Surcapacité Nucléaire?

La question semble déjà répondue, concernant les capacités : je cite encore le haut commissaire à l’énergie atomique et de Vigan ici :
https://x.com/Emericdevigan/status/1899388494323052623

« En l’absence de plan pour relancer la conso, le risque de surcapacité est bien réel. En fait il est déjà présent. »

Complément, extrait du bilan prévisionnel RTE 2023 qui dit en gros qu’on sera en surcapa jusqu’en 2035 environ.

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En effet, en surcapacité jusqu’en 2035, car cette dernière est nécessaire pour anticiper l’arrêt programmé des plus anciennes centrales, d’autant plus que rien ne nous garantit que les 3 paires d’EPR actuellement prévus seront prêts à temps.

Il s’agit d’électrifier les usages, mais pas trop, ou pas trop longtemps, au risque d’être en pénurie à l’horizon 2035.
AMHA, il s’agit de pousser pour une double stratégie : électrifier les usages pour les 10 prochaines années tout en se préparant à réduire la demande énergétique ensuite (isolation, favoriser le marché de proximité, décourager les circuits logistiques complexes, etc.)
Si la manoeuvre permet de favoriser des activités en lien avec l’ESS ou le surcyclage, ainsi qu’une diminution de l’utilisation d’énergie fossile notre voisinage le bénéfice est réel.

Avis du HCEA (haut commissaire à l’énergie atomique).

Extraits

dans le cadre de la consultation sur la nouvelle PPE

Pour moi la question c’est plutôt, s’il y a surcapacité, comment on déleste de manière à répondre à nos enjeux environnementaux et sociétaux, collectivement ?

Pour moi il y en effet un enjeux politique, qui est de ne pas satisfaire le " fit for 55" par exemple, mais on s’est déjà positionné là dessus à ma connaissance.

Je ne suis pas sûr de comprendre ta première phrase… s’il y a surcapacité, il n’y a pas besoin de délester ?

Il y a déjà plein de mécanismes de gestion de capacité chez RTE avec les gros consommateurs d’électricité, c’est encore plus riche que l’idée que j’en avais. Le minage de cryptomonnaies est (comme les mineurs eux-mêmes le disent) une des consommations les plus faciles à effacer sans préavis, donc ils peuvent tout à fait s’inscrire dans les mécanismes existants, quitte à les adapter hors pointes (par exemple lorsque leur non-effacement nécessiterait de démarrer des moyens carbonés type gaz etc, ou de vider les STEPs).

https://www.services-rte.com/fr/decouvrez-nos-offres-de-service/panorama-des-mecanismes-de-marche-geres-par-rte.html

Pas sur de bien comprendre, si on surproduit, il faut bien délester si on veut éviter de moduler en puissance non ? ou j’ai interprété de travers la question du délestage ?

Si on est en surcapacité, c’est qu’on sous-produit = toute la capacité n’est pas utilisée. Pas besoin de délester.

Si on surproduit, c’est qu’on a un excédent par rapport à la consommation, là non plus, inutile de délester. Soit il faut réduire la production (pas forcément possible avec les EnR), soit il faut consommer l’excédent.

plusieurs éléments de mon point de vue :
Produire de l’électricité pour miner et la destiner à cet usage à un moment précis, c’est une chose que je ne comprends pas. Les cryptomonnaies n’ont pour le moment qu’une utilité spéculative, c’est d’ailleurs pour ça que les bitcoiners parlent de prix en délestage : ils ont besoin de rentabilité et sont persuadés de rentabiliser la production.
Qu’ils nous fassent croire que du matériel coûteux et pointu serait à même de ne pas fonctionner de façon optimale pour miner, c’est un peu gros. En hiver, les fermes resteraient en attente pendant plus de 24 heures ? Une semaine ? Quid de la rentabilité ?
Les docs et discours officiels sur la surcapacité parlent de problème de prix, pas de surproduction.
Si il est prévu d’être en surcapacité jusqu’en 2035, et qu’aujourd’hui est annoncé la mise en service d’EPR2 en 2038 (oui on a prit 3 ans dans la tronche) où est l’explication du delta ? Quels usages sont destinés à évoluer fortement à la hausse, et quels moyens sont voués à disparaître ?

