On m’a récemment posé la question de savoir quelle est la position du Parti Pirate sur ce sujet, et je n’ai pas le souvenir que l’on en ai discuté. Du coup, j’ouvre le débat, en sachant que moi-même je n’arrive pas à me positionner. Du coup, argumentez si vous le voulez…
En tant que parent d’enfants, bientôt au collège, je souhaite qu’ils puissent avoir un portable sur eux, même éteint, dans l’enceinte du bâtiment.
Pour les joindre en cas d’urgence (si ils ont une plage pour l’allumer), ou pour qu’ils puissent me joindre en cas de pb.
Étant salarié de l’EN depuis maintenant 2 ans et travaillant justement au sein du SSFE sur les thématiques liées aux dangers auxquels sont confrontés les ados (surtout les collégiens âgés de 10 à 15 ans), l’usage du portable n’est pas nécessaires pendant les temps de cours, ils peuvent même être une source de distraction. Concernant les temps hors cours (récréation, intercours, pause déjeuner) l’omniprésence du téléphone peut devenir un frein aux interactions sociales, il ne faut pas oublier qu’un établissement scolaire n’est pas qu’un lieu d’apprentissage mais également un lieu de socialisation. Les ados peuvent parfaitement utiliser leur téléphone et aller sur les réseaux sociaux une fois qu’ils ont quitté l’établissement (petit rappel : dans le cadre de RGPD de 2018 les moins de 13 ans ne peuvent être inscrits sur les réseaux sociaux sans l’accord de leurs parents (en théorie…), et que la majorité numérique a été fixée à 15 ans depuis le 07/07/2023).
Une « urgence » aux yeux de l’EN c’est lorsque la vie de l’élève est mise en danger. Si l’élève est blessé par exemple, ce n’est pas l’élève qui va appeler ses parents pour l’emmener aux urgences. L’EN a des protocoles, appel au 15 même en cas de doutes ou absences de l’infirmière scolaire pour évaluation et éventuellement transport de l’élève aux urgences par ambulance si nécessaire, les parents sont prévenus ensuite que leur enfant a été envoyé à l’hôpital.
Ayant été élève au collège entre 2012 et 2016, j’ai vécu deux situations :
La 6ème et la 5ème sans téléphone portable (parce que je n’en avais pas )
mais dans le collège où je me trouvais il y avait une cabine téléphonique : vive le PCV.
Et ma 4ème et ma 3ème avec un portable, éteint au fond du sac.
Un des grands soucis de l’interdiction totale dans les établissements :
Avec l’augmentation des coûts de ses appareils , qui est responsable de la mise en place de casier individuel pour mettre le téléphone pendant les cours ?
Et puis quelles règles appliquer dans les collèges lycées ?
Interdiction de l’usage oui pour moi, mais interdiction de l’introduction du portable dans l’établissement non.
de mémoire la question était plutôt sur les casiers non ?
pour moi les portables sont déjà interdits dans les collèges. si la question est de savoir si le collégien peut garder son appareil avec lui, je serais pour.
il ne l’utilise pas en classe, en classe de permanence aussi, ni dans la cour pendant les récréations ou les temps méridiens.
sur la demande des profs ou des surveillants, il peut l’utiliser en classe ou en perm’ (y a pas longtemps ils se faisaient des kahoot! en perm ça plaît beaucoup).
même avis que Val sur les interactions sociales.
par contre il y a un vrai sujet d’usage « contraint » avec Pronotes ou l’équivalent local, dont la consultation dans la journée peut être nécessaire. et là c’est ingérable par les adultes qui vont reprendre l’utilisation, parce qu’impossible d’aller voir des élèves un par un pour savoir pourquoi le téléphone est sorti. exemple en perm’ pour les quelques uns qui veulent y travailler, il faut négocier avec les surveillants pour qu’ils puissent aller voir leurs devoirs en cours.
je dis tout ça sans faire de généralité, c’est l’expérience de mes deux enfants dont un qui y est encore.
