Le Parti Pirate est-il trop?

Bonjour bonjour, je m’excuse d’avance, ça risque d’être un peu long, mais j’ai besoin de partager mes réflexions.

Je me permets de repartir de discussions évoquées sur discord à propos du fonctionnement du Parti Pirate dans un cadre électoraliste, les tensions qu’il peut exister vis à vis de désaccords politiques versus l’idéal que nous envisageons de notre fonctionnement démocratique. Pour moi ces questionnements rejoignent également d’autres questions tenant par exemple à la taille du Parti Pirate ou encore au rôle de camarade des pirates.

J’ai parfois l’impression qu’on essaye de remplir pleins d’objectifs et je me demande si ces objectifs ne sont pas en parti contradictoires.

Le Parti Pirate en tant que Parti

Le Parti Pirate est, comme son nom l’indique un parti politique, et le but d’un parti politique est de participer à la vie politique, d’obtenir des élus. Bien que notre idéal nous amène parfois à vouloir nous différencier largement des autres partis politiques, notamment de la gauche à la française, il faut se rendre à l’évidence que les seules élections qui nous amènent à progresser politiquement, dans le sens où nous obtenons des élus, sont les élections municipales. Ces élections nous amènent des élus pirates directement ou indirectement grâce aux actions de communication de nos élus. Cela semble beaucoup plus difficile pour les autres élections desquelles nous sommes relativement éloignés j’ai l’impression, notamment en terme de contact politique, de capacité à créer des alliances.

Peut-être sommes nous trop dans la recherche de pureté à cet égard. Peut-être nous faut-il avoir une posture plus électoraliste dans un premier temps, négocier des places par ci par là, dés que c’est possible afin aussi d’obtenir une légitimité par la suite.

Peut-être que cette volonté de différenciation vis à vis des autres partis doit aussi passer par autre chose que la manière de se présenter, en tant qu’indépendants, pour rester « pur ».

Je pense qu’il est tout à fait possible de jouer le jeu politique tout en gardant un esprit pirate. Ce n’est finalement pas très compliqué, avec un peu de transparence, de respect pour la fonction, on devient vite emmerdant.
C’est ce que Nixe évoquait quand elle se désignait, en tant qu’élu pirate, comme du poile à gratter pour les autres élus, durant l’interview à Besançon. Notre probité, notre sensibilité aux questions de transparence de la vie publique, d’anti-corruption, de démocratie, sont, je pense, largement suffisant à nous démarquer, sans avoir à mettre en avant des poins programmatiques révolutionnaires.

On peut le voir encore dans les élections législatives actuelles, la bataille est une bataille de communication et d’image, et je pense qu’on a une très belle image à montrer. Je pense aussi qu’il est très difficile de porter un programme quand tout l’environnement ne met pas ça en avant. Il n’y a qu’à regarder les titres des articles qui ont été produit pour nous, ce qui sort c’est une petite formule sympa qui fait écho à un positionnement général. Peut-être qu’il faut arrêter de se battre pour défendre des points programmatiques et accepter ce jeu du bon mot (je pense au ré-armement démocratique de thomas c’est ça ? ).

Le Parti Pirate en tant qu’expérience démocratique

Un certains nombre de personnes sont au Parti Pirate pour ça, pour ce qu’on test et ce qu’on adopte. C’est aussi comme ça que nous voient un certains nombre d’élus, je pense notamment à une député dont j’ai oublié le nom, qui, il y a quelques temps, nous avait donné un peu de sous.

Je pense que c’est une de nos forces pour rassembler, ça casse le caractère dogmatique qui peut se retrouver dans certains partis sur des questions bien spécifiques. Au vu de la vie de notre programme et de nos règles de fonctionnement interne (sur lesquelles on passe énormément de temps), c’est un point fort mais qui peut créer des frustrations, simplement parce qu’une organisation démocratique n’empêche pas le conflit, ni le développements de normes internes.

On attire aussi des gens avec des compétences et connaissances extrêmement pointues sur la questions et cela génère des discussions extrêmement intéressantes.

Il ne faut pas oublier que, arriver pour l’expérience démocratique et venir à se poser des questions sur des sujets aussi varié que le logement, le travail du sexe, le nucléaire, c’est aussi une forme de formation à la vie politique et citoyenne. En cela, je pense personnellement qu’on exerce une mission de service publique.

