Prise de distance

Bonjour,

Je poste ici pour verbaliser une forme de mal-être, qui s’est installé durant l’année 2023.
Je compte rester adhérent du PP, car même si politiquement l’UCL est certainement plus en adéquation avec mes valeurs, le PP reste pour moi le meilleur du pire : les partis, c’est de la grosse merde, mais quitte à en manger, autant que ce soit le PPFR.

J’ai aussi le sentiment que la présence du PP aux élections a un effet pervers sur ce dernier et sur les gens qui s’y présentent :

  • La présence du PP aux élections induit une fluctuation du nombre d’adhésion qui amène des questionnements autour de la rétention d’une base militante, la sémantique n’est pas neutre. Je pense qu’il y a un écart entre chercher à retenir des gens ou en développer l’implication. On pourra répondre que la finalité est la même, sauf que retenir une personne dont la motivation est proche du néant n’amènera rien de bon.
  • Les gens se présentant subissent une influence, en lien avec la professionnalisation et/ou la structuration d’une démocratie représentative. Vouloir occuper l’espace médiatique sur l’actualité pour attirer des électeurs, ça ressemble quand même à de la politique politicienne. Pour revenir sur la professionnalisation, il me semble important de pouvoir limiter ces effets en plafonnant les revenus électoraux. Par exemple le PCF, statue : tout revenu d’élection pour une personne sans salaire est plafonné au précédent salaire dont le surplus va au parti et tout revenu avec salaire irait aux caisses du parti.

Cela dit, tout cela reste du détail, quand j’analyse une cause plus profonde à ce mal-être vis-à-vis du PPFR. Je suis allé à Saint-Imier cet été pour le festival Anarchy-2023 que j’ai adoré, où j’ai pu obtenir « La loi et l’autorité » de Kropotkine. Il y expose son analyse sur l’utilité de la loi, qu’elle ne sert pas in fine à borner les comportements inadmissibles, mais à légitimer l’oppression. Les premières lois émanent souvent de rois et posent les premières briques de l’état. Si on admet que la loi est faite par la bourgeoisie, il est légitime de questionner l’état de droit, dans le sens où que devient le droit s’il n’y a plus d’état ?

Les premières lois émanent souvent de rois, mais de nos jours, la plupart des lois sont d’origine bourgeoise. Pour s’en rendre compte, il suffit de regarder la sociologie de la députation et d’observer le recul de la part des classes populaires. Alors je suis extrêmement mitigé sur les points de programme du PPFR : avoir des lignes directrices pour savoir où on souhaite aller, ça me semble crucial et ça permet de poser la volonté du parti. Mais certains points de programmes sont littéralement des lois prêtes à l’emploi. La loi est faite par la bourgeoisie et je n’ai aucune envie de devenir bourgeois, ni même de jouer au bourgeois. Créer des lois est une forme d’embourgeoisement.

Sommes-nous de la bourgeoisie pour autant ? D’un point de vue marxien, non car la bourgeoisie possède les moyens de production. Dans cette définition nous sommes clairement des prolétaires. Le prolétariat ne se limite pas à la classe ouvrière, quand bien même l’URSS aurait voulu nous le faire croire. Par contre, la généralisation du salariat change le point de vue. Bourdieu a fait une nouvelle nomenclature à ce sujet, de la grande bourgeoisie aux classes populaires précarisées. J’ai d’ailleurs suivi une conférence gesticulée très intéressante explicitant le coeur de la gauche : populaire stabilisé et petite bourgeoisie intellectuelle ; conférence que je vous recommande : « l’écologie sans lutte des classes, c’est du gaspillage ».

Alors j’ai pris quelques distances, ne vote quasiment plus aux assemblées, ouvre peu discourse et discord. D’ailleurs j’ai décidé de fermer ce denier. Je ne compte pas retourner sur discord avant longtemps. Toutefois, je sais pas, il y a un truc qui me fait revenir au PP, même si je ne m’y sens pas à ma place en ce moment. Je pense revenir davantage sur discourse, car j’aimerai discuter d’une vision autours du fédéralisme, notamment une fédération de communes. Mais j’envisage peu ou pas mon implication au sein du PP pour l’instant.