Pour moi ça peut faire sens si on fournit à tous les élèves :
- les moyens d’accéder aux outils numériques nécessaires à leur travail de collégien
- des moyens de contacter parents/proches sans avoir besoin de demander à un adulte
Ce ne sont plus des téléphones depuis bien longtemps, ce sont des ordinateurs qui deviennent obligatoires pour tout à un tas d’accès et de communications. On peut interdire, mais il faut compenser.
Sans considération pour le fond de la question, je vais raisonner en enforcement, c’est-à-dire comment faire appliquer une telle interdiction si elle devait être mise en place. Interdiction totale de l’appareil au sein de l’établissement ? Fouille des sacs ? Hors de question (vie privée, tout ça). Interdiction en cours ? C’est déjà le cas, à ma connaissance. Interdiction de le sortir dans les bâtiments ? C’était la règle quand j’étais au lycée (2007 - 2011), ça n’a jamais été appliqué. Même si on dit aux surveillants d’interpeler / sanctionner les contrevenants, les enfants / ados vont juste se planquer ou s’assurer qu’ils ne sont pas vus.
La vraie question, à mon sens, c’est pourquoi les gosses utilisent leur portable à l’école. Il peut y avoir l’addiction aux réseaux sociaux au sens large (j’inclus par exemple le fait de vouloir suivre des échanges sur des groupes WhatsApp à tout moment, par peur de rater un truc éventuellement). Cela peut aussi être par ennui, parce que le cours n’intéresse pas l’élève. Et là, smartphone ou pas, on va naturellement se tourner vers une source de distraction : discuter avec ses voisins, jouer (sur téléphone ou non), … En dehors des cours, il faut bien s’occuper aussi. À mon époque (mode vieux con activé), on jouait aux cartes dès qu’on avait 10 minutes.
Mais si les copains - copines sont pas là, parce que pas les mêmes horaires de cours, ben…
Aussi, ne soyons pas hypocrites : la plupart des adultes sont sur leur téléphone dès que c’est humainement possible. Pourquoi voudrait-on interdire aux ados de faire la même chose que nous ?
Peut-être pour justement les habituer et leur apprendre qu’il est possible de passer la journée sans leur portable ?
C’est « faites ce que je dis, pas ce que je fais ». Quand j’étais gosse, ce genre de comportement décrédibilisait à mes yeux les personnes qui s’y prêtaient. Bon, je suppose que la plupart des jeunes ne sont pas aussi casse-pieds que moi.
Si on parle de dépendance au téléphone portable, il y a des études qui vont dans ce sens:
Si la question est est-ce qu’il y a une différence de niveau entre les élèves, la réponse serait plutôt non:
Est-ce une chose grave? Je n’ai pas la réponse.
Au niveau méta analyse, il y a des corrélations entre addiction au téléphone portable et troubles mentaux comme depression, anxiété, problème de sommeil et autres:
Le sujet est vaste et complexe pour le coup.
Alors quand je parlais d’urgence, j’imaginais d’autres cas :
- J’ai oublié un cahier/ma carte de cantine pour staprem tu peux me l’emmener
- Je fini plus tôt, car un prof absent non remplacé, tu peux venir me chercher (oui j’habite à la campagne et pas de bus pour emmener les enfants au collège situé à 10 km de chez moi)
- Finalement, j’ai un imprévu, j’avais dit que je te cherchais, prends le car STP,
- Ya cet élève qui m’attend pour me casser la gueule à la sortie tu peux être la ?
Genre, si je sais qu’entre je sais pas 12h30 et 12h40, ils sont autorisés à allumer leur téléphone, qui le reste du temps reste éteint et interdit, je pense que les bénéfices seraient supérieurs aux risques.
Exposé des motifs
Le débat autour de l’usage des téléphones portables dans les collèges est complexe et multidimensionnel. Les parents souhaitent pouvoir joindre leurs enfants rapidement en cas d’urgence ou d’imprévu, surtout dans des zones rurales ou avec des contraintes logistiques. En revanche, les professionnels de l’Éducation Nationale soulignent que l’utilisation des portables en classe est une source majeure de distraction, et que leur présence permanente peut nuire aux interactions sociales essentielles à la socialisation des adolescents.