Mais au vu de toute l’énergie qu’on met dans ce fonctionnement léché, ne perd on pas cette énergie pour la mettre ailleurs, comme dans les élections ? Je pense notamment à des gens qui seront partant pour être candidats pirates, parce que les idées leur plaisent mais n’ont pas du tout envie de participer à de nouvelles formes de démocratie, voter tous les mois, défendre un fonctionnement avec des conseils plutôt qu’un bureau exécutif etc…

Peut-être que, en se concentrant beaucoup sur notre fonctionnement et sur l’exercice de la démocratie, nous oublions cette base militante qui au fond demande à être accompagné en période d’élection, et c’est tout. Je pense que cette réflexion va au delà de simplement rendre plus accessible les outils, ou mieux accompagner à l’arrivée. Pour certains, une boucle signal est amplement suffisante comme lien avec le parti et il faut l’accepter.

Le Parti Pirate en tant que communauté

Pour un certains nombre d’entre nous, dont je fais partis, arriver au Parti Pirate a été une bouffée d’air frais, par la grand accessibilité aux différents organes du Parti notamment. Est-ce que vous connaissez un parti dans lequel quand vous entrez vous êtes directement en contact avec les têtes de liste ? les membres représentant légalement le parti ?

Cette aspect là et la relative homogénéité idéologique qui règnent sur certains fondamentaux (le code des pirates) fait que ça m’a personnellement rassuré sur mes positionnements politiques et sur mes valeurs. En quelques mots, je me suis sentie beaucoup moins seul.

J’ai développé des amitiés, des personnes qui se sont beaucoup investis, puis qui sont partis, pour différentes raisons, que ce soit lié au fonctionnement interne, aux parcours de vie, à des conflits, de personnes ou politiques. Bien qu’il soit tout à fait normal que des personnes partent, je trouve dommage de ne pas avoir réussi à conserver ces éléments de désaccords.

Je me dis que peut-être, en tranchant sur certains sujets programmatiques ou de fonctionnement interne on en vient à perdre des gens qui auraient tout à fait pu rester si le cadre de rassemblement avait été plus large, si nous n’étions pas contraint par cette forme qu’est le parti politique qui doit énoncer publiquement des positionnements régulièrement.

Est-ce qu’on aurait pas intérêt à vouloir développer une communauté pirate au sens large, qui se rassemble simplement autour de valeurs fondamentales, qui soit aussi en réseau de solidarités ?

Le Parti Pirate en tant que Think Tank / Lobbyiste

Enfin, il y a un bout de ce qui m’intéresse le plus et ce qui m’intéressera pendant longtemps, bosser sur des points programmes, analyser en profondeur des problématiques très diverses. Même si notre programme est loin d’être parfait, je suis assez fier de ce qu’on fait côté programme, ou en tout cas, de la manière dont on le fait. On attend pas une élection pour faire pondre des points flous par une cohorte de militants, c’est un travail de fond satisfaisant intellectuellement (en tout cas me concernant).

Mais comme pour le reste, ce travail prend énormément de temps. On retrouve régulièrement certaines critiques sur les points programmes proposés, pas assez fouillés, pas assez complet. Et en effet, tout système humain étant un système complexe il est toujours relativement difficile de faire le tour d’une question et d’en pondre des solutions faciles. Il n’y a qu’à aller regarder des rapports effectués par des comités d’experts sur tel ou tel sujet, par exemple celui effectué par le haut conseil pour le climat sur l’agriculture. Je vous met au défis d’aller y trouver des mesures chiffrées et concrètes. C’est un rapport très complet de 168 pages, mais qui peine à proposer quoi que ce soit d’utilisable je trouve.

Mais peut-être que sur cette question, on manque de structures proposant des idées qu’il ne nous resterait plus qu’à adopter, ou alors de structures qui défendraient les idées qu’on porte sous un autre format, en publiant des rapports, en créant des propositions de loi, en postant des pétitions.

Faut-il continuer de tout faire ou non ?

Ma grande question c’est : peut-on se permettre de continuer à tout faire ? Doit-on abandonner un de ces champs pour être plus efficace dans le reste des champs ?

Faut-il créer un think tank pirate et arrêter de produire des points programmes comme on le fait, mais adopter des choses déjà construites ?

