Quelles conclusions tirer du comportement de l'électorat de la gauche au premier tour des présidentielles 2022

Bonjour à toutes et tous,

Les résultats de la gauche et de la droite hier soir sont assez explicites.
Ceux de la droite (LR donc) sont pour moi le signe que son électorat s’est simplement fendu en deux : les ultra-libéraux qui sont désormais chez Macron, et les conservateurs qui sont chez MLP.

Reste une question suspendue et plus difficile, mais plus stratégique aussi selon moi, celle de l’électorat de la gauche.

Je trouve qu’il est assez difficile de statuer sur ce qui fonctionne dans les programmes de gauche. le score de JLM me parait flou sur ce point là, tant les électorats de gauche ont essayé un vote utile rassemblé derrière lui, pour éviter le second tour que nous avons quand même.
Cela dit, vu les scores des autres partis, je pense qu’on peut essayer au moins de lister ce qui ne fonctionne pas/plus.
On pourrait à mon sens statuer ainsi de façon non exhaustive :

  • le libéralisme de la social-démocratie (ligne Strauss Kahn - Hollande par exemple) ne séduit plus
  • la guerre contre le « wokisme », le communautarisme ou l’islamo-gauchisme (ligne Roussel) n’est pas un levier de gauche
  • le réformisme privatisant le service public (réforme des retraits, de l’assurance maladie, en ce sens) ne séduit pas non plus
  • la gauche policière (ligne Valls) est aux fraises
  • l’écologisme irrationnel ne fonctionne pas (ligne EELV)

Partant de là, on pourrait donc imaginer mettre ce constat en miroir pour lister des pistes de ce qui pourrait fonctionner dans l’électorat de gauche actuel, avec en vrac et toujours de façon non-exhaustive:

  • une refonte du service public au cœur de ses missions premières, et en lui donnant les moyens et la puissance nécessaires à son fonctionnement
  • un positionnement inclusif, compréhensif des enjeux et des luttes au delà de la seule lutte des classes, et qui comprend qu’une politique sociale ce n’est pas juste augmenter le pouvoir d’achat
  • une politique économique qui ne soumet pas tout au marché
  • une réforme de la doctrine du maintien de l’ordre et de la Police / Intérieur vers une Police de service « démilitarisée »
  • une écologie rationnelle et factuelle

Si les conclusions ci-dessus ne sont ni définitives, ni parfaites, je pense que nous poser ce genre de questions pourrait dégager devant nous un certain nombre d’axes de travail programmatique.
Je souhaitais donc ouvrir cette discussion, pour que nous pussions continuer de lister ce qui n’a pas fonctionné et ce qui semble fonctionner, mettre tout cela en perspective avec nos engagements actuels et le Code des Pirates par soucis de compatibilité, et enfin trouver des orientations de travail pour notre programme.

A vous lire,

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Je vais sûrement être un peu pessimiste, mais je ne suis pas sûr quun tel projet de société/programme aurait plus d’attrait. Est ce que ce que la gauche a proposé cest pas juste ce quelle est, et que comme ce quelle est, cest proche de ce que macron est, bin du coup il fait 28% ?

ce qu’elle est aujourd’hui, ou par définition ?

Je parle de celle quelle est aujourd’hui.

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Oui, là on est d’accord.

Et c’est le constat que je dresse du coup non ? :slight_smile:

Et je pense qu’on pourrait apprendre de leurs erreurs. :slight_smile:

Ce que je demande cest si il y a vraiment un électorat de ce type. Avec plus de 60% de propriétaires, avec de plus en plus de vieux.

Enfait la question derrière ce serait quels sujets parlent autant à cet électorat qu’à celui qui serait touché par les themes que tu evoques, non ?

Ça touche à une question plus profonde de stratégie / d’orientation politique maybe.

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Si j’ai bien tout compris, tu dirais qu’en fait ces thématiques n’ont pas de valeur ajoutée dans un programme politique parce que leur électorat te paraît avoir simplement disparu ?

Je ne sais pas. Mais la question mériterait d’être posée.
Je suis incapable d’y répondre par contre.

