Le positionnement politique peut-il être objectif ?

J’ai parfois du mal à identifier, ce qui, dans mes positions politiques, dans mes pensées vis-à-vis du monde et de notre société tiens d’avis sans fondements, de positions faisant suite à des données et des méthodes, d’un mélange des deux. C’est une question qui m’a obsédé et qui me revient régulièrement en tête.

Les méthodes de résolution de problèmes

Il me semble qu’en ce qui concerne les méthodes de résolution d’une problématique, quelles qu’elles soient, on pourra distinguer les méthodes évaluables de celles qui ne le sont pas. Il s’agit là de donner la possibilité à la méthode (et à la théorie qui la soutient) d’être contredite, modifiée, voir supprimée. Par exemple, on pourra tout à fait se pencher sur la manière de faire diminuer la sécurité routière en évaluant des mesures :

  • impacts des campagnes de prévention

  • limitation de la vitesse maximale

  • modification de la formation des jeunes conducteurs

  • augmentation des revenus des plus démunis pour obtenir des véhicules plus sûrs

  • réintroduction d’une activités économique dans les zones rurales limitant les déplacements

À l’inverse, appeler les personnes à la responsabilisation est difficilement évaluable. C’est à dire que, avec ce type de préconisations, je me protège de la possibilité d’être contredit par les faits. Si, après évaluation, je me positionne sur la méthode ayant le plus d’effet, on pourra qualifier cela d’une position objective, qui ne dépend pas de mon humeur, ni du beau temps.

Le choix des problèmes

Ce que l’on peut qualifier de subjectif, voir de vraiment politique, ce sont bien les sujets qu’une personne ou qu’un parti met sur la table. Pourquoi faire ce focus sur la sécurité routière et pas sur l’immigration, pourquoi s’intéresser aux libertés civiles et pas aux start-up ? Il est intéressant de noter que, si l’on considère cette analyse comme pertinente, alors, les média, tout contre pouvoir qu’ils peuvent bien exercer, aussi neutre qu’ils puissent être, choisissent quel temps consacrer à quel sujet, quel nombre de caractères accorder à quelle thématique. Par définition donc, tout choix éditoriale devient un choix politique, même dans le cas où la réflexion politique n’est pas à l’origine de ce choix.

Il me semble qu’il est possible de justifier ses choix des problèmes à traiter, en tant qu’individu ou en tant que parti par 2 grands moyens :

  • Justification par l’appel aux valeurs
    Il s’agit là d’invoquer qu’il est important de défendre, par exemple, les libertés civiles bafouées, de rétablir une justice indépendante qui est un des marqueurs principal d’une réelle démocratie. Pour autant, en évoquant ces grands thèmes de la sorte, j’ai souvent l’impression de tomber dans le dogme. C’est-à-dire que je sais intuitivement que c’est important, je me dis qu’il s’agit d’une société dans laquelle je rêverais de vivre. Et, je me sens parfois en difficultés quant aux justifications que je pourrais apporter à ces choix. Surtout, je me dis que les personnes sensibles à ce type d’appel aux valeurs se doivent au préalable d’y adhérer, au moins en parti.

  • Justification par rationalisation de l’importance de ces valeurs
    Il me semble qu’il soit possible d’identifier des sujets de plus grande importance que d’autres par une analyse objective des interactions entre différentes variables. Si je reprends la thématique de la sécurité routière, que j’identifie que les questions de sécurité routières sont profondément liées à des questions sociales alors je peux justifier d’évincer la question de la sécurité routière au profit de la question des inégalités de revenu et d’accès à l’emploi. Pour autant, il me semble que cette méthode s’arrête là ou nos connaissances vis-à-vis du monde s’arrêtent.


J’ai la sensation de procéder, au moins en partie, scientifiquement, dans l’élaboration de mes choix politiques, j’aurais voulu savoir si c’était le cas pour vous aussi.

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Sans réponse à apporter, nous avions eu une réflexion il y a quelques années sur une possible méthode de raisonnement et une possible méthode d’organisation de la réflexion collective le tout s’intégrant dans un système liquide

Il me semble qu’on peut ajouter d’autres critères de subjectivité à savoir la méthode d’évaluation choisie puis la manière d’interpréter les résultats. La méthode scientifique d’évaluation, qui a pour principale critère d’être reproductible est un outils formidable, mais ce n’est rien de plus qu’un outil, vouloir tout régir par des indicateurs et des décisions automatiques, c’est faire le choix d’une dystopie technocratique.
Je pense qu’un peu comme en droit il faut abandonner l’idée d’objectivité, mais réfléchir en degrés de présomption. Ainsi un témoignage apporte une présomption faible, un travail d’investigation journalistique une présomption un peu plus forte, un article qui publie les résultats d’une expérience reproductible encore plus, dix ans de recherche avec de nombreux articles concordants une présomption forte.

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