Faut-il créer une autre organisation, un mouvement pirate, avec quelques canaux d’échanges virtuels, qui serait en capacité de se concentrer sur l’animation militante et le rassemblement ?

Je n’ai personnellement pas de réponse à cette question, mais je suis curieux de lire ce que vous en pensez.

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Merci @Bibo

C’est très intéressant de lire tes pensées et réflexions sur le sujet.

Je pense que découper le parti pirate ainsi est la bonne approche car il y a beaucoup de confusions sur l’esprit du parti, ses idées, ce qu’on veut en faire etc …

Je vais suivre un peu ton format pour donner mon avis.

Le Parti Pirate en tant que parti politique

Un parti selon le Larousse c’est ça : « Organisation structurée dont les membres mènent une action collective dans la société aux fins de réaliser un programme politique. »

Il y a plusieurs moyens pour obtenir la réalisation d’un programme politique mais puisque nous jouons le jeu des élections depuis plus d’une décennie, je pense qu’on peut dire sereinement que nous sommes un parti réformiste. Ayant pour objectif l’application de notre programme via des élus.

Donc une fois qu’on a dit ça, l’objectif va être de gagner des élus c’est ce qui je pense doit animer notre parti dans nos réflexions stratégiques en vue des périodes d’élections.

Je vois difficilement à quoi sert un parti politique si il n’a pas pour objectif d’avoir des élus. Il existe les partis révolutionnaires de gauche qui se présentent mais eux ne sont pas dans des stratégies visant à devenir élus. Le temps électoral est juste un moment pour eux sur lequel ils peuvent déployer des efforts pour donner de la visibilité à leurs idées.

En conclusion de ce point, nous sommes un parti pour moi tout ce qu’il y a de plus traditionnel.

Le Parti Pirate en tant qu’expérience méta-politique de démocratie liquide/délégative

Notre parti a donc pour objectif de gagner des élus, mais nous avons une façon de travailler assez unique quand même. Je pense en effet que notre horizontalité nous fait perdre en efficacité, surtout en temps d’élection. C’est normal, un tyran (ou un coordinateur de campagne) éclairé sera toujours plus efficace qu’un groupe qui doit convoquer, se concerter, débattre, émettre des avis puis décider.

Mais au final est-ce que c’est grave ? On se met peut être des bâtons dans les roues mais pour moi d’avoir à la fois l’envie de gagner des élections avec un système de démocratie interne c’est ce qui fait tout le sel de notre parti. De notre identité commune. Je pense qu’on doit garder cela, cela ne m’intéresserait pas de travailler dans un parti traditionnel même si il avait des chances plus élevées d’avoir des élus.

Le Parti Pirate en tant que Communauté

Une fois qu’on a dit tout ça, je tiens à dire ce qui me fait rester dans la bataille c’est que ce parti réussit à agglomérer une diversité très étonnante de gens, de profils etc …

Certes, on retrouve beaucoup d’informaticiens et autres libristes (zinzins à différents degrés) mais on a réussit à toucher un peu en dehors de notre sphère électorale habituelle pour avoir un panorama intéressant d’adhérents.

Il y a un vrai truc qui nous anime collectivement et je pense qu’on peut le dire suite au petit test que beaucoup de monde ont réalisés sur le topic du positionnement politique du parti pirate, c’est le côté libertaire en opposition avec l’autoritarisme vertical qui semble nous rassembler.

Ça c’est notre facteur différentiation dans l’offre politique actuelle ainsi que notre identité commune en tant que militants.

Je pense que ce qui nous unit c’est pas juste le programme, c’est des affects, des intuitions sur comment le monde politique doit être mené.

« La démocratie c’est bien quand c’est moi qui gagne »

Malgré cela, on a pu observer sur le vote de notre décision sur les législatives, une véritable désunion entre certains de nos membres. Au prix d’un vote assez clivant où certains de nos pirates ne se sont pas sentis reconnus par un vote historique à l’échelle de notre parti. Plus de 200 personnes ont votés. Environ la moitié de nos membres.

Là où je rejoint Bibo c’est que notre démocratie interne, nous fait peut être perdre des gens qui resteraient si on était dans un flou total dans nos positions officielles, en renvoyant chacun à ses responsabilités personnelles.

