Une possibilité pour y remédier, pour l’attribution des sièges dans de si petites circonscriptions, et même aussi pour l’attribution des derniers sièges dans des circonscriptions avec plus de sièges, est de donner la possibilité aux électeurs de voter pour plusieurs listes : une première, puis une deuxième, puis une troisième, etc, qui ne seraient utilisées que si les sièges ne sont pas déjà tous remplis lors du premier dépouillement.
C’est cependant toujours mieux qu’actuellement, où ce sont TOUS les inscrits qui subissent cet état de fait, à cause du fait qu’il n’y a qu’un député par circonscription, ce qui d’ailleurs amène à devoir régulièrement (même si c’est fait pas si régulièrement que ça, au redécoupage démographique des circonscriptions, et tout le gerrymandering que ce redécoupage peut amener.
Evidemment s’il est possible de voter pour un ou des candidat(s) se présentant dans une autre région et que sa voix est comptabilisée autant qu’un autre, cela règle le problème de l’offre politique qui diffère selon les circonscriptions (ce qui est clairement un problème pour moi).
Une autre possibilité étant :
– d’agréger des listes de circonscriptions différentes (mais le problème selon moi est que cette décision ne relève pas de l’électeur, qui peut alors craindre à juste titre une reliance avec une liste qu’il souhaite ne pas faire élire),
– ou encore d’agréger des listes différentes d’une même circonscription comme le propose Marc Anselmi dans sa proposition de scrutin proportionnel arborescent (utilisable en bulletin unique comme on peut le voir) tel que :
Le principal problème de cette proposition selon moi est qu’en étant déterminé par les listes et non pas par chaque électeur, l’arborescence augmente considérablement les risques qu’un électeur "vote pour quelqu’un qu’il déteste".
Un des avantages notables de cette proposition est de faire baisser drastiquement le risque de vote utile, ainsi que d’être très facile à dépouiller,
contrairement à mon vote unique transférable dans une seule circonscription, qui bien que donnant une liberté doctrinale gigantesque à chaque électeur et qui est conçu sur mesure pour utiliser sa voix au maximum et sans jamais se retourner contre lui, est très difficile à dépouiller,
même si l’Irlande y parvient, mais pour cela crée beaucoup de circonscriptions ce qui casse un des avantages de représentativité, mais conserve totalement celui de la transférabilité qui augmente la représentativité comme on a pu le voir pas plus tard qu’en 2020 (l’alliance gouvernementale du Parti Vert avec le FF plutôt que le SF n’a rien à voir, car il relève du lien entre majorité parlementaire et gouvernement).
Dans un état fédéral, c’est généralement le but de la Chambre Haute de représenter les subdivisions territoriales de l’échelon directement en-dessous du national (donc en France ce serait les régions), mais la France n’est clairement pas fédérale (une chose réformable), et est même, avec la Grèce, l’un des états les plus unitaristes, malgré sa taille.
Dernière chose, pourquoi est-ce que je suis si méfiant vis-à-vis des modes de scrutin plurinominaux de listes fermées : l’électeur n’a aucunement « la main » sur la composition de ces listes, et un parti n’est pas un bloc monolithique (post que j’approuve totalement et sans réserves). Je pense en particulier à certains gros partis, en particulier dans les pays où l’incitation au bipartisme crée des partis Tories, Labour, DP, GOP).
Par exemple, il était évoqué un peu avant les élections européennes de 2019, de faire ce mode de scrutin sur l’ensemble de l’UE… ça semble super pour la représentativité et l’offre politique ? Sauf que s’il faut 751 (ou 705) candidats (pour 751 ou 705 sièges), ça va être très difficile pour des partis qui espèrent seulement décrocher 1 ou 2 sièges de composer une telle liste. Ce sera(it) du temps perdu, d’autant plus qu’on sait bien qu’aucune liste ne fera élire tous ces candidats.
Et donc c’est pour cela qu’était principalement envisagé des listes sur le format des groupes politiques du Parlement Européen :
– une liste PPE : un vote à la fois pour Merkel et pour Orban ?
– une liste S&D
– une liste RE (ex-ALDE) : un vote à la fois pour Emmanuel Macron, pour Mark Rutte, pour Andrej Babis, pour un libdem anglais, ou encore pour le parti de Margrethe Vestager membre des coalitions de gauche ainsi que Venstre, membre des coalitions de droite dans le même pays ?
– une liste V.ALE : un vote à la fois pour un indépendantiste écossais, catalan, un vert de tel ou tel pays, un pirate, Volt ?
– une liste GUE : un vote à la fois pour LFI, pour Podemos, pour Syriza, pour le Sinn Féin, pour le parti animaliste néerlandais ?
– une liste ID (ex-ENL) qui ne sont d’accord que sur la russophilie, l’islamophobie et l’opposition à l’immigration,
– une liste CRE : un vote à la fois pour le gouvernement britannique Tory, pour le gouvernement polonais PiS, pour Dupont-Aignan en France, et pour Vox en Espagne ?
– pour le cas de l’ELDD qui n’existe plus depuis 2019, ce groupe était créé par l’UKIP et le M5S italien juste pour atteindre le nombre de parlementaires de pays différents pour pouvoir créer le groupe
Bref on voit bien que ça ne va pas du tout car ils sont beaucoup trop éloignés politiquement. Cela n’aide pas l’électeur.
Et pourtant le mode de scrutin actuel où il y a plusieurs circonscriptions d’une même assemblée dans lesquels on ne peut pas voter pour l’un des groupes, ce n’est « tout simplement pas sérieux ».
Sauf que si on autorise des listes avec autant de candidats que souhaité (ou en tout cas moins que le maximum), il faut prévoir un/des mécanisme(s) de transférabilité, tels que ceux évoqués plus tôt dans ce message.
Si j’ai suffisamment d’informations répondant à ces questionnements ainsi qu’à ceux de mon précédent message, je pourrais remplir une colonne supplémentaire de mon tableau, et en profiter pour le mettre ici ou à tout endroit du discourse du PP où vous jugerez qu’il aura sa place.
Cordialement,
Vesporium
[Edit : La motion de ce point programme, même si je le trouve encore trop « flou », a au moins le mérite de ne pas comporter de contrevérités ou de formulations fausses, contrairement à certaines propositions émanant de députés.
Je considère également que cette proposition est toujours « meilleure » que les propositions de réformes que j’ai entendu ou lu émanant des politiques représentés au niveau national].