De plus, les outils numériques scolaires comme Pronotes ou les ENT exigent parfois un usage ponctuel du téléphone, ce qui crée une situation d’usage contraint difficile à gérer pour les adultes en charge. Enfin, des études scientifiques montrent que la dépendance aux smartphones est réelle chez une part significative des adolescents, avec des corrélations établies entre usage excessif et troubles mentaux tels que dépression, anxiété ou troubles du sommeil. Cependant, il n’existe pas de preuve claire que l’interdiction stricte des portables améliore directement les résultats scolaires.
Ces éléments plaident pour une politique équilibrée, qui garantisse la sécurité et la communication, tout en limitant les nuisances liées aux usages non contrôlés et en promouvant une éducation numérique responsable.
Usage des téléphones portables dans les collèges
Le Parti Pirate propose une politique d’encadrement équilibré de l’usage des téléphones portables dans les établissements scolaires, reposant sur les principes suivants :
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Port du téléphone autorisé, mais éteint, sur soi dans l’enceinte du collège, afin de permettre une communication d’urgence ou en cas d’imprévu.
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Allumage du téléphone autorisé uniquement lors de plages horaires définies (par exemple pendant la pause méridienne ou d’autres temps encadrés), pour permettre aux élèves de contacter leurs proches ou d’utiliser le téléphone dans un cadre pédagogique.
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Interdiction d’utilisation du téléphone pendant les cours, les temps de permanence, ainsi que lors des récréations et autres temps non spécifiquement autorisés, pour préserver la concentration et favoriser les interactions sociales directes.
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Usage pédagogique encadré, avec possibilité d’utiliser le téléphone lors d’activités validées par l’enseignant dans des plages horaires définies.
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Adaptation aux usages liés aux outils numériques scolaires (Pronotes, ENT), en développant des solutions alternatives ou des plages dédiées encadrées pour la consultation.
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Éducation et sensibilisation à un usage responsable et critique des technologies numériques, incluant les risques de dépendance, la gestion du temps d’écran, la protection des données personnelles et la santé mentale.
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Promotion d’un environnement scolaire riche en interactions sociales et activités variées, limitant l’ennui et le recours systématique au téléphone.
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Respect absolu de la vie privée des élèves, excluant toute fouille systématique ou confiscation arbitraire, dans le respect des libertés individuelles.
Cette approche vise à concilier sécurité, pédagogie, bien-être psychologique et respect des libertés individuelles, tout en prenant en compte la réalité de l’usage numérique chez les jeunes.
Je pense essentiel de rappeler ici qu’une corrélation n’est pas une causalité. C’est tout le débat en fait. La causalité peut ne pas exister (cofacteur externe) ou même être inversée (troubles mentaux => recours à l’évasion dans le portable, comme d’autres recourent à d’autres procédés).
Sur le sujet principal, je pense que l’approche « officielle EN » n’est pas vraiment la bonne et repose sur une large part de technophobie imbibée de longue date parmi une partie du personnel enseignant.
Comme le souligne @Bibo, j’allais faire la même remarque que lui : voir un ordiphone (smartphone) comme un « téléphone » n’est plus exact. C’est un ordinateur multi-usages, un appareil photo, une caméra vidéo, un lecteur de musique, une liseuse, un outil de communication et échange de documents, un outil d’accès à la connaissance (journaux, encyclopédies, etc), et d’ailleurs également un outil de socialisation (via justement les réseaux sociaux). Qu’on se focalise exclusivement sur les aspects potentiellement toxiques des réseaux sociaux me désespère.
Sinon le téléphone ne sert pas « à rien » à l’école : (retour par mes enfants) certains profs proposent à leurs élèves de s’en servir pour prendre des photos par exemple (TP en biologie, chimie, physique…). Ils peuvent servir d’outil d’information en temps réel sur les annulations de cours, professeurs en retard, etc.