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Bonjour @tar000un

Merci pour ta prise de parole, je trouve que ton message complète certainement le constat qui se fait sur le topic du positionnement politique du parti pirate.

De par tes lectures et tes sorties je peux voir que tu te placerai certainement très à gauche. J’ai envie de croire que ce qui te fait revenir parfois c’est ce petit truc anarchiste qu’il y a ici, d’auto organisation.

J’ai aussi le sentiment que la présence du PP aux élections a un effet pervers sur ce dernier et sur les gens qui s’y présentent :

Mon engagement politique personnel se traduit par l’idée que c’est soit nous arrivons à convaincre la société française que plus de démocratie, permettrait de nous sortir de nos impasses actuelles soit nous échouons et l’électoralisme auquel se livre le parti pirate n’est qu’un effort qui est vain face au péril fasciste que prend le pays.

Je n’arrive pas à me résoudre à la deuxième option, j’ai envie de croire, aussi petit que nous soyons qu’on peut essayer au moins d’être l’alternative. Ce qui me donne de l’espoir c’est les pirates européens qui ont plus de succès que nous mais je vois aussi les obstacles sur notre route et ils sont immenses.

Si jamais notre parti décolle un jour, il y a beaucoup beaucoup de choses qui risquent de nous mettre face à nos contradictions et ce jour là il faudra être fort pour ne pas se faire happer par le système démocratique actuel qui ne se laissera pas faire. Pour reprendre l’exemple de la Commune de Paris, cette insurrection s’est pas faite dans les urnes de manière très pacifique et j’en ai conscience.

Maintenant en rentrant dans un parti politique, j’accepte les règles du jeu électoral français, il est imparfait, me force à me compromettre parfois mais j’ai envie de croire qu’on changera les choses de l’intérieur.

C’est peut être naïf de croire ça mais sinon je te le demande de manière très sincère quelle serait la stratégie à adopter pour changer les choses ? Abandonner l’électoralisme, dissoudre le parti et partir en organisation auto organisée dans la lutte politique ? Pour quelle efficacité ?

Je pense que vu tes lectures tu as déjà lu Simone Weil et sa note sur la suppression générale des partis politiques. Son argument c’est qu’un parti politique n’est qu’un outil de conquête de pouvoir qui broie les individus et les autres partis dans l’intention de dominer de manière autoritaire (LFI je pense à toi). Je pense que notre fonctionnement en tout cas permet d’éviter ce cas de figure et c’est notre force.

Maintenant à ce sujet, tu as entièrement raison et j’irais même plus loin, nous reproduisons à l’intérieur de notre parti ce genre de sociologie. Nos têtes de listes sont pas des grands propriétaires terriens mais enfin on a une avocate, une architecte, un informaticien (et je ne vous en fait pas le reproche si vous me lisez c’est simplement factuel). Et dans la députation actuelle même constat les professions libérales sont sur représentées.

Il y a une vraie question du temps qui fait que c’est bien souvent des CSP+ qu’on retrouve dans les partis politiques et ça pour moi c’est une vraie question de fond sur laquelle malheureusement on n’a pas trop la main parce que qu’on le veuille ou non on fait parti de ce système électoraliste français qui prend du temps et le temps manque pour les plus précarisés. Mais j’ai envie de me battre pour eux qui n’ont pas le privilège de passer du temps à lutter dans une orga politique.

En tout cas sache que même si nous ne sommes pas la parfaite organisation anarchiste, il restera quand même notre petit idéal de démocratie liquide. Que tu restes avec nous, que tu t’impliques ailleurs je pense que de par nos visions communes de la société on restera alliés en tout cas je l’espère.

