Bonjour Relf,
La formulation évasive de l’objet de cette concertation refléte à mon sens le flou ambiant sur les questions ayant traits aux mutations sociétales de manière générale: On pose la question de savoir si les changements auront lieu dans un avenir indistinct et insondable qui n’ose pas s’affirmer. Pour présenter la thématique je commencerai par enlever le point d’interrogation de la formulation, en développant l’idée selon laquelle le renouvellement démocratique est plus qu’un enjeux actuel, il est un nécessité. J’entamerai la présentation par un diagnostic des limites de la démocratie actuelle afin de démontrer la pertinence des propositions pirates en la matière. Au registre des limites de la démocratie actuelle, deux points en particulier retiennent mon attention, que je développent dans un livre en cours d’écriture: La “normalisation” des représentations collectives et le défaut d’implication citoyenne, qui a des causes essentiellement structurelles et culturelles.
Pour résumer, j’opterai pour un plan simple en deux parties (étant donné le temps court) :
- Constat d’échec multi-factoriel du fonctionnement des démocraties actuelles-→ Le renouveau est impératif.
→ Le PP propose de modifier le fonctionner de la démocratie en remédiant aux limites évoquées. Présentation de la démocratie liquide étendue.
Constat symptomatique : Notre démocratie a insufflée dans la société l’idée aussi répandue qu’erronée selon laquelle ce qui est “normal”, cad conforme à la norme, est nécessairement “bien” ou “juste”. “C’est normal”/“C’est pas normal” sont des appréciations qui sanctionnent des idées ou des comportements en optant pour une comparaison à la norme (conception subjective mais révélatrice de la pregnance de la sacro-sainte norme) qui vaut comme repère de validation essentiel. Je relie ça à ce que Tocqueville appelle “l’esprit démocratique”, qui se pervertit dans sa forme baptisée “la tyrannie de la majorité”: La démocratie actuelle se fonde sur l’idée selon laquelle “le plus grand nombre a raison”, le choix de la majorité devient celui de tous en validant une orientation qui s’érige, de fait, en norme. Il y a un biais dans les représentations collectives pour que ce choix collectif soit finalement assimilé à un bien nécessaire. Je questionne d’emblée cette posture puisqu’à mon sens l’avis du plus grand nombre a le mérite d’harmoniser la variété d’avis qui se trouve dans la société, mais il ne me semble pas de nature à “tirer vers le haut la société”. Cas d’écoles: les référedums européens français (sur la constitution européenne) et anglais (brexit) n’illustrent-ils pas les limites d’une démocratie qui convoque des avis individuels non qualifiés pour appréhender des questions d’ampleur?
Sans rentrer dans le débat de fond sur ces questions, il se prouve aisément que le citoyen “normal”, “moyen” ou “lambda” n’a que peu de moyens de saisir l’ampleur et les aspects de ce sur quoi il est amené à s’exprimer. Dans cette situation les choix se font en se ralliant aux avis bas-de-gamme des figures politiques en vogue qui sauront résumer en une ou deux phrases un minuscule avis sur ce qui n’est jamais qu’un aspect de la question posée. Les politiques ont limité les débats à un choix pour ou contre l’europe, pour ou contre l’ingérence, alors que les enjeux dépassaient de beaucoup cette question. En somme, on a convoqué a raison l’ensemble des citoyens à se prononcer sur des questions qui les incluaient au premier chef, mais il s’agissait de questions requérant des niveaux d’expertise rares en société. Le plus grand nombre n’a pas forcément raison, puisqu’il n’est pas toujours à même de comprendre les questions sociétales.
On n’oublie trop que la démocratie a permis aux nazis d’accéder au pouvoir… L’avis du plus grand nombre, constitutif de “l’avis normal” n’est ni juste ni bien a priori. L’esprit démocratique a pénétré la société au point de s’entendre asséner fréquemment cette question réthorique: “Tu crois que c’est normal de faire X?”, le locuteur invoque la validation du plus grand nombre. La norme est confondue par les masses avec lu Juste et le Bien (cf La République de Platon pour reprendre les choses à la base, perversion de la démocratie déjà soulevée par l’auteur).
Ce concept que je propose de “normalisation de la société” est en cours d’étude et d’approfondissement pour se définir d’une manière moins symptomatique. Pour l’heure je remarque sa présence prévalente dans les discours ambiants, ce qui est “normal” pour quelqu’un ne se discute pas en général, alors que, par définition, la norme n’est qu’une forme de moyenne. La moyenne prend toutes les valeurs impliquées et en tire une seule valeur… moyenne. Cette valeur écréte les points de vue “divergents” voire “déviants” qui se voient exclus de la “normalité” que semblent désirer tant de gens, à mon grand étonnement. Qui veut être “normal” ? Pas moi en tout cas…
Voici pour une première partie qui ferait état de certaines limites de la démocratie à l’heure actuelle, cela permet d’affirmer que “le renouveau démocratique” est une nécessité, et j’embrayerai ensuite sur un exposé de la proposition pirate de “démocratie liquide”. J’accentuerais l’importance de la responsabilisation des citoyens dans un contexte de redéfinition des modalités d’implication dans la vie de la cité. La “démocratie liquide” valorise l’expertise individuelle en redistribuant à tous la possibilité de se déclarer compétent dans un champ défini pour proposer cette expertise au collectif, ce qui permettrait des prises de décisions plus lucides sur plusieurs niveaux.
Voilà, si besoin d’explications complémentaires n’hésite pas !
Bien à toi,
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