Démocratie Liquide

Nickel.

Dernière question, dans la pratique (de la façon dont tu l’as implémenté), un électeur est il au courant des délégations qui lui sont accordées?

Car il me semble difficile de rendre ces délégations secrètes et/ou anonymes dans la mesure où l’interdiction de cycle permet par exploration de déterminer les personnes t’ayant accordé délégation. Bon après le système de pondération semble rendre impossible l’évaluation du pouvoir de vote, mais on peut quand même, en supposant qu’un électeur est un noeud d’un graphe orienté, avoir l’ensemble de ses aïeux dans le graphe.

En soi même est ce que c’est grave?

Comme je disais, in fine oui. Dans l’implémentation que j’ai fait tu as malgré tout la possibilité de laisser tout le temps public.

Exactement. Alors sur des petits groupes ça semble possible sur une population entière tu peux rajouter un rate limit. De plus oui cela se limite à ceux qui te font une délégation ou qui ont délégué à quelqu’un qui t’ont fait une délégation… Bien entendu tu sais du coup QUI n’est pas dans ce groupe là.

Mais oui à la fin tout ce sait.

Pour moi non, pour certains il semblerait que oui. Mais que veut-on ?

J’ai lu sur l’échec de liquidfeedback (problème d’intérêt des votants, disparité entre les votes des délégués et ceux de ceux qui leur ont délégué le vote). J’aimerais ton opinion par rapport au système de visibilité des propositions basé sur un ordre harmonique reposant sur les votes preliminaires. J’aimerais aussi ton point de vue sur les faiblesses de lfb qui le rendent inutilisable en pratique (je crois que c’était le terme que tu avais utilisé sur un autre fil). Je suis actuellement témoin de conflits et d’échec d’un système démocratique à petite échelle où une minorité se sent déconsidérée et rendue invisible par une majorité (population d’une cinquantaine de personnes) et j’aimerais proposer un système de démocratie liquide pour remplacer le système actuel de démocratie directe interne à chaque groupe puis discussion entre délégués.

Alors un petit retour pour te dire que j’ai lu et que je t’oublie pas.

Il faut voir plusieurs aspects :

  • La délégation : c’est la partie liquide de la démocratie
  • La granularité : c’est le nombre de voix qu’a une personne, permettant de les disposer sur plusieurs propositions
  • Le dispositif de vote : c’est comment les choses vont être sélectionnées, on fonctionne beaucoup aujourd’hui en mode concurrentiel - c’est facile - alors qu’on peut aussi fonctionner en mode préférentiel (borda ou condorcet - borda étant le plus simple)

Pour moi, le gros souci de LFB est de vouloir TOUT faire. Donc les gens doivent TOUT s’approprier avant de pouvoir faire quelque chose.

Avec les divers outils que j’ai conçu et/ou mis en place il y a avait trois axes :

  • La modularité : tu peux bosser la liquidité dans un coin (Personae), le dispositif de vote dans un autre (Congressus)
  • Le SSO / user directory : ton login / mdp te permet de rentrer dans différents outils (Galette - SSO)
  • La montée en compétence : on peut commencer simple et complexifier au fur et à mesure.

Aujourd’hui, sincèrement, après quelques mois d’utilisation, la demande de vote « complexe » ou « préférentiel » émerge.

De plus - et c’est un chantier qui va débuter - il y a un objectif de gameification des outils pour justement aider à la compréhension.

Je pense sincèrement que LFB était trop monolithique et ne permettait pas de faire ce qu’on voulait comme on le voulait, et du coup imposait un mode de procédure qui n’était pas forcement le notre, et surtout une rupture de paradigme assez violente pour les gens qui n’ont pas l’habitude.

Et pour beaucoup, c’était moche :smile_cat:

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D’accord donc c’est plus l’approche monolithique que les composants qui posaient problème. Je note, si tu as d’autres considérations fais m’en part je suis intéressé!

La frustration avec LQFB pour moi (utilisateur donc) c’est justement qu’il correspond à l’ensemble de ce que je veux (la liquidité dans le vote, dans les propositions, modification de proposition, proposition de modification de proposition, vote pour les propositions et modification de proposition).

Bref, on se retrouve avec un outil qui a pour objectif de coconstruire ET de faire émerger une proposition. Ce qui veut dire qu’en général, on n’a pas besoin de voter, in fine, sur la proposition finale, car on a voté presque 6 ou 8 fois avant (j’ai mémoire d’une proposition ou j’avais voter 8 fois sur la même proposition sans que l’on dépasse en réalité la phase 3).

Le problème, c’est que les gens ne cherchent pas forcément TOUJOURS un outil comme cela, mais plus un outil qui permet de « départager » les gens par un vote simple (mais avec le risque de l’écrasement de la minorité effectivement).

Un autre problème factuel, concret, était les « quorums » un peu partout, qui exige une gestion très fine des « actifs ». En effet, si on a un quorum à 50 % des membres, mais que l’on a 60 % de comptes inactifs (pas de suppression de compte, personne ne s’étant jamais connecté ou ne voulant pas s’exprimer) et bien l’outil est bloqué totalement.

Pour finir, je confirme que l’interface étant un peu abrupte (même coté administration à mon sens) l’outil n’était pas vraiment aisément manipulable, ce qui bloque de manière importante la participation.

J’attire votre attention sur un malentendu fréquent au sujet de la démocratie liquide.

Ce malentendu découle de l’existence fréquente d’une manière de l’implémenter, sous une forme “délégative”.

Mais le concept est plus vaste et s’étends à toutes les façons par lesquels un citoyen peut voter “automatiquement”.

Ca peut consister à copier le vote de quelqu’un d’autre, ce qui revient à lui déléguer son pouvoir.

Mais ça peut aussi consister à voter selon le vote majoritaire parmi un ensemble de personnes et bien d’autres façons.

Ca peut aussi consister à voter selon les recommendations de vote de tels ou tels organismes auquel on s’abonne.

Etc, etc.

Le point central, c’est que l’informatique permet des collaborations diverses, faciles à modifier et donc le contraire de rigide.

C’est, dès qu’on y réfléchit, à la fois la seule façon d’implémenter la démocratie directe à grande échelle et la forme la plus ouverte de collaboration, puisque elle permet toutes les autres.

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Voilà le “whitepaper” auquel je suis parvenu à l’insu de ma campagne pour les législatives dans la seconde circonscription de Haute-Corse. C’est je pense un des moyens les plus simples de mettre en pratique la démocratie liquide. Encore faut-il qu’un élu accepte de le faire…

Nouvelle vidéo de democracy.earth, ils viennent de lancer la première version alpha de leur plateforme de démocratie liquide. https://youtu.be/tsz7MjMJ5J8