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C’est envisageable, par exemple EDF peut dealer avec les mineurs des prévisions de capa à J+1, au lieu de moduler les centrales à la baisse, les mineurs minent.

Ce n’est pas tout à fait vrai, il existe des applications en cash, cf les transports de Toulouse dans le « tout neuf ».

Euh non, ce n’est pas une question directement spéculative, c’est juste une gestion de production en réduisant le coût au mieux suivant l’offre d’énergie.

Ça je dirais que c’est leur problème, apparemment ils estiment que c’est faisable, et s’ils ne veulent pas couper tu peux prévoir des contrats où le prix flambe, façon EDF Tempo.

Oui parce que typiquement jusque là c’était pour du délestage de pointe, pas du relestage de creux :slight_smile:

Mais cf les documents précédents.

L’idée c’est que la consommation d’électricité ne monte pas, entre mesures de sobriété, désindustrialisation, et faible croissance, et que donc la planification, qui préfère toujours prévoir un peu large, se retrouve au dessus. Et ce n’est pas un drame : il vaut bien mieux avoir une surcapa de long terme qu’une sous-capa (cf l’année des arrêts pour CSC où il a fallu quasi mendier de l’électricité aux allemands). Question élémentaire de souveraineté…

Parallèlement la voiture électrique peine à décoller, et quand bien même, elle n’a pas vocation à remplacer à 100 % la voiture thermique. J’avais vu des chiffres disant que la conso en conséquence était de toute façon largement absorbable, je ne sais pas ce que cette évaluation vaut.

Mais du coup, on « semble » (je mets au conditionnel pour pas énerver Roscoe) avoir une surcapa pour les 10 ans à venir.

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Actuellement RTE gère avec les producteurs d’électricité (EDF et quelques autres) et leurs homologues voisins pour que l’offre équilibre la demande. L’électricité est une énergie qui ne stocke pas ou mal, il n’y a donc pas de surproduction.

On est plutôt tous d’accord qu’il y a une potentielle surcapacité pour les 10 ans à venir, une potentiel sous-capacité entre 2035 et … 2038… ou après ?

La question est peut-être à aborder avec un regard différent, est-ce que parce qu’on peut avoir plus qu’il faut avoir plus ?

Formulé autrement, si un train peut circuler à 240kmh, doit-il circuler à 240kmh avec le risque d’arriver en avance et de devoir attendre que les voies se libèrent, alors qu’une vitesse inférieure est peut-être plus adaptée (notamment parce que le réseau sera libre et que cela consommera moins d’énergie) ?

Si cette sur capacité peut être utilisée ne devrait-elle pas l’être pour qqch qui prépare la future sous capacité ? (Pas sûr que l’on pourra financer EPR 2 en crypto)

Et puis la sobriété a aussi du bon non ?

Je pense l’analogie mal adaptée, mais essayons. Sur un exemple qu’on m’a déjà brandi.

Ta ligne de RER est totalement saturée en usage voyageurs. Les trains, bondés, parcourent la ligne en 60 mn. Ils pourraient la parcourir en 45 mn. 15 mn de trop, est-ce vraiment grave ? La plupart des voyageurs font des trajets de 30 mn donc proportionnellement ils ne perdent « que » 7,5 mn. Sont-ils vraiment si pressés ?

Seulement si ton train fait une rotation en 45 mn (j’élimine le temps de retournement en bout de ligne pour simplifier le calcul mais ça donne l’idée), en 3h tu as traité 4 missions sans ajouter de rames, alors qu’en 60 mn tu n’en as traité que 3. +33 % de places en plus sans ajouter aucun matériel, pour un coût marginal supplémentaire qui est en gros celui de l’électricité + un peu d’usure de l’infrastructure, donc assez faible par rapport aux coûts fixes.

