Rencontre avec Sandrine Rousseau le 03/Sep/2021 (Notes anonymisées)
Auto présentation : Enseignante chercheuse en économie. Militante écologiste et féministe. Souhait de faire bouger les choses sur les problématiques de l’urgence écologique.
Sur les attentes autour de l’entretien : souhait de se rencontrer (ndlr et donc probablement se faire connaitre).
Le déterrage de tweet sur les poteaux vs éolienne a provoqué un shitstorm violente pour toute l’équipe de SR. Nous avons crevé l’abcès sur le sujet avant de commencer l’entretien.
Q. Vous affirmez dans un de vos podcasts que « La technique dit que ce n’est pas grave de détruire l’environnement, car grâce à la technique, on trouvera des solutions ».
R. Je pense que la technique, en tant qu’objet au cœur de la transformation écologique, et au cœur du débat et qu’elle tout sauf neutre.
Q. Qui possède la technologie et pourquoi ?
Ça fait partie des critiques que j’ai à propos du nucléaire, c’est qu’il n’y a pas eu de débat au moment de la mise en place du plan Mesmer.
De la même manière, il y a un débat autour de la brevetabilité du vivant (exemple sur la découverte d’un gène brevetable).
Je ne suis pas anti technique, bien au contraire, mais cette question de propriété et d’utilisation de ces questions est centrale
(exemple des brevets vaccin et de l’absence de capacité d’utilisation alors que cela vient de la recherche publique)
Q. Vous parlez dans le même podcast de « l’effet rebond » qui est expliqué, en résumé (par moi) par la phrase suivante : « tout ce que proposera la technique (donc les ingénieurs, les chercheurs) n’aura aucun effet positif, ils seront à chaque fois contrés de manière automatique par « l’effet rebond » ».
- Cet « effet rebond » (qui, s’il peut exister, peut aussi ne pas l’être) n’est-il pas simplement un moyen de refuser tout ce qui ne correspondrait pas à votre vision du monde plutôt qu’un effet rationnel ?
R. Non pas du tout, c’est le paradoxe de Jevons (exemple de la consommation énergétique du remplacement des ampoules qui a généré une augmentation de consommation bien que les ampoules consomment moins)
Q. Cela implique qu’il faut des politiques publiques qui évitent cet effet rebond.
R. Nous avons une question centrale qui arrive sur l’évolution du mix énergétique et qui doit être un élément du débat.
Q. J’ai l’impression que c’est la partie capitalisme qui provoque ces effet rebond
R. Ce n’est pas la partie capitaliste, c’est carrément une question de comportement, l’exemple des isolations de maison est qu’il y a une consommation supérieure, car les gens augmentent la température de leur maison
Je pense donc que ça passera par des contraintes, des contraintes douces, sur le comportement.
Q. L’Allemagne est de plus en plus dépendant du gaz russe, comment envisagez vous la transition énergétique dans le cadre d’une souveraineté ?
R. Il va falloir non seulement travailler sur la transition , mais aussi, et surtout sur la sobriété énergétique. L’indépendance énergétique est primordiale, certes. L’autonomie énergétique (distinct de la souveraineté) est essentielle.
Précision : L’effet rebond n’est pas systématique. l’exemple français du déploiement a effectivement mené à une augmentation de la consommation, mais il n’a pas entrainé une augmentation de l’émission des gaz à effet de serre lié à la production de l’énergie électrique.
Q. Comment envisagez-vous la fabrique du consentement dans le cadre de la transition écologique ?
Q. Je pense que la présidentielle est le gage de la fabrique du consentement. Je pense qu’on ne pas faire de transformation énergétique sans transformation démocratique. Il faut redonner du pouvoir au parlement, au territoire et aux régions. Je suis pour un droit d’exception pour permettre à des collectifs de faire bouger des choses en avance de phase sur le législatif ? (ndlr Je ne suis pas certain d’avoir compris la réponse)
Q. Est ce qu’on réouvre des mines pour ne plus être dépendance de la chine ?
R. Je pense qu’on peut fortement valoriser nos déchets pour aller chercher les ressources rares dont nous sommes dépendants.
Q. En géopolitique, il y a beaucoup de pays au moyen orient et en Asie, qui ont des changements qui réduise les droits humains et particulièrement le droit des femmes, qu’est-ce que vous comptez faire en termes de relation de politique étrangère ?
R. Il faut réintroduire des valeurs supplémentaires autres que l’argent pour base des relations démocratique (droit des femmes, des LGBT par exemple)
Q. Pourquoi mettre le revenu d’existence sous condition de ressources ? Quelles sont ces conditions de ressources ? En France de nombreux ménages espèrent toujours que leurs descendants aient une vie meilleure que la leur (peu importe le niveau social). Ils accumulent selon leurs moyens ce qu’ils considèrent comme richesse pour pouvoir léguer. Comment justifier que ces Français pourraient ne pas avoir droit à un revenu d’existence ? Si l’intérêt est de rendre inutile cette manière d’assurer un bien pour ses descendants, d’arrêter que le travail, la croissance et la richesse soient considérés comme le seul moteur d’une société le revenu d’existence ne devrait-il pas être universel ?
R. La différence entre revenu universel et revenu d’existence est sur les ordres de grandeur de cout, le revenu universel non conditionné couterait 600 miliard, ce qui est hors de porté à court terme. Et je ne suis pas certaine que filer 850€ à Bolloré fasse évoluer les choses.
Q. Vous avez une rhétorique très centré sur l’eco-feminisme. Dans le cas d’une victoire à la primaire des écologistes, comptez vous changer votre discours ?
R. J’ai discuté avec Benoit Hamon qui a justifié une partie de sa débâcle postprimaire par le fait qu’"il avait adouci son discours. Et, je crois, aujourd’hui qu’il faut affirmer les idées pour lesquelles on a été élu, je ne sais pas ce que je ferais au lendemain de la primaire.
Q. Le discours de radicalité est quelque chose qu’on remet en cause au PP. Est-ce que la radicalité n’est pas finalement un facteur de danger pour l’édifice politique ou l’édifice démocratique la ou le consensus ou une certaine forme de renonciation permet de créer des piliers des organisations.
R. Je crois que la primaire écolo répondra partiellement à ce cette question, Yannick JADOT porte par exemple ce genre de discours sur l’accompagnement et le consensus. Si on revient sur une problématique écolo le GIEC nous dit qu’on a 10 ans pour agir, donc 5 ans de politologiques publique et qu’il est nécessaire d’avoir une ligne radicale pour pouvoir atteindre ce but.
Q. Pour les hôpitaux, quelles seront les différences de votre nouveau système de financement des hôpitaux et celui que la majorité développe avec le plan ma santé 2022 (réformer le financement pour encourager qualité et coopération - ministère des Solidarités et de la Santé) qui prévoit une restructuration de ce financement.
R. Dans le plan que j’ai, financement global et plus un financement à l’acte. Il nous faut revoir tout le système de santé. Je porte notamment qu’il faut plus de fonctionnaires, car la transformation écologique c’est plus de service public (très peu émetteur de CO2) alors que l’accumulation de bien l’est.