfaces moindres afin de laisser plus de place aux forêts et à la nature, tout en préservant la santé des agriculteurs. Ce sont les agriculteurs qui sont exposés aux produits dangereux, bien plus que le reste de la population.

S’interdire des options pour des raisons de dogmatisme n’aidera probablement pas.

Je vais répondre au reste, même si on s’éloigne à nouveau du sujet. (A savoir les OGMs.)

Tous les végétaux vendus dans le commerce sont traités avec des pesticides. Les chaînes qui vendent du “bio” utilisent des procédés mensongers lamentables mais légaux qui trompent encore beaucoup de monde. Le dernier sondage que j’aie vu sur le sujet montrait qu’à l’époque un Français sur deux croyait encore que le “bio” n’utilisait pas de pesticide !

Le bio utilise des poisons “naturels” ainsi que des prédateurs importés qui ont parfois des effets sévères sur l’environnement. Je ne crois pas que l’agriculture ait démontré que ses choix étaient meilleurs. Un exemple : le bio utilise le pyrèthre comme insecticide quand en agriculture conventionnelle on utilise des substances de synthèse proches, les pyréthrinoïdes. La toxicité pour les être humains est équivalente dans les deux cas. Les substances “naturelles” se dégradent plus rapidement dans l’environnement. C’est positif au premier abord d’un point de vue écologique. Mais, ça oblige à faire des épandages plus nombreux. Donc les agriculteurs est les personnes se trouvant à proximité des champs sont exposés plus fréquemment aux poisons. Et le bilan carbone s’alourdit. Si on prend les pommes en exemple, il faut émettre deux fois plus de CO2 dans l’atmosphère pour produire un kilo de pommes bio que pour la même quantité de pommes conventionnelles. Pire, l’agriculture biologique (la viticulture en particulier) est dépendante du sulfate de cuivre, un fongicide qui est l’un des pesticides les plus problématiques à l’heure actuelle : il est dangereux pour la santé des agriculteurs, il est écotoxique et ne se dégrade pas du tout dans l’environnement. Bref, il est en tout point pire que les alternatives “de synthèse” !

L’Union Européenne avait envisagé de l’interdire il y a quelques années de ça. (Il est d’ailleurs déjà interdit dans plusieurs pays de l’UE.) Le projet d’interdiction a été abandonné, notamment suite à un lobbying français. Le sulfate de cuivre est actuellement en cours de réévaluation, mais personne n’en parle alors qu’on en fait des tonnes sur le glyphosate alors que ce dernier est dans les faits moins problématique, sans doute parce que c’est une invention du grand méchant Monsanto.

Si je me fie aux études que j’ai pris la peine de lire, le meilleur moyen de limiter l’utilisation de pesticides, c’est d’utiliser des variétés de végétaux qui sont peu affectées par les nuisibles divers. (C’est assez logique, non ?) Interdire des variétés en se basant sur la technique utilisée pour les obtenir me parait vraiment contre-productif.

La raison pour laquelle on a besoin d’engrais, c’est que les produits agricoles ne sont pas consommés sur place. Une bonne partie des matières azotées part dans nos toilettes. Une part bien plus grande se retrouve dans les déjections du bétail.

L’agriculture recycle les déjections du bétail ce qui est une bonne chose à des tas de niveau. (C’est aussi une nuisance environnementale majeure pour quiconque vit à proximité des champs ; j’ai vécu ça pendant des décennies.) Les excréments sont transformés en nitrate par des bactéries présentes dans le sol. Bref, les plantes ont toujours besoin de nitrates et les agriculteurs qui épandent directement des nitrates plutôt que des excréments empruntent un raccourci. (Et leurs voisins leur disent merci !)

L’agriculture ne peut pas défier les lois de la physique : il faut des solutions pour redonner au sol l’azote qui en a été extrait. Il y a tout de même des solutions pour éviter le gaspillage, c’est à dire la fuite des nitrates dans les cours d’eau et les nappes phréatiques. L’agriculture biologique a tout bon sur ce dernier point. Mais elle n’est pas la seule : ce qu’on appelle en France “agriculture raisonnée” suit aussi cette voie et elle ne s’encombre pas, pour autant que je puisse voir, d’un bagage idéologique qui limite son efficacité.

D’où c’est que vous tenez que les OGM dispenseront de l’utilisation de pesticides ?

Il y a des OGM conçus pour être résistant aux herbicides (au glyphosate en particulier) et il y en a d’autres conçus pour être résistants à des menaces naturelles.

Le premier lien que je trouve à l’aide de mon moteur de recherche : http://www.ogm.gouv.qc.ca/utilisation_actuelle/resistance_insectes/resistance.html

Je l’ai lu cet article, mais il y en à d’autres qui ne nous servent pas la même musique.

Enfin, bref, pour moi les OGM c’est non

Les glyphosates de toutes façons vont être interdit à terme. Donc plus besoin d’OGM pour résister

On fait peur avec le glyphosate et on oublie de dire que tuer les “mauvaises herbes” a aussi un intérêt d’un point de vue santé publique.

(TDLR : Des substances produites par des mauvaises herbes donnent le cancer. Il faut éviter de consommer en trop grandes quantités du thé, des préparation ou compléments alimentaires à base de plantes ou du miel. Ces produits sont susceptibles d’être contaminés. Et il faut éviter d’en donner régulièrement aux enfants.)

Le CRIIGEN est une source sans fin d’informations douteuses. Leurs études sont la risée de la communauté scientifique.

Voir par exemple ici : https://sciencebasedmedicine.org/the-seralini-gmo-study-retraction-and-response-to-critics/

Seralini est le patron du CRIIGEN. Il accuse habituellement ses détracteurs d’être payés par Monsanto et oublie de mentionner ses liens avec le business de l’homéopathie.

Dans ce cas, la revue qui avait publiée l’étude l’a retirée après coup.