Retour sur la soirée de campagne strasbourgeoise du 7 février

Salut les Pirates et Camarades des Pirates,

Mercredi 7 février 2024, nous avons lancé à Strasbourg notre campagne pour les élections européennes du 9 juin 2024 !


Après avoir présenté le Parti et nos premiers pirates à être officiellement sur la liste, nous avons eu le plaisir d’accueillir et d’échanger avec les eurodéputés pirates tchèques Marcel Kolaja et Mikulas Peksa, ainsi qu’avec Anja Hirschel, tête de liste du Parti Pirate allemand.

Pour que la soirée soit complète, il fallait le traditionnel discours de campagne ! Comme vous avez été quelques uns à regretter l’absence d’un bon enregistrement de la soirée, voici le verbatim…
Et pour reproduire l’ambiance exceptionnelle de cette soirée pendant que vous lirez ce discours, lancez l’excellent mix de Jérôme qui a eu la gentillesse de faire cette créatiion, spécialement pour cette soirée !


Frissons

L’hymne européen, cette 9ème de Beethov’, je le fredonnais enfant dans la voiture familiale quand mes parents allaient acheter des cigarettes et de l’essence au Luxembourg. Telles étaient les première joies européennes pour les mosellans !

Quelques années plus tard, c’était Maastricht que j’étais heureuse de visiter librement. Les qualités de cet « autre pays du fromage » sont immenses.

Cette joie de l’Europe vécue, de l’Europe du quotidien quand on est frontalier, c’est ma fille qui la ressent aujourd’hui lorsque très naturellement, nous prenons le tram pour aller à Kehl. Elle s’y sent bien et c’est normal, en bonne strasbourgeoise, elle a appris l’allemand dès la maternelle.

Des frissons liés à l’Europe, mes parents m’en ont raconté d’autres. Dans les années 70, ils était allés campés en Espagne. A la frontière de l’Espagne franquiste, le contrôle des papiers étaient fait par des militaires en armes.

A propos de frontières encore… Sur mon bureau, j’ai un morceau du Mur de Berlin et la photo du soldat Conrad Schumann. Le 15 juin 1961, le mur de Berlin n’est encore constitué que de barbelés. Peter Leibing, photographe, voit un jeune soldat trépignant, qui enchaîne les cigarettes, derrière cette frontière en construction. Il pointe son objectif sur le jeune soldat et ne le lâche pas une seule seconde ; il sent, il sait qu’il va se passer quelque chose. Après de très longues minutes, Schumann court et saute par dessus les barbelés pour rejoindre l’Ouest… Il deviendra l’emblème de la liberté arrachée aux barbelés.

Je sais que les amis tchèques ici présents m’opposeront qu’ils en ont assez de m’entendre parler d’amitié franco-allemande et que l’Europe, c’est bien plus qu’un traumatisme de part et d’autre de la ligne Maginot ! Ils ont raison !

Je tiens à ajouter qu’en matière de frisson européen, le fait de filer tout droit vers l’est sans se rendre compte que l’on passe deux frontière et arriver sur le Pont Saint-Charles dans la brume de Prague, c’est un de mes plus beau souvenirs de voyage.

Voilà, mon histoire avec l’Europe a d’abord été un frisson.

Attention à ce que le frisson ne se change pas en stupeur.

Stupeur

C’est bien la stupeur qui nous guette. Si l’hémicycle européen se remplit d’ultra conservateurs opposés à la libre disposition de nos corps, d’identitaires qui souhaitent « déporter » les populations d’origine étrangère, de nationalistes qui souhaitent revenir sur le marché commun, quel avenir pour l’Union Européenne ?

Aucun. Prétextant redonner du lustre à nos vieilles nations, le vieux continent deviendra vite un musée recroquevillé sur lui-même, une collection de villes aux splendeurs passées à l’activité économique moribonde.

Être pirate, en France, c’est ne pas se résoudre à regarder passer les trains de réformes xénophobes et populistes sans broncher.

Être pirate, c’est ne jamais arrêter de débattre, de proposer, de réfléchir, de lutter pour obtenir notre place sur l’échiquier politique.

Être pirate, c’est mener une campagne claire, modeste, mais sans compromission.

Être pirate, c’est toujours mettre en avant ces trois mots :

Démocratie, Liberté, Partage

Je vais vous parler de notre programme européen. Nous sommes le seul parti en France aujourd’hui à présenter en son nom avec un programme construit au sein de son parti européen. Ce dont je vous parle, c’est le fruit de 18 mois de travail. Si vous souhaitez en connaître tous les détails, de ce programme, nous vous donnons rdv sur la chaine Twitch du parti pirate le 17 février au soir.

Démocratie

Nous avons eu dans les années 2000, des calculatrices Franc / Euro en format carte crédit,

pour convertir notre nouvelle monnaie. Des pin’s, des autocollants, mais jamais les instances européennes n’auront eu le pouvoir d’octroyer la qualité de citoyen européen.

Il a été fait la promotion de l’Europe pour ses promesses économiques, mais peu sur la citoyenneté européenne. Seul Erasmus a permis aux jeunes de devenir de vrais européens et de développer cet attachement indispensable.

Malheureusement, lorsqu’il aurait fallu entendre la voix des citoyennes et citoyens d’Europe, la méthode n’a pas été la bonne. La Convention européenne1, qui avait pour ambition de rédiger un Traité constitutionnel, n’aura pas su impliquer les européennes et européens.
Au final, le NON en France et aux Pays-Bas, sera suivi de la ratification du Traité de Lisbonne en 2009 et écœurera beaucoup des parents de ces jeunes Erasmus. Certains n’ont plus jamais voté. Alors que l’Europe doit être synonyme de protection, elle a été synonyme de surdité.