Et pourquoi pas, mais quoi ?

C’est souvent posé comme pétition de principe, mais pourquoi la sobriété serait-elle « par principe » bonne sans avoir à le démontrer ? Ok si ça a des effets réels notables, mais sinon, à démontrer au cas par cas (idem effet rebond).

Et justement, en terme de sobriété, celle des moyens de production est réelle et notable : est-ce qu’il n’est pas mieux de produire 6 TWh/an avec 1 centrale plutôt que 5 TWh avec la même (donc 0,2 centrale en plus à prévoir pour la même production de 6).

Le sujet est brûlant et a un intérêt particulier, mais pour le traiter avec justesse je pense qu’il sera nécessaire de définir les bonnes problématiques auxquelles répondre, comme par exemple, quels leviers le politique possède-t-il dans le contexte de gestion du parc ? Quelles sont les politiques publiques pouvant ou non impacter le réseau ? Que la surcapacité nucléaire installée soit une réalité, soit, mais qu’est-ce que cela implique ? Est-il sain/stratégique/économique de conserver une surcapacité ? Et sur le long terme ?

Pour les questions de délestage, de sur production, etc, il convient aussi de s’interroger sur l’intérêt des solutions envisagées (minage puisqu’évoqué ici et étant à la genèse du topic, mais également d’autres)
Dans tous les cas, et sans trop m’avancer, je pense que le prochain équipage énergie pourrait s’emparer de la question pour travailler plus en profondeur le sujet et proposer des moyens de réponse aux problématiques envisagées en premier lieu

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Je te l’accorde, elle n’est pas optimale, toutefois dans le RER ce matin, je n’ai pas trouvé mieux :smiley:

Dans la situation actuelle, la demande n’est pas à la hauteur de la capacité (surcapacité), il n’y a donc aucun intérêt à ajouter 33% de places sur ce trajet.

Il y a un intérêt économique à encourager des voyageurs lorsqu’il s’agit de remplir un train qui n’est pas rempli. L’intérêt économique s’estompe (à vérifier par calcul) dès lors que la demande est telle qu’il s’agit d’affréter un nouveau train (nouveaux coûts fixes, spécialement un investissement initial important).

Je n’ai pas de réponse tout prête, pour aller dans le sens de @Tintin il s’agira dans un premier de faire un inventaire des besoins pour « préparer le futur ».

Le raisonnement se tient si le déploiement de moyens de production est immédiat, ce qui n’est pas le cas dans le nucléaire (plus de 15 ans actuellement, notamment en regard des normes de sûreté actuelles et de l’organisation de la filière).
Il peut donc être acceptable de ne pas utiliser aujourd’hui à pleine capacité une centrale qui pourrait être utilisée à pleine capacité dans 10 ans (lorsque d’autres moyens de production seront mis à l’arrêt).

Il existe un facteur de charge optimal, que je ne connais pas, pour équilibrer les coûts fixes et variables sans faire effondrer le prix du MWh sur le marché ; toutefois il s’agit d’un sujet plus technique que politique.

Politiquement il s’agit de donner un signal, s’il faut utiliser la potentielle surcapacité que faire de cette énergie ?
Laisser libre court au marché et si des fermes à bitcoin veulent utiliser cette énergie de façon ponctuelle c’est leur problème.
Imposer la création de réserves d’énergie sur le territoire (par exemple des systèmes de pompage-turbinage https://fr.wikipedia.org/wiki/Pompage-turbinage ?
Tordre le bras aux réglementations européennes pour proposer des KWh/an « surcapacitaires » à moindre coût à … (p.ex. des personnes à revenus modestes)?
Flécher prioritairement cette production vers les besoins de l’industrie (acier, armement et autres joyeusetés) ?

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