Mon idée à la base est d’imaginer que les thèmes délaissés peuvent être des opportunités de travail sur le programme. Et comme il y en a beaucoup, je lançais un appel général à participation pour les recenser et les formuler de la meilleure façon :slight_smile:

Je ne dis pas que c’est rebattre les cartes de l’orientation du Parti Pirate, d’autant que pour une partie des pirates, il n’en a simplement pas.

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Personnellement, la seule conclusion que je tire de cette séquence électorale est que les institutions, les médias et les réseaux sociaux tirent la politique vers une polarisation exacerbée, portée par des phrases pouvant être sortie de leur contexte.
Le scrutin uninominal force les candidat a tirer sur ceux qui sont les plus proches idéologiquement sans faire de concession.
Les media en continu et le réseau social préférés des politiques, poussent les politiques à sortir des punchlines qui ne remettent jamais un contexte idéologique en perspective. On voit en ce moment des gens qui ont pu voter mélanchon (qui est foncièrement antifasciste) appeler à voter MLP (qui foncièrement fasciste). Donc, pour moi, lorsque ces média et réseau permettent et poussent au cherry picking constant, on peut mettre de coté complémentent la construction programmatique dans le cadre d’une stratégie politique de parti.
Je ne vois pas comment on peut tirer des conclusions programmatiques.

Jouons sur notre facteur différenciant : nos process, notre manière de pratiquer la démocratie, notre volonté de chercher et de fabriquer du consensus par les débats et l’exercice du pouvoir en permanence via l’assemblée permanente.
Il faut bien entendu continuer de construire l’idéologie que notre parti porte, mais ce n’est pas, à mon humble avis, par là qu’on obtiendra une adhésion à nos méthodes de travail et plus encore à notre vision de l’exercice du pouvoir.
La séquence politique nous montre aussi qu’une bonne partie des votants a montré son soutien à une vision de la société radicalement opposée à la notre et que nous devons/pouvons construire un projet qui ne l’exclura pas de fait, ou au moins réfléchir à comment son inclusion impacterait notre vision.
Je le répète donc, nous pouvons construire une stratégie de communication programmatique autour de nos facteurs différenciant et potentiellement rassemblant qui serait simplement soutenu par le reste de notre contenu programmatique.

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Jai peur que ce soit en parti le cas oui. Peut-être quil y a par contre un moyen d’amener vers ces themes là en passant par une approche differente/contournee mais ça devient une question de communication.

Ok je vois.
Mais c’est précisément l’objectif de ce thread ahah

  • lister les thèmes à potentiel
  • définir leur positionnement à l’intérieur de notre programme, avec une approche pirate (ce que je résume pour dire « approche différente/contournée »).

Puis, in fine, ça finit toujours par être une question de communication.

Pour info, j’ai posté mon analyse des résultats ici :

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Hello !
Merci de ton retour !

Je dirais que ce que tu décris ici est peu ou prou l’ossature de ce qui est produit par le PP depuis des années. C’est ce qui nous ramène les adhérents, ce qui compose le gros de notre programme, et les principaux axes sur lesquels nous communiquons.
C’est productif, sans aucun doute, mais on pourrait aussi reconnaitre à cela une sorte d’homogénéité de résultat : homogénéité démographique de nos nouveaux adhérents et des adhérents actifs (plutôt des hommes blancs, dans l’informatique ou la tech, pour aller vite…), homogénéité des sujets traités (sur lesquels nous sommes d’ailleurs attendus par les gens qui nous regardent et nous suivent), homogénéité des retours et des feedbacks aussi (genre « top, on y voit plus clair sur tel sujet, merci beaucoup ! »).
On est donc en mesure de se demander quels sujets pourraient nous permettre de dépasser cette homogénéité, et de pouvoir nous positionner, avec autant de résultat, mais auprès de gens qui pour l’instant ne nous identifient pas comme actifs et performants sur ces questions. Je crois que nous aurions beaucoup à y gagner.

Salut Grégoire,

Alors, cette analyse me semble un peu lapidaire. Ce n’était pas vraiment ton point central, donc c’est sans grande importance pour le reste de ton message. Cependant je pense important de ne pas confondre « conservateurs » de droite et « extrémistes » (Le Pen). Il y a clairement un vrillage à l’extrême d’une partie de la droite conservatrice, mais la distinction idéologique subsiste, la tendance conservatrice non extrémiste/non raciste existe encore.

