Vendredi le Parti Pirate à publié un communiqué de presse appelant à manifester le 7 septembre contre la nomination du premier ministre Michel Barnier : Le post sur X
J’ai été très surpris et honnètement très déçu de ce communiqué de presse, ce qui à entrainé une réaction épidermique m’amenant à poster sur X ce message : Mon commentaire sur X
Certains pirates sont venus m’en parler, regrettant ma décision, et merci à eux.
Après un weekend de réflexion et la réaction à chaud passé. Je voudrais prendre le temps de clarifier et questionner plutôt que “rage quit”.
Tout d’abord qu’est-ce qui m’a fait sauter au plafond ?
Ce n’est pas tant de voir un communiqué de presse critiquant le choix d’un premier ministre de droite mais de voir repris le discours que le NFP nous assène depuis les législatives anticipées. Cette idée comme quoi le président doit choisir un premier ministre dans le bloc majoritaire (relativement aux autres, c’est important) n’est rien de plus qu’une tradition, et je laisse la tradition aux conservateurs. Le Président nomme qui il veut dans la 5eme république, il aurait très bien pu nommer ma sœur.
Le NFP joue avec cette notion depuis deux mois pour faire monter sa propre mayonnaise, c’était évident que le premier ministre ne serait pas issu de ce groupe. Malgré les différents appels à faire des compromis que Lucie Castet à pu faire relayer dans la presse il y a toujours eu des lignes rouges que le président n’aurait pas cédé (et ils le savent forcément) comme la réforme des retraites ou le smic à 1600€.
Ce faisant le NPF se livre depuis deux mois à une manipulation de l’opinion ne pouvant mener qu’à un grand sentiment de trahison dans lequel… Le Parti Pirate, à travers ce communiqué de presse, s’est associé non pas directement, mais c’est fait associé par de potentiels électeurs, ou membres ! La phrase finale étant carrément un appel à manifester, on passe d’un parti posé et réfléchi, au-dessus de l’action à un parti qui commente l’actualité et se dilue dans la masse.
Le populisme est ce qui tue la gauche depuis beaucoup trop longtemps, l’empêchant de faire des compromis raisonnables : À exiger le bras on a même pas le doigt.
Ici le NFP créer du rejet de la démocratie, j’ai eu de très (très) nombreuses réactions du type « eh bien la prochaine fois je n’irais pas voter » IRL aussi bien que sur les réseaux.
Notre position est clairement en train de prendre un virage qui m’inquiète.
En ce qui me concerne on est à un point de rupture sur plusieurs aspects :
Lors des européennes nous avons voté et retenu de changer notre définition comme “parti de gauche” contrairement à l’ambiguïté stratégique que conservions jusque là. C’est à mon sens très regrettable, on peut être progressiste sans pour autant porter les couleurs des partis qui ont sali la gauche. Pour moi on a une étiquette pourtant marquée clairement dans notre code : La liberté.
Nous, Pirates, chérissons la liberté, l’indépendance, l’autonomie et refusons toute forme d’obédience aveugle.
L’étiquette la plus raccord serait donc pour moi plus proche du libéralisme, des sociaux-démocrates. Et c’est ce que je défends (certes discrètement) depuis mon adhésion en 2019.
L’appel à voter pour un groupe politique suite à un défaite lors d’une élection
Pour moi, c’est non. On a toujours tenu une ligne “pas de consigne de vote” considérant nos électeurs et nos membres comme suffisamment intelligents pour voter selon leurs convictions. Un pirate doit respecter le code pirate, qui est très clair sur son incompatibilité avec l’extrême droite.
Ce choix m’a fait déjà sauter au plafond, considérant notre colonne vertébrale comme plus importante qu’une annonce en période de crise. Je n’ai rien dit pendant la campagne des législatives anticipé, j’étais de toute façon rincé par les européennes et je n’avais pas envie de me battre là dessus.
L’association de fait avec des partis politiques à l’opposé de nos valeurs
LFI ne fait qu’agiter un chiffon rouge à ses militants pour créer de l’attention, EELV est un fossoyeur de l’écologie et surf sur l’ésotérisme, le PS n’a même pas de programme et est une coquille vide qui profite du système de financement des partis… On doit dénoncer cet état de fait et ne pas se joindre à eux.