Pourquoi pas ? Mais je pense que dans une stratégie « électoraliste » (comprenez ici, nous placer dans le paysage politique français pour obtenir des élus.) il faut que l’objet Parti Pirate, prenne des positions au lieu de flotter dans un espèce de monde sans gauche, ni droite, sans clivages, sans idéologie (un monde qui n’existe pas en somme.).

Si cela mène à des départs, c’est dommage mais c’est aussi l’esprit de démocratie de reconnaître quand on est mis en minorité. On essaye de mettre en place un système qu’on voudrait imposer à notre pays.

Est-ce que dès qu’une loi est votée au parlement Français que vous n’approuvez pas à 100% vous quittez le pays ? Non, vous luttez, vous militez, vous vous plaignez, vous râlez, vous argumentez. Vous faites l’opposition. Et ça au parti pirate, je suis pas sûr qu’on ait une opposition car partir est plus simple que construire une opposition. Construire c’est du long terme et c’est pas simple.

Et c’est en écrivant ces lignes que je me rends compte que je comprends finalement ces propos de Geoffroy de Lagasnerie sur la démocratie interne : https://www.youtube.com/watch?v=8HKClRYnEZc

Lui il défend l’absence de démocratie interne, car un parti on y adhère, on embrasse ses valeurs, contrairement à un pays où on naît, où on a pas le choix de se soustraire aux règles.

Là dessus, j’aimerai pouvoir lui dire, non on va pouvoir réussir à créer un parti où on demande justement aux gens de s’opposer cordialement. C’est peut être un pari un peu fou mais on verra.

Malgré cela il y a le constat qu’en effet, des gens n’acceptent pas de jouer le jeu en tant qu’opposition. Je ne leur en veut pas. « C’est dur de dire non je suis contre. » quand on est mis en minorité. Je pense cependant qu’un vrai pirate doit accepter le jeu démocratique.

On ne demande pas aux pirates d’embrasser tout notre programme de manière autoritaire mais simplement le code. Les pirates sont libres de penser ce qu’ils veulent. Mais le Parti Pirate est un objet politique collectif qui selon moi n’a pas à embrasser 100% de vos avis. C’est impossible de toute manière.

Je pense que la nuance est là.

Le programme est liquide, il peut bouger, il est à notre image, avec nos centres d’intérêts du moment.

Le code lui est notre ADN. Code is law.

Le Parti Pirate en tant que Lobby/Association

Là je pense que c’est une identité qu’on doit écarter de la marque « Parti Pirate » comme le fait très bien l’équipage Plaidoyer avec le Bulletin unique et peut être le futur Ministère NRV.

Si nous décidions collectivement de ne plus concourir aux élections avec une stratégie d’obtenir des élus, il serait alors pertinent dans ce cas de nous tourner vers l’idée d’imposer nos idées via du plaidoyer comme le fait la quadrature (de manière plus ou moins efficace) pour imposer notre programme politique. C’est tout ce que j’ai à dire sur cette facette qui ne m’intéresse pas non plus énormément.

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Pour résumer, pour toi il faut continuer de tout faire ?

Oui pour tout sauf le lobbying qu’on peut laisser à un autre collectif.

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Merci pour les reflexion @Bibo, c’est très enrichissant à lire et ça amène beaucoup de reflexion.

Je vais suivre un peu le même format de réponse que @Dunk pour donner mon avis également sur le sujet :

Le Parti Pirate en tant que parti politique

J’adhère à l’idée qu’un parti politique doit verser, au moins un peu, dans l’électoralisme et le militantisme. Le but même d’un parti politique est d’avancer, et de propager des idées/idéaux politiques dans le but de gagner des élus politiques afin d’essayer de réaliser le programme issu et défini sur la base de ces idées/idéaux.

Je rejoins @Dunk sur le fait qu’un parti politique qui n’a pas l’objectif d’obtenir des élus pour réaliser le programme qui l’anime n’a pas de fondement réel. Autant être un simple think tank, ou un groupe de reflexion dans ce cas.

Pour moi donc, le Parti Pirates est un parti au même titre que tous les autres du paysage politique français.

La seule différence que je puisse observer à date et la fluidité de son programme politique en fonction de ses membres. Aujourd’hui, le Parti Pirate est, selon la volonté de ses membres, situé sur la gauche de l’échiquier politique, mais si demain une majorité de membres votait pour un positionnement ainsi que des points de programme plus à droite, la position du parti serait, de facto, repositionnée en conséquence.