Sur les casiers, autre retour par mes enfants : l’EN n’est même pas en mesure d’en proposer à tous les élèves (casiers en nombre insuffisant, casiers cassés qui le restent pour l’éternité car personne ne les répare, etc). Alors s’en servir pour stocker les téléphones, euh…
Du coup sur le dépôt des téléphones, autre cas vécu : le téléphone volé parce que l’administration demandait aux élèves de les laisser dans leur cartable pendant le déjeuner, en vrac dans un endroit non surveillé (parce qu’il n’y pas de casiers en nombre suffisant dans l’établissement).
Bref, je note que tout ce ramdam qui dure depuis des années s’appuie sur une seule constatation : une vague de panique morale anti-écrans assez peu étayée, et qui fait un procès systématiquement à charge aux téléphones. Plutôt que prendre tant de temps à mettre en garde les élèves contre les abus des réseaux sociaux et inventer des contournements à ses usages légitimes ainsi que des façons d’en bloquer l’usage, l’EN devrait plutôt se charger d’en promouvoir un usage responsable… on a tous à y gagner.
D’ailleurs la carte de cantine pourrait être avantageusement être placée directement dans… le téléphone. #ProblemSolved
Personnellement l’interdiction au collège ne me choque pas car les gamins sont encore jeunes et les entrées et les sorties sont encore souvent sous la surveillance du collège. Par ailleurs, les différentes interdictions de bien permettre de simplifier la situation en cas de vol. Si interdit alors c’est le problème du gamin ou des parents, si autorisé c’est un truc en plus a surveiller pour l’équipe du collège, qui doit deja gérer les parents… heuuu… les gamins sur plein de conneries avec de moins en moins de moyens.
En école primaire, je suis d’accord que le téléphone est souvent superfétatoire. Ça dépend du contexte : en ville où tu es à moins de 300 m de chez toi, ça va. En milieu rural où tu peux être loin de ton école et te taper le ramassage scolaire (si tu as du pot) ou autres moyens +/- fiables, le téléphone est utile.
En collège (et a fortiori en lycée) l’établissement a des chances d’être de plus en plus loin de chez toi donc avec une nécessité de plus en plus élevée de gérer les impondérables.
Les établissements peuvent difficilement totalement interdire d’en avoir. Du coup, si l’usage est interdit, comme c’est souvent le cas, et les téléphones ramassés, ça semble un peu la moindre des choses qu’un moyen soit fourni aux élèves de s’assurer qu’ils ne se font pas piquer le leur. Alors je sais bien que ça fait suer le personnel de gérer ça, mais à un moment, on ne peut pas faire l’autruche (d’autant que le personnel soutient en général ces mesures : ça ne paraît donc pas absurde que les conséquences en soient assumées jusqu’au bout).
Ma fille est entrée au Collège cette année.
Le département 13 permet d’avoir un ordinateur portable pour chaque élève
Les problèmes qui se sont mis en place:
- les parents ne peuvent régulés l’accès aux sites et autres alors que cela est possible sur un téléphone
- je pense que l’accompagnement du numérique peut et doit se faire autrement (ex: écran plat/tactile en classe, possibilité d’interaction plus pertinente)
- sur l’interdiction du portable, c’est déjà le cas et cela me paraît impossible de l’interdire surtout quand à l’assemblée les députés font des selfie ou stories pendant que certains sont au perchoir… c’est plutôt à eux que j’interdirais et montrer l’exemple
Bonjour,
- l’usage du téléphone est déjà proscrit
- la logistique pour faire cela n’est pas dans les moyens financiers de l’éducation nationale et si jamais il y avait des moyens debloqués je trouverais adéquat de renforcer la détection des armes blanches qui sont en pleins boom plutôt qu’un smartphone.
- le smartphone devient de plus en plus un outils pédagogique pour les élèves face a la vetusté du parc info du collège et le manque de matériel , les applis pédagogiques qui peuvent utilisé par les profs , dictaphone, lecteur media, cours, etc.
- rendre indisponible dans un casier le smartphone, n’empêchera pas les incivilités et harcèlement irl dans les cours , n’empêchera pas l’usage des RS en dehors. Il faut a tout prix avoir une matière numérique tout au long de l’année pour instruire les usages et sensibiliser les enfants et parents aux messages.