En se joignant à un appel à manifester on se déshonore avec eux. On vaut mieux que ça, comme dit le l’adage “mieux vaut se taire que de dire une connerie”.
Je ne suis pas énormément impliqué sur discord ou congressus, c’est vrai. Comme beaucoup de nos près de 400 adhérents je suis très occupé IRL et mon engagement en ligne ne reflète pas forcément mon engagement dans ma vie de tous les jours.
C’est un point qu’on a un peu abordé lors du post mortem des européennes : Attention à ne pas se limiter à l’online, au risque de nous bouger moins que le curseur de notre souris.
Le Parti Pirate aura bientôt 20 ans. En France on ne fait toujours pas 1%, il est temps de se réinventer, sérieusement. Ce n’est pas en singeant le NFP qu’on sortira de la masse, on a pas la quantité ? Visons la qualité ! Il faut dégager les partis conservateurs et d’extrême droite et donner de l’air aux groupes politiques émergents. La demande est là, il faut reconstruire l’offre.
Le Parti Pirate FR ne doit pas rester un think tank sur le numérique et les libertés individuelles. On a un programme long comme le bras, on a des choses à dire.
Il est urgent de :
- Divorcer clairement du NFP. Ce sont devenu des repoussoirs, condamnés à l’opposition de principe. Plus rien de constructif n’émergera d’une gauche colérique, irrationnelle et ésotérique, on ne peut qu’aider à l’enterrer.
- ANTICIPER les prochaines élections, si en juin 2025 Macron dissout, qui se présente au PP ? Quelle sera notre stratégie ? Et les élections locales ? Et les présidentielles ?
- Clarifier le programme (merci Aurifex), et ne pas se cantonner aux problématiques de niche comme la crypto et le net en général dans nos communications. On a un gros coup à jouer sur le logement et l’économie, par exemple.
- Communiquer sur le terrain, former nos membres à le faire. Le Parti n’est pas qu’un forum et un discord, si nos membres nous oublient et ne participent pas c’est de NOTRE faute. On finira par disparaître si on ne sait pas parler de nous.
- Répartir les tâches efficacement. On crame trop de personnes investies à chaque élection. Il faudrait dresser un état des lieux des choses à faire puis proposer aux pirates de se joindre à celles-ci. A attendre que quelqu’un se pointe, rien ne se passe. Peut être catégoriser les adhésions en candidat / militant / logistique / soutien.
- Se méfier des effets de l’ancienneté de certains de nos membres, à qui on a envie de donner blanc-seign sans trop y réfléchir. Il faut qu’on s’implique, qu’on comprenne les décisions, même si on est pas H24 sur discord ou discourse.
- La seule chose à ne pas remettre en question, c’est le code pirate.
Pour finir je n’en veux pas aux rédacteurs de ce CP, qui pensaient certainement très bien faire, je ne veux pas non plus de Barnier comme premier ministre. Mais suite à notre déculotté des européennes nous devons faire profil bas et engager une grande introspection.
Je ne parlerais pas d’entrisme de LFI comme j’ai pu lire à certain endroit, cependant il faut affirmer nos positions pour ne pas que des militant LFI ou des électeurs intéressés puissent croire que nous sommes solubles dans leurs revendications.
Je suis désolé d’avoir réagi à la hâte en voyant le CP. Je ne brûlerai pas ma carte (virtuelle) du parti ni ma carte d’électeur, mais si le parti pirate ne suit plus l’orientation qui m’a fait le rejoindre, alors il sera temps que nos chemins se séparent sans plus de remous.
En 5 ans ici j’ai appris beaucoup, participé quand j’ai pu, et été fier de porter des idées nouvelles dans ce paysage politique désolé, et désolant, en tant que candidat de deux élections.
N’oublions pas que ce qui fait la force du Parti Pirate c’est aussi la pluralité de ses membres, de nos avis, et notre capacité à discuter. Alors discutons, et faisons émerger de ça une voix qui ne sera pas un écho de plus dans le brouhaha de l’attention.