Le Parti Pirate en tant qu’expérience méta-politique de démocratie liquide/interne

Je rejoins de nouveau les avis énoncés. Le Parti Pirate possède un fonctionnement interne que je trouve assez singulier, pour faire écho à ce que j’ai énoncé précédemment sur la fluidité de son programme.

De fait, et c’est une certitude et une excellente chose également, certains membres ayant un positionnement politique qui peut entrer en conflit avec les décisions et le programme votés par l’ensemble des membres du Parti. Mais ce n’est pas une mauvaise chose non plus. Les débats alimentés par ces opposition peuvent permettre :

  1. De mettre en lumière les propres limites des décisions votées
  2. D’ébranler certaines certitudes voir préjugés qui nous animent en tant que personne
  3. D’établir de nouveaux points de programmes, voire d’étayer certains points clivants

Toutes ces conséquences (et je suis loin d’être exhaustif je pense) sont très saines. Tant que cela reste dans le respect mutuel et le respect de la décision finale des membres votants.

Pour autant, l’exercice d’une telle démocratie horizontale possède ses propres limites également. Déjà, nous sommes beaucoup moins efficaces. Les décisions prises requièrent un long travail de fond en ce qui concerne l’argumentation des débats sous-jacents, la mise en place d’un vote, etc. Ce fonctionnement ne nous permet pas de réagir dans l’instant, particulièrement sur des sujets qui sont par essence conflictogènes (comme le positionnement global du parti ou dernièrement la participation ou non aux législatives 2024). De plus, aucune position globale (en dehors des restrictions établies par le code des pirates, comme le fait d’être absolument inclusif) du parti ne saurait être remise en question par un débat futur.

Mais est-ce dommageable ? J’ai personnellement la conviction que « y’a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ». Et l’exercice de la démocratie tel qu’il est effectué au sein du Parti Pirate est une excellente manière de mettre en lumière cet adage.

Partant de ce postulat, j’adhère foncièrement au fonctionnement même du Parti, et le trouve plus structurant de l’identité du parti que les idées qui ressortent des différents débats. En un sens, je me fiche bien des décisions prises, si tant est qu’elles respectent les différents points du code des pirates. C’est une identité propre qu’il faut conserver.

Et pour reprendre la petite phrase clivante, « la démocratie c’est bien mais que quand c’est moi qui gagne », c’est concrètement quelque chose que je vois comme presque antinomique avec l’ADN du parti pirate. Je m’explique:
Si la conception de la démocratie est « si la décision ne me convient pas, je pars, ou je tombe dans une espèce d’opposition formelle et systématique », c’est que de base je n’avais rien à faire ici. En revanche, si on réfléchit plutôt à cela comme « si la décision prise ne me convient pas, je vais tout faire pour montrer pourquoi selon moi elle n’est pas bonne, en prenant le temps également d’écouter les arguments avancés en face pour construire quelque chose qui sera mieux », alors j’ai toute ma place dans le Parti.

Le PP comme lobby/association

Ce point est très particulier et je pense qu’il mérite une attention particulière. Parce que c’est un point qui me plaît particulièrement. Si l’ADN du parti est de fournir des débats construits, sourcés et pertinents, la dénomination de Think Tank est de rigueur, au moins pour cet aspect. Pour autant, je considère que, si lobby/Think Tank il doit y avoir, il doit être différencié de l’entité Parti Pirate. Le PP a pour vocation de faire valoir son programme et son fonctionnement interne comme idéal politique. Mais les idées, sources, débats et autres rapports etc peuvent être (et, à mon avis, doivent être) diffusés sous une autre bannière. Cela a un double intérêt:

  • Déjà, cela permet de diffuser des idées et des mesures sans l’étiquette de parti. Cela donne plus de poids et enlève le biais « oui mais c’est militant c’est pas objectif »
  • Deuxièmement, cela permet également de faire valoir le travail de fond effectué par les membres du PP et/ou du Think Tank en question dans d’autres structures, valorisation qui pourrait permettre l’adoption de certains points par d’autres partis d’une part, mais également de ramener certains électeurs dans le giron du PP grâce à ce genre de travail de fond. C’est notamment ce qui m’a moi amené à adhérer au PP, avant même son fonctionnement interne de démocratie liquide.

