Êtes-vous adhérent-e, et pourquoi ?
Oui, mais depuis quelques mois seulement. Vous le savez déjà, j’étais salariée à EELV jusqu’au début de l’année 2017, et membre de 2011 jusqu’à début 2014. Avec mon job, je suivais les travaux des pirates, je savais qu’il y avait pas mal de connivences avec mon employeur et je me suis rendue compte progressivement, après avoir assistée impuissante à l’échec du mouvement de l’écologie politique dans son envie de faire les choses différemment, que je travaillais pour un parti qui n’avait plus l’ambition de changer les choses mais seulement de se servir d’une idée à la mode pour une seule et unique raison, finalement, et raison bien décevante, celle de faire du fric. J’espère que les pirates ne se laisseront pas avoir par ce système comme l’ont été les écolos. Et puis j’ai compris aussi qu’on ne pouvait pas décemment se prétendre écolo, ouvert et rassembleur tout en refusant la double adhésion et en conspuant les écolos sincères des autres partis, et que plus personne n’avait le droit, en 2017, de revendiquer un monopole de l’écologie politique. Je suis une écologiste et ça ne changera jamais, je l’ai toujours été, que ça vous plaise ou non. Mais, et je ne le savais pas encore jusqu’à ce que je lise le code des pirates, que j’en parle avec mes amis, ma famille aussi, je suis aussi une pirate, une vraie, c’est dans mes tripes et je n’y peux rien. Alors tant qu’à faire, autant aller jusqu’au bout…
La suite de votre engagement ? Le temps que vous avez à y accorder ? Au local, au national ou sans frontières ? Plutôt pour un appuie technique (outils, stratégies, démocratisation) ou plutôt sur le fond politique (des écrits, des manifestations, des élections) ?
Du coup, je suis au chômage. Ex-permanente politique demandeuse d’emploi. Alors non, je vous le dis tout de suite, je n’ai plus du tout envie de faire ce travail là, en tous cas pas comme je l’ai fait ces 6 dernières années. J’ai envie de monter mon activité dans les relations publiques, je vais y arriver, ça me prendra le temps qu’il faudra mais j’y travaille. En parallèle j’ai envie de m’engager, de militer, d’y consacrer un peu de temps toutes les semaines en fonction de mon envie. Notez bien que je sors de 6 années où j’ai dû fermer ma grande gueule à cause d’une clause dans mon contrat, et que j’ai maintenant très très envie de l’ouvrir, pas pour dire ce que j’ai vécu chez les écolos, mais pour dire publiquement ce que je pense aujourd’hui des partis traditionnels et de la République 5.0, donc si ça peut servir à la cause…
Sinon, je suis assez disponible pour les appuis techniques si besoin, avec l’expérience que j’ai des échecs partisans, je peux toujours nous indiquer quand on se dirige vers un échec, donner quelques pistes pour éviter l’échec… Je peux aussi participer au contenu, surtout à la comm sur ceux-ci. Et puis à l’organisation aussi évidemment, même si j’ai une expérience surtout marquée par la gestion d’un bordel. Et pour les prochaines élections, je serai là, enfin si vous ne m’avez pas jetée avant, et si je ne pars pas m’installer à l’autre bout du monde (tout peut arriver !), vous pourrez compter sur moi.
Nous n’avons pas eu les subventions publiques, mais aux législatives, on a mis beaucoup d’argent sur la table pour celles et ceux qui pouvaient : est-ce que si le projet vous porte, vous pourriez faire des dons réguliers ? (mensuel ou annuel mais réguliers et significatifs). Si oui, donnez un montant indicatif (ça ne vous engage en rien et les possibilités de chacun peuvent changer mais c’est pour avoir une idée).
Autant je peux mettre mon expertise et mon temps à profit tant que je suis au chômage, autant en tant que demandeuse d’emploi il ne faudra pas m’en demander trop financièrement. Mon adhésion évidemment, tous les ans, et probablement un don à la fin de l’année si je paie encore des impôts, 100 euros maximum, ce que je n’ai jamais donné auparavant à un parti politique donc ce sera une première, sinon vous pourrez compter sur moi pour trouver des donateurs
Est-ce que vous voulez un parti top-down ou bottom-up ? La question est un peu viciée, à vous de voir comment vous voulez y répondre mais ma question porte moins sur la manière de décider que sur le fléchage des investissements temps et argent. Est-ce que vous voudriez plus de visibilité nationale ou internationale (collectivisée) ou est-ce que vous préférez que chacun et chacune nous soyons plus actifs à nos échelles (mérite individuel des membres) ?