Nous, Parti Pirate, plaidons en faveur d’une convention de citoyens directement élus, chargée de rédiger un nouveau traité européen.

Liberté

Toute personne devrait avoir droit au respect de sa vie privée, ce qui inclut le droit des individus à contrôler leurs informations personnelles et à ne pas faire l’objet d’une surveillance omniprésente. L’anonymat n’exonère personne de la responsabilité de ses actes ! Parce qu’en vrai, on sait très bien si vous êtes un chien sur internet…

Les droits humains à l’ère du numérique est notre ADN. Nous défendons le droit à la confidentialité des données numériques. Nous souhaitons une intégrité numérique. Genève a ancré le droit à l’intégrité numérique dans sa Constitution (et on peut saluer le travail du Parti Pirate suisse qui y a beaucoup œuvré), l’Europe doit aller dans ce sens !

Nous, Pirates, nous opposons aux mesures visant à porter atteinte aux libertés individuelles… Que pensez d’un pays qui fiche les personnes trans ? D’un pays qui héberge ses données d’assurance maladie chez Microsoft en dépit des questions de souveraineté ?

Nous voulons protéger les libertés individuelles… et même quand nous sommes insultés pour cela. Le Haut Conseil à l’Egalité Femmes-Hommes a récemment opposé au Parti Pirate qu’en défendant la protection de la vie privée en nous opposant au règlement CSAR, également appelé « Chat control », nous défendions les pédocriminels en ligne.

Pendant que nous demandons d’avantage de moyens pour la Justice, dont des enquêteurs, ces gens répondent en demandant la prohibition du travail du sexe en le mélangeant à la pédopornographie. C’est un procès indigne. Le Parti Pirate a demandé un droit de réponse et nous avons du engager un avocat pour l’obtenir il y a quelques jours.

Le Parti Pirate n’a pas peur de défendre la liberté du Travail du Sexe ET la vie privée en ligne ET davantage de moyen pour protéger les enfants.

Partage

Je voudrais pour illustrer cette question vous dire que les pirates ne se considèrent pas propriétaires. Nous n’aimons pas les monopoles, qu’il s’agisse de la monnaie, de l’industrie culturelle, du bon goût (!)… mais aussi du territoire.

Je m’explique. Nous sommes cosmopolites et à ce titre, nous pensons que nous ne devons et ne pouvons pas décider d’exclure de France a priori des personnes au prétexte qu’elles n’y seraient pas nées ou qu’elles y seraient nées, mais pas de parents français.

Si l’on doit parler d’économie en la matière, je rappellerai ici (comme je le fais souvent dans mon mandat d’élue en charge de la vie étudiante à propos de l’inique Loi Asile et Immigration de 2024) que chaque euro investi dans les universités génère un retour de 4 euros pour le pays et, concernant les étudiants étrangers dans ces universités, l’analyse de campus France a montré que les étudiants internationaux ont un apport net de 1,35 milliard d’euros à notre économie.

Or, devant ce discours rationnel, parfois, une panique fait jour. Oui, on m’a déjà répondu :
« Admettons qu’on partage notre pays pour les accueillir, si ces gens s’installent ici, ils vont faire des enfants avec les nôtres… on partagera nos familles et s’ils se mélangent à notre sang… on aura tout perdu ». Et moi de répondre : « si vous pensez représenter quelque chose de pur, croyez bien que je suis convaincue de l’intérêt des mélanges ».

Pour conclure,

Le Parti Pirate français sera à nouveau en lice pour ces élections européennes, avec cette fois avec l’ambition de s’inscrire durablement dans le paysage politique français. Malgré les barrières du système électoral français qui visent à limiter l’émergence de petites formations, nous maintenons le cap sur la visibilité électorale que mérite notre programme.

Quelque chose que vous ne savez peut-être pas : nous aurions besoin d’un budget de 900.000 € pour atteindre chaque électeur à son domicile et dans son bureau de vote (850 000 € pour l’impression de bulletins et de professions de foi ; 50 000 € pour la logistique dont l’envoi par des prestataires certifiés).

Nous savons que nous n’aurons pas ce budget et c’est pourquoi nous cherchons à optimiser notre impact. Néanmoins, nous devons pouvoir investir pour atteindre 5% des voix et envoyer quatre eurodéputé·es au Parlement.
A noter : si nous n’atteignons pas 3% des suffrages, les sommes engagées dans la campagne ne seront pas remboursées par l’Etat, aussi nous refusons de faire des prêts bancaires qui mettrait en difficulté nos membres. Nous ferons donc campagne, avec l’argent dont nous disposerons, ni plus, ni moins. Merci de nous aider si vous le pouvez !

A chaque élection européenne, il est rappelé que le taux d’abstention est d’environ 50%, alors que l’Union européenne régit notre économie, nos déplacements, la composition de nos aliments, la protection de nos données ou encore la gestion de nos déchets. Nous, Pirates français, pensons que l’engagement électoral serait bien meilleur si davantage de partis pouvaient se présenter aux électeurs de manière équitable : les gens s’abstiennent de voter pour les partis qu’ils connaissent… il faut qu’ils connaissent le programme du Parti Pirate ! Une fois que les gens nous connaissent, ils nous adoptent ! C’est pourquoi nous comptons sur vous tous et toutes. Merci !

Photos de la soirée et bilan de l’équipage Européennes à venir !

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