Finalement, je pense qu’il faut continuer a exercer comme le fait actuellement le PP, avec une différenciation que je verrai comme salutaire du travail fourni par les membres pour sourcer les différents points figurants au programme ou soumis au vote des Pirates. Dans mon esprit, le workflow deviendrait donc le suivant :

  1. Think Tank : Travail de fond sur certaines problématiques particulières, éditions de rapports objectifs, état des solutions, éditions de synthèses à destination du public et/ou des politiques de tous bords. J’insiste sur l’objectivité du travail dans l’esprit que j’ai de ce fameux Think Tank hypothétique.
  2. Débats + décision dans le PP sur la base de ces rapports + les différentes limites identifiées par les membres du PP. Le fonctionnement global du parti reste le même dans cet esprit, simplement les premiers arguments objectifs proviennent du supposé rapport sur la question formé par le TT. De la même manière, j’imagine que le parti pourrait solliciter le TT sur une question particulière pour fournir un travail de fond.
  3. Bis, diffusion et lobbying dans les différents organes politiques pour faire valoir à la fois le travail du TT Pirate et le fonctionnement du PP sur cette base, à des fins de « propagande » non pas électorale mais sur la diffusion des idées et des connaissances recueillies
  4. Le PP se concentre uniquement sur les questions électorales, càd voter les points programmes conformément au fonctionnement et les promouvoir dans une véritable propagande électorale, avec pour finalité l’obtention d’élus locaux ou non.

En ce sens, le PP peut se concentrer sur son objectif électoral et déléguer la fonction de lobbying à un collectif différencié, mais il faut que ce dernier soit particulièrement bien choisi. Certains collectifs existent déjà sur certains points, comme le GIEC sur le climat, mais l’objectif tel que je l’imagine est d’avoir un collectif qui permettent de répondre à une variété très large de sujets.

En conclusion (TL;DR)

Pour moi le PP doit pouvoir continuer de fonctionner tel qu’actuellement, dans son fonctionnement de parti politique. La seule différence que je pourrais formuler est : la constitution d’un collectif autre, responsable de la partie qu’on pourrait appeler lobbying et recherche. Ce collectif devrait pouvoir servir de base à la constitution des points programme du PP, tout en conservant le fonctionnement interne du PP. Les deux devraient pouvoir fonctionner en une espèce de symbiose: Le TT produit des rapports sur des sujets qui alimentent les débats du PP qui à leur tours mettent en lumière les limites du rapport TT qui retravaille ses points sur cette base, qui réalimente alors les débats du PP, etc.
Ce qui permet également de diffuser des conclusions, perspectives et bases de travail à tout un panel d’entités autres que le PP sur la base du travail Pirate, et de nous faire connaître par un autre biais que le militantisme.

J’espère que j’ai été clair, et pas trop long :sweat_smile:

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Pour continuer un peu cette réflexion, je me dis qu’un mouvement qui rassemblerait au delà du parti pourrait être intéressant. Personnellement je suis aussi attaché à notre expérimentation démocratique. Et je me vois mal, si le Parti Pirate changeait, recréer une structure de ce type. Ce qu’il me semble beaucoup plus facile à créer cependant c’est une sorte de « mouvement » qui rassemble au delà du Parti Pirate.

Ce mouvement pourrait par exemple défendre des versions un peu light de certains de nos points programme pour gagner en visibilité, en facilité la com. Le Parti Pirate deviendrait ainsi un mélange d’expérimentation démocratique et de think tank mais aurait toujours vocation à obtenir des élus (de la même manière que les partis qui composent la LFI ont toujours des élus). C’est simplement l’affichage qui change.

J’ai créé un truc rapide pour donner une idée de ce que l’organisation de ce mouvement pourrait donner. Le nom provient d’une idée de feu @Macavity, j’ai ensuite agrémenté, c’est un peu le bordel, des fois y a du texte qui correspond à moitié, des fois y a rien, des fois y a des liens vers le site du PP, faites par trop attention :

Pour moi ce qui est important c’est que ce ne soit pas trop long, que les mesures ne soient pas trop loufoques, et surtout qu’elles raisonnent pour de potentielles alliances.
Pour le mouvement ce qu’on veut c’est beaucoup de gens, donc une adhésion gratuite par exemple, que ça se répande, un fonctionnement simplifié avec un bureau exécutif qui choisit ses outils, ses candidats, et voilà.

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