Attention, réponse ultra perso, individualiste et sur la base de “Moi je”, “je crois” et “je pense” bien comme on aime…
Moi je propose un système horizontal, comme ça pas de top ni de up d’un côté, ni de bottom et de down de l’autre, tout le monde voit et sait tout. Et on délègue à des instances ou des binômes (de préférence paritaire) ou petits groupes de personnes ce qu’on peut et ce qui doit l’être, mais jamais à un seul s’il-vous-plait, c’est comme ça qu’on finit par se faire bouffer par le système. En gros, des binômes de coordinateurs locaux/nationaux, des binômes de porte-paroles, des binômes de responsable de commissions si vous voulez, je ne sais pas encore comment tout fonctionne mais d’après mon expérience, il ne faut jamais laisser de pouvoir à une seule personne, quelles que soient ses intentions.
Par ailleurs, si la communication nationale doit être harmonisée, je pense que c’est important de tous dire et faire la même chose nationalement pour une meilleure visibilité et compréhension de nos intentions par le grand public, elle ne doit pas empêcher les initiatives locales d’émerger, au contraire, elle peut et doit les utiliser pour alimenter son travail. Il ne doit pas y avoir de déconnexion entre le national et le local, en fait le local doit faire partie intégrante du national et inspirer le national dans son travail. En fait, j’irai même plus loin, c’est le national qui doit être au service du local, il n’y a que comme ça qu’on arrivera à nous faire entendre. Mais le local doit aussi s’inscrire dans le national, notamment avec la création d’un outil plus participatif, plus actif qu’un forum ou qu’une liste de discussion. Je parlais de Discord, les Insoumis s’en servent très bien, je crois qu’il existe une version framasoft d’un outil du même genre, sinon il y a aussi Balotilo, dans un autre genre et pour un autre usage, sinon il y a effectivement moyen de créer notre propre outil, comme je l’ai déjà lu ici (je ne sais plus qui l’a écrit, je vous ai tous lus !), sur la base d’un cahier des charges sur lequel je suis SUPER motivée à travailler.
Je pense que nous devons être force de proposition localement pour démontrer que oui, c’est possible de faire de la démocratie liquide, je pense que nous devons être les précurseurs d’un modèle de prise de décision, de fonctionnement, que nous pouvons parfaire, parce que celui que je crois voir ici n’est pas encore tout à fait parfait. Je pense que nous devrions être force de proposition, de par la nature de notre mouvement, d’un outil permettant la mise en place aussi bien nationalement sur le parti que localement dans les sections locales d’une démocratie liquide, et que ce n’est que comme ça, en réfléchissant sur la manière de faire, la manière de prendre des décisions collectives, la manière de travailler, que nous réussirons à convaincre nos électeurs et potentiels électeurs de notre différence de fonctionnement, et surtout de notre légitimité. Et en fait je crois que c’est la création de cet outil qui peut nous permettre de rassembler autour de nous et de notre mouvement.
En trois thématiques, quelles sont les plus importantes pour vous au niveau du Parti Pirate ? (ça peut-être des valeurs, des stratégies ou des points de programme indistinctement).
Démocratie : Toujours plus, toujours plus ouverte, toujours plus présente, c’est sur ce point qu’on réussira à se faire entendre.
Libertés : C’est pour ça qu’on est là !
