Je vais pas faire semblant en noyant ça dans un tas d’arguments : je suis contre une collectivisation de l’héritage au-delà d’un certain seuil (parce c’est ce dont il s’agit).
Outre le fait que ça va à l’encontre de mon intérêt personnel (soyons transparent), il existe plusieurs arguments juridiques qui s’oppose à ce mécanisme.
En effet, un taxation à 100% d’une partie de l’héritage au-delà de 100.000€ s’apparente à une expropriation. Il ne s’agit ni plus ni moins qu’une « confiscation » d’une partie du patrimoine d’une personne par l’État, or l’expropriation est régie par un certain nombre de règle dont l’une est compris dans la Constitution. Ainsi, dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, il est disposé que :
Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.
Outre cet obstacle de droit interne, il y a également un protection conventionnelle de la propriété privée au travers de la Convention européenne des droits de l’Homme.
D’un point de vue plus pratico-pratique, la taxation des successions reposent sur une échelle progressive. Vous trouverez plus de détails sur la page Service-Public dédiée. Il est possible d’affiner la taxation pour arriver à des montants plus que convenable en terme de redistribution sans pour autant donner l’impression aux héritiers de voir le patrimoine familiale confisqué.
Il y a aussi tout le système d’abattements à étudier et qui peut constituer une piste intéressante de rééquilibrage des prélèvements. Actuellement, avec 100.000€ de part successoral, on ne paie pas de frais de succession.
Il faut également prendre en compte la transmission anticipée du patrimoine (donation avec ou sans démembrement de la propriété, montage de SCI…). En effet, pour les propriétaires fonciers, le plus gros de la transmission se fait au moins 10 à 15 ans avant le décès de la personne. L’objectif étant bien entendu de limiter les frais de succession mais qui entraîne aussi une fausse transmission du patrimoine et des revenus qui y sont attachés.
Une piste avait été envisagée : la transmission transgénérationnelle. Avec l’allongement de la durée de vie, on devient héritier de plus en plus tard (vers 60/65 ans en moyenne, de mémoire). Or, à cet âge là, on a pu déjà se constituer un patrimoine. Le phénomène d’accumulation s’explique aussi par ce phénomène démographique. Il serait intéressant de se pencher sur la possibilité de sauter une génération pour la transmission du patrimoine à la génération g+1, ce qui entrainerait une redistribution du patrimoine plus intéressante sur des ménages avec un pouvoir d’achat plus faible.
Enfin, il faut prendre en compte l’effet économique d’une telle mesure. En effet, on oublie trop souvent que les propriétaires mettent en location leur bien (on ne peut/veut pas tous être propriétaire), et que les sommes perçues dans le cadre d’un héritage sont souvent réinvesties (travaux, consommation de bien à forte valeur ajoutée, transmission à la génération suivante…).
Edit : n’hésitez pas à faire mumuse avec le simulateur : Simulateur - Estimer des droits de succession - service-public.fr