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Bonjour et merci pour ton témoignage @tar000un,
J’ai la faiblesse de penser que les idées ne dépendent pas des catégories socioprofessionnelles et que la lutte des classes ne visent qu’au statut co, qu’à un manichéisme sociétale qu arrange bon nombre de personnes que ce soit à gauche comme à droite, dans le patronat ou dans les syndicats.
J’au été attiré par le parti pirate pour son côté autogestion. Je n’emploie pas le mot anarchie car il à pour moi été vidé de son sens depuis de nombreuses années et il fait peur.
J’ai très envie de partager ici avec toi, avec vous des idées révolutionnaires dans les sens où elles permettent de penser en dehors de la boîte.

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@Dunk, ce qui me fait rester, c’est effectivement ce petit truc anarchiste qu’il y a ici. Parler d’auto-organisation, je sais pas trop, j’aimerai dire oui mais mon expérience du PPFR m’a laissé entrevoir ce que certaines personnes pouvaient appeler « le premier cercle ». Du coup, quant à la note de Simone Weil, le PP reste un parti, même si je suis d’accord pour dire qu’il y a une dilution du pouvoir et une révocabilité qui viennent pondérer cet aspect.

Je pense que l’électoralisme conduit au fascisme (au sens large).
Mais qu’il faut saisir cette tribune pour communiquer et rester fidèle à notre code.

Je ne pense pas qu’il y ait qu’une question de temps, mais aussi de disponibilité mentale et de projection.

Mais nous resterons alliés oui. :wink:

@ToutEstPossible, les idées n’en dépendent pas à proprement parler, les transfuges de classe me semblent un bon exemple. Je ne suis pas sûr de comprendre ta phrase sur le manichéisme, surtout que l’absence de conscience de classe favorise la bourgeoisie. De plus le marxisme prône la dictature du prolétariat, ce qui n’est pas un statu quo, mais serait une phase transitoire vers l’égalité. Vision que je ne partage pas.

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En tout cas je vais tâcher de poster le message sur fédéralisme dans la semaine.

Derrière « manichéisme » je voyais les approche droite/gauche, marxisme/capitalisme,…
Chaque courant apporte des choses intéressantes et des choses catastrophiques. Je pense qu’on peut avoir des approches différentes.
Quand les opposés se rencontrent quand ils sont intellectuellement honnête et non dogmatique, ils peuvent comprendre la position de l’autre, du fait de leur histoire (« classe sociale », habitude, vécu,…)
Je pense que la politique gagnerait à se focaliser sur des sujets précis plutôt que de poser des étiquettes.
Quand tu dis que l’électoralisme conduit au fascisme, je te rejoins. Je n’aime pas non plus la logique de partis. Je n’ai jamais été encarté jusqu’à présent. Je n’aime pas l’idée qu’un groupe de personne m’impose un comportement, une position ou une posture.
Plus concrètement, je milite pour un revenu d’activité citoyenne qui obligerait (pas au sens d’imposition, mais d’invitation) chaque citoyen à participer en responsabilité à la gestion des communs, ce qui pour moi inclus la gestion de l’état. Les citoyens seraient alors à toutes les strates de la société, de la BCE à la nomination des juges et peut être même carrément à siéger dans les tribunaux administratifs et judiciaires.
Les nominations pourraient se faire par tirage au sort. Je n’ai pas vu de discussions sur ce sujet ici. S’il y a une discussion, je veux bien le lien.

A ma connaissance il n’y a pas eu de sujet public dédié au tirage au sort (n’étant pas adhérent je ne vois pas les autres) en attendant un site très didactique sur le sujet : https://democurieux.fr/ et pour l’autopromotion c’est là : https://www.senatcitoyen.fr/

Whaou merci pour ce partage. Je vais me régaler.
Je pense que pour que le tirage au sort puisse fonctionner, cela passe par la responsabilité de chacun. J’en suis arrivé à la conclusion que cela passe par une refonte d l’école.