Ecologie : C’est pour ça que je suis là…
Quel bénéfice personnel, pour vous, vous voulez en retirer ? Bien sur j’imagine que ce n’est pas pour le salaire de député mais ne dites pas “rien”, la question, c’est de savoir si vous en retirez du plaisir, de la visibilité sur vos combats, de la solidarité, des compétences …
Du plaisir évidemment, celui de pouvoir enfin m’exprimer librement, sans être jugée, et d’être enfin écoutée, entendue, de voir mes idées partagées par des gens qui n’ont pas envie de me les piquer pour réussir mais qui ont envie de les porter avec moi. Celui d’être entourée par des gens qui croient que c’est possible d’agir pour le collectif et qui ne sont pas là pour leur propre ambition…
Et des compétences, beaucoup, j’espère apprendre et enseigner à mon tour tout ce que j’aurai appris avec vous, et évidemment tout ce que j’ai appris avant d’arriver ici. J’ai envie de faire ça sous la forme de vidéos tutos, j’y songe sérieusement, mais jamais sans votre aide au moins pour le contenu, au mieux pour la forme.
J’ai aussi très envie de continuer à prendre la parole en public et d’apprendre à le faire, comme je l’écrivais plus haut, ça me manquait quand je travaillais de ne pas pouvoir animer de réunions politiques, ou de ne pas pouvoir prendre la parole pour défendre mes idées.
J’ai aussi envie de réapprendre à argumenter, à débattre, ce que j’avais un peu commencé à faire avant de commencer à travailler en politique, et que j’ai complètement arrêté depuis.
Qu’est-ce qui ne vous plait pas dans le fonctionnement actuel du Parti Pirate ? Que proposez-vous à la place ?
Je pense avoir déjà répondu à cette question, et je n’ajouterai rien de plus puisque je suis encore un moussaillon en apprentissage…
J’ai quelques commentaires à ajouter :
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Je suis convaincue, après un mois de campagne, de rencontres et de terrain, qu’il faut abandonner le mot “Parti” de notre nom. Les Pirates ça irait mieux, tellement la connotation du mot “parti” est négative dans l’opinion publique. Mais ça n’est que mon avis.
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Je suis persuadée aussi, et ne le prenez pas mal mais je dois vous le dire une bonne fois pour toutes, comme ça c’est dit et on passe à autre chose, qu’il faut oublier cette comm trop techno qu’on nous a proposée ces derniers mois. Parce que c’est un peu trop techno justement. Je ne nie pas que c’est mieux que tout ce que j’ai vu dans mon précédant parti, mais ce n’est pas ce à quoi je m’attendais en vous rejoignant. On doit y réfléchir, je suis volontaire pour y réfléchir, on peut y travailler à plusieurs, à distance, on peut faire des brainstormings, quelques études de cibles, et on trouvera bien un bon truc simple à produire nationalement et déclinable localement (mais ça doit venir de nous tous, de chacun d’entre nous, chacun à notre niveau, selon notre temps et pas d’un petit groupe, et je suis prête à aider à coordonner tout ça si vous le souhaitez, et je dis bien “coordonner”, pas décider pour tous les autres).
Je pense que, et ça je l’ai observé plusieurs fois depuis mon adhésion récente, plutôt que de constamment “s’inspirer” de ce que font les autres partis pirates, on a largement les moyens de créer nos propres outils sans systématiquement copier intégralement ce que font nos copains ailleurs et ce pour plusieurs raisons, la principale étant que ce qui fonctionne dans d’autres pays ne fonctionnera pas forcément chez nous, la deuxième étant que ce n’est pas très original, et si on veut se démarquer il va falloir qu’on fasse preuve d’un peu plus de créativité et d’originalité dans notre communication. Cela ne veut pas dire que nous devons nous infantiliser, juste que nous devons y travailler intelligemment et tous ensemble.
J’ai compris aussi, après en avoir parlé avec plein de copains autour de moi, que l’objectif principal des pirates, dans l’immédiat, doit être de résorber le déficit de notoriété. Comment ? Je ne sais pas, j’ai quelques idées mais je pense que ça passe déjà par une harmonisation de la communication, des outils plus facile à personnaliser, pas imposés, décidés en collectif, et surtout à une étude et une amélioration de la présence sur les réseaux sociaux et pourquoi pas, peut-être, par l’émergence d’influenceurs dans nos rangs (l’autre mot pour Youtubeurs).
Il y a pas mal de choses à faire, pas mal de travail en perspective, mais j’ai très très envie de m’y mettre et j’espère que ma motivation déteindra un peu sur tous les autres