Bonjour,
La partie brevets du programme reprend à mon sens de nombreux contre-sens, notamment sur le droit existant du code la Propriété Intellectuelle.
L’INPI a des explications assez didactique sur le sujet:
https://www.inpi.fr/fr/comprendre-la-propriete-intellectuelle/le-brevet
Dans le détail, les points qui m’ont le plus choqués:
« Les universités et les instituts de recherche devraient pouvoir mener des recherches scientifiques dans les domaines de la santé et de la médecine sans être gênés par des brevets. »
→ La recherche est libre et n’est aucunement gênée par les brevets (il n’y a pas possibilité d’opposer un brevet à une recherche) Cette proposition est déjà intégrée dans le droit des brevets.
Par contre, si la recherche aboutit à une invention commercialisable sur la base d’un brevet existant, le brevet existant s’applique bien entendu et « gêne » non pas la recherche mais la commercialisation des produits de cette recherche.
« Des brevets ne devraient jamais être accordés pour des «inventions» triviales, mineures, des programmes informatiques, des modèles commerciaux ou des œuvres de la nature. »
→ C’est déjà le cas. Les programmes informatiques pour l’Europe, les modèles commerciaux et les oeuvres de la nature pour le Monde. Cette proposition est donc déjà intégrée dans le droit des brevets.
→ Un brevet doit être une solution technique à un problème technique, et doit également être nouveau, impliquer une activité inventive et être susceptible d’application industrielle.
activité inventive == non triviales. oeuvre de la nature == pas une solution technique à un problème technique.
Pour donner un exemple sur la base d’une histoire vraie: Si on découvre un nouveau principe actif dans une plante (le taxol par exemple dans l’écorce de l’if du Pacifique), on ne peut pas breveter le principe actif (== oeuvre de la nature). On peut protéger par contre les méthodes d’extraction du principe actif, les dérivés non naturels (taxotère) et où les méthode de synthèse (hémisynthèse du taxol TAXOL ET TAXOTÈRE, Hémisynthèse du taxol et découverte du taxotère - Encyclopædia Universalis)
« L’innovation doit être rémunérée équitablement » => comment si il n’y a pas les brevets??
« Le droit des brevets doit être réformé ou remplacé par une approche qui permette des marchés plus libres et plus équitables au lieu de continuer à freiner l’innovation. » → ça existait avant les brevets et ça existe toujours, c’est le savoir-faire secret. La pratique montre qu’un secret freine bien plus efficacement l’innovation que le partage des connaissances via la divulgation d’un brevet.
« Les monopoles sur les plantes et les semences » → De quel monopole parle-t-on?? Des sociétés sont spécialisées dans la création de semence. Les semences qu’elle crée sont protégées (par un COV ou par une méthode de synthèse brevetable) mais nul n’est forcé de les utiliser. Si on veut les utiliser, par contre, on rémunère leurs inventeurs. Il n’y a pas de monopole dans le sens où il y a concurrence entre plusieurs sociétés (grosses et petites) et une liberté de choix entre se fournir chez les uns ou chez les autres ou même chez aucun (semences libres).
A votre disposition pour en discuter plus avant.
Bien amicalement,
Sylvain Goiran