De même classer Macron, ultra interventionniste, comme ultra libéral me semble un peu réducteur.

Ensuite, le Parti Pirate FR est-il de gauche ? Il est probablement plus à gauche qu’à droite dans tous ses combats et idées. Je pense qu’on peut le rattacher aux libertaires de gauche, assez mal représentés dans les partis classiques français de gauche qui, eux, sont ultra dirigistes : croyance très forte dans la nécessité d’un rôle fort d’un État très idéalisé, allant largement au delà du régalien.

Ce dernier paragraphe pour dire qu’il me semble important de s’occuper aussi des valeurs libertaires, pas du tout représentées parmi les partis français, qui font une bonne partie de notre spécificité :

  • défense des libertés fondamentales – en ligne mais pas que --… qui les défend aujourd’hui, parmi les partis tradis ? C’est un des problèmes majeurs de la gauche actuelle ;
  • approche lucide concernant les technologies – numériques mais pas que --, au delà de la seule question environnementale. Les autres partis, comme la société, sont en train de vriller à l’obscurantisme, qui à son tour nourrit l’extrémisme.

Mon sentiment est qu’on a un rôle d’éclairage à jouer sur des évolutions inévitables traitées en mode autruche par la quasi totalité des autres partis, plutôt qu’alimenter par démagogie une tendance réac et mortifère de repli.

Désolé car c’est beaucoup plus succinct que ce que la discussion mériterait, mais je voulais poser quelques idées en réponse.

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Eh @PierreB , c’est Vendredi miracle, on est d’accord !!! :laughing:

Surtout ici :

Ce que je voulais dire à propos des thèmes « de gauche » que nous pourrions aborder si compatibles avec notre code et avec le reste du programme, c’est qu’effectivement, si on les aborde à notre façon (plutôt libertaire, clairement), on peut proposer des choses très très bien, et dont notre programme manque peut-être à ce jour, mais qui pourraient être ou devenir naturelles pour nous, comme une sorte de continuité avec nos sujets disons « classiques ».

C’est à ce titre que je me pose les questions des cendres laissées par la gauche, et comment on pourrait s’en servir comme terreau fertile ici au PPFR.


Pour le début de ta réponse, sur le constat de droite, effectivement ce n’est pas le cœur du sujet ici. Nous avons chacun nos idées sur le sujet et je ne suis pas certain qu’on puisse un jour réellement trancher sur laquelle est plus factuelle que l’autre.

En terme de fenêtre d’Overton ça me semble très important de ne pas confondre la droite extrémiste/raciste et la droite conservatrice, car factuellement ce n’est pas la même chose.

Alors si tu souhaites vraiment que nous allions plus loin sur ce sujet, j’explicite davantage ma pensée.

Je pense qu’il y a longtemps eu un électorat raciste dans la droite conservatrice. Et sur l’ensemble des séquences RPR/UMP/LR, il y a toujours des éléments profondément racistes dans le discours et l’idéologie conservatrice de cette droite : le bruit et l’odeur de Chirac, les sorties de Sarkozy, les positionnements islamophobes actuels de Ciotti par exemple, etc etc.
Donc la fenêtre d’Overton, elle est déjà ouverte sur cette portion du racisme politique, via la droite conservatrice.

Et c’est précisément cette droite qui a foncé chez Zemmour et MLP.
Le RN n’a pas attendu mon commentaire ici pour faire partie de la fenêtre d’Overton, et faire le constat que les votes de cette droite se sont splittés entre Macron (politique islamophobe et raciste, avec Darmanin comme bon exemple, cumulé à l’accueil - non - des populations migrantes aussi) et MLP (idéologie raciste extrémiste) ne fait à mon sens que donner raison à ce constat.

Si nous devions ajuster le cadre de la fenêtre d’Overton, alors nous ne citerions personne à droite d’Hidalgo, et du coup, ça fait pas grand monde.

PS : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit : tous racistes oui, clairement. A des échelles différentes, sans aucun doute.
NB : ce serait chouette qu’on discute de cela à un endroit opportun (d’autant que ça a été abordé frontalement ici je crois), plutôt que de dévier le sujet ici présent, qui est très différent…