Sur la réduction de l'utilisation des engrais de synthèse

À ma connaissance nous n’avons pas de point sur cette question à proprement parler, la motion sur l’agriculture de conservation n’en fait pas mention directement.

Je n’ai pas été vérifier les sources mais je suis tombé sur ce reportage : https://www.youtube.com/watch?v=qtiNAKNG_Wg
Ignorez le titre.

La proposition de Billen et al 2021 pour nourir l’europe sans intrans de synthèse d’ici 2050 repose sur :

  • La rotation des cultures et couvert végétaux (ça ça fait partie de l’agriculture de conservation)
  • Reconnecter élevage et culture
  • Recycler les excréments humains
  • Manger moins de protéines animales

Une chose à ne pas oublier, passer d’engrais de synthèses à des engrais d’origine animal ou végétal n’empêche pas les pollutions (contrairement à ce que laisse entendre le reportage).

Cependant pour moi il y a un intérêt dans la valorisation de nos déchets, notamment humains, mais aussi dans l’indépendance de notre agriculture vis à vis des producteurs d’intrants.

Je ne sais pas si c’est le bon point d’entrée, mais ça peut peut-être déboucher sur quelque chose.

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Ça me fait toujours tiquer quand on utilise l’appellation « de synthèse », en agriculture.
Ça me donne l’impression d’être un appel à la nature et par suite qu’une molécule, parce qu’elle est naturelle, serait « plus saine » ou « meilleure » qu’une molécule de synthèse (= « chimique »).

Sur l’utilisation des engrais liés aux déchets humains, cela n’est, à mon avis, pas prête d’être rendu acceptable dans l’opinion publique.

Enfin, moins d’engrais de synthèse à deux conséquences :

  • des productions moindres, avec des impacts sur la quantité de nourriture produite. Je rappelle ici qu’a l’échelle mondiale, on manque de nourriture dans plusieurs endroits. Du coup, si on veut produire la même quantité de nourriture => augmentation de la surface à cultiver
  • '+ d’engrais d’origine animale, avec comme conséquence une attractivité + grande pour les filières d’élevage ce qui risque de rentrer en contradiction avec l’objectif de diminution de la consommation de protéines animales.
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Alors je rejoins Roscoe sur le mot synthèse, je préférerais le terme d’engrais minéral.

Alors pour les engrais minéraux fait à base de gaz naturel, là je pense qu’il pourrait y avoir un red flag à regarder la production de GES sur le cycle de vie.

Pour les déchets issus des stations d’épuration, c’est 73% qui sont déjà épandu en France dans les champs et les prés et cela pose des problèmes de toxicité notamment car on ne sait pas extraire tout ce qui est problématique de ces boues (métaux lourd, traces de médicaments, bacteries…). Et quelques problèmes environnementaux sur les plus grosses stations, notamment en région parisienne ou les plans d’épandages vont sur plus de 100 km à la ronde.

Pour le lien avec l’élevage je voie pas ce qu’ils entendent (et j’admet que je n’ai pas regardé la vidéo, je le fait quand j’aurais un peu de temps), les excréments animaux sont aussi déja épandus.

Je me demande plus si la solution n’est pas plutôt sur l’hydrogène minier, renouvelable, pour les engrais de demain.

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Sur la rotation/association des cultures, c’est qqch d’utilisé dans des méthodes alternatives ou à d’autres époques afin de maximiser les rendement sans engrais.
Donc oui, mais cela nécessite une politique de formation, accompagnement, incitation des agriculteurs.

Sur la reconnection entre élevage et culture, il s’agit de bien plus que d’épandre les déchets de l’élevage. Là aussi c’est une autre organisation de l’agriculture donc formation/accompagnement.
Concernant cet aspect, L’INRAE souligne aussi l’importance du lien entre élevage et cultures pour la durabilité et la performance de l’exploitation: https://www.inrae.fr/actualites/renforcer-lien-entre-cultures-elevage-ameliorer-durabilite-exploitations

Sur le recyclage des excréments, l’idée est tentante mais la filière est entièrement à créer. Il n’y a guère que quelques ecolodges ou festivals qui le font mais sinon les excréments sont mélangés aux autres déchets…
Pourquoi ne pas parler des déchets verts? Est-ce trop à la marge (en terme de gain de productivité)? On pourrait penser que des partenariats entreprises d’espace verts/déchetterie/collectivités et agriculteurs seraient envisageables… Dans une démarche plus locale et circulaire cette chambre d’agriculture propose le compostage « en bout de champs »
https://occitanie.chambre-agriculture.fr/agroenvironnement/dechets-effluents/guide-du-compostage-a-la-ferme/ mais ça nécessite investissement et accompagnement pour l’agriculteur.

La baisse de la conso des protéines animales est un point important, il me semble. Trop de terres agricoles sont utilisées pour nourrir les bêtes et nos besoins réels en protéines sont moindre.

Un autre problème soulevé par la vidéo est que les engrais ne sont pas diffusés de façon optimale. Trop souvent en surdose, ils polluent. Parfois c’est l’inverse.
Je suis loin d’être un adepte du solutionnisme technologique mais ils me semble bien que des drones dopés à l’IA sont capables d’optimiser les quantités et surfaces à traiter.

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