Continuité pédagogique

La période que l’on vit a amené les prof’s comme moi à faire « l’école à distance » ! Réjouissant diront les geeks, triste diront les humanistes … je dirais, un peu des deux - je ne suis pas normand pourtant.
Je passerais sur les congratulations aux enseignants de notre ministre de l’éducation, qui ne cesse en réalité de nous mépriser - tout autant que ces estimations au doigt mouillé des décrocheurs à 5 ~ 8 %.
Parce que oui, particulièrement en lycée professionnel où j’exerce, on est plutôt à 5 ~ 8 % de jeunes qui se sont accrochés - moi aussi je fais mes estimations au doigt mouillé. Lire cet article très intéressant sur le sujet : https://www.sudradio.fr/societe/pour-les-eleves-de-la-voie-pro-un-confinement-aux-effets-catastrophiques/

Alors pourquoi, que dire ? Et bien, ce qui est vrai, et les parents confinés et en télétravail (je suis également père de deux garçons scolarisés primaire et collège) se sont rendus compte d’une part que les enseignants n’étaient pas des planqués bossant 18 h par semaine, et que tout le monde n’était pas pédagogue : Bref qu’enseigner, c’était un vrai métier qui demandait pas seulement des connaissances mais beaucoup de compétences et de patience ! Le petit plus, c’est aussi qu’il y aura l’an prochain probablement moins de mômes jugés par leurs parents comme très précoces pour expliquer leur agitation et / ou leur ennui à l’école :kissing_closed_eyes:

Pourquoi je vous parle de ça … Ben, pour faire la causette :stuck_out_tongue: …et puis surtout pour apporter trois réflexions qui en tant qu’enseignant m’ont sauté très vite aux yeux.
Premièrement, trop d’élèves n’étaient pas correctement équipés pour utiliser le numérique, et que même en région parisienne beaucoup de famille n’avaient pas des connexions dignes de ce nom. Un grand plan du numérique ne serait pas de trop pour équiper toutes les familles …
Deuxièmement, les « jeunes » - on avait commencé à s’en apercevoir - utilisent beaucoup leur smartphone et les tablettes mais ne maîtrisent absolument aucun outil TIC. L’hécatombe est quasi général, et ce n’est pas en faisait faire des programmes sur Scratch en technologie qu’on surmontera l’ampleur du désastre. Pire, on ne les prépare absolument pas à aborder le monde hyper-technologique qui vient …
Troisièmement, et enfin, en tant que professeur cela a questionné fortement ma pédagogie - Ouvert de nouveaux horizons, et fait repenser à la fois l’utilisation des TIC mais et évidement penser autrement la pédagogie différenciée - surtout quand le principal pour moi était de maintenir les liens avec mes élèves plus que d’attendre et d’exiger des rendus qu’ils étaient incapables de fournir (par manque de moyens ou de motivations). C’est sans doute là le point je n’ose dire positif, mais constructif de cette crise !

Voilà … je le dis tout de suite ; c’est juste pour discuter de la vision de chacun.e sur la pédagogie, l’utilisation des TIC, la pédagogie différenciée - mais ne me demandez ni de faire une motion, ni de former un équipage :roll_eyes:

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Je découvre le “partipirate” et pour le moment, je suis très neutre… cependant, la discussion m’intéresse : dans le fonctionnement des établissements et des administrations et dans l’implication de collègues.

J’ai l’impression que 20% des enseignants sont plutôt relâchés dans l’enseignement à distance : ils font un cours en mode amphi ou bien carrément pas cours (un doc à étudier et un devoir à rendre). Le bon usage des ressources numériques ? ces mêmes profs y sont allergiques…
Je suis en colère parce que je constate cela dans mon équipe pédagogique et quelques autres autours… alors quand les parents se plaignent des profs, je suis mis dans le même panier ! J’imagine que c’est le même combat que les policiers…

Donc clairement,

  1. Usage des outils de base : des aides sur le bon usage des suites bureautiques, des formats de fichiers (PDF, ODT…) pour les élèves et les profs ne seront pas de trop.
  2. Comprendre la différence entre un fichier texte de 50 ko et un fichier vidéo de 500 Mo pourrait éviter des problèmes de performances des réseaux (et éviter la saturation des boites de messageries)
  3. Montrer les outils LMS (comme Moodle) pour favoriser le suivi des élèves dans leurs apprentissages est une nécessité (j’ai commencé dans mon lycée)

Je ne souhaite pas créer une manifestation ou un truc violent, mais j’aimerai trouver des collègues avec qui discuter de tout cela, pour améliorer l’opinion des parents sur notre travail et trouver les leviers pour aider les élèves.

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Étant un ancien professeur, j’ai un regard assez critique sur d’une part, cette période de ‘‘continuité pédagogique’’, mais aussi, sur l’institution que représente l’Éducation Nationale en général. Je précise, que me concernant, j’ai raccroché, comme on dit, en juillet 2020! Plus aucune motivation, bref, ce n’est pas le sujet ici.

Je te rejoins @sebiseb, sur les félicitations du ministre. De toute façon, les choses sont claires non? Il décide, ensuite, aux autres de se débrouiller pour que la mécanique fonctionne (le ministère décide, les rectorats reçoivent et transmettent, et aux personnes sur le terrain à se débrouiller). 5 à 8%, très sérieusement, pour ma part, c’était plutôt 50 à 80%. Mais bon, concernant ses chiffres, à chacun ses stats" ‘‘maison’’. A entendre le ministère, en effet, il n’y a pas tant que ça de décrocheur, d’ailleurs, à entendre certains (anciens) collègues, effectivement, il n’y aurai que 1 ou 2 absents tout au plus à ses CV (classe virtuelle). Les mêmes collègues venant ensuite râler que l’outil du CNED ne fonctionne pas, les élèves n’y arrivent pas, etc. (?)
Donc oui, les parents ont pris conscience de certaines choses. Maintenant, comprendrons t-il des remarques comme ‘‘manque de concentration’’, ‘‘travail non approfondi’’? Pour ma part, rien n’est moins sûr, mais nous- pardon, vous verrez.

Ta réflexion est intéressante, mais, je me permettrai quand même de rajouter quelques points:

  • le manque d’équipement numérique: Oui, je suis d’accord. Que proposer? Que l’institution (EN, département, région (?)) prend en charge? Pourquoi pas? Mais quid des frais d’abonnement? Quid des logiciels (pour cela, j’ai bien un début de réponse, les logiciels libres comme Linux, LibreOffice, VLC et autres). Et puis, quid de ce qui concerne les personnels.
  • Petite précision, tout le monde constate et semble consterné. Mais en faite, qui se charge ou devrai se charger de cette éducation? Là encore, avec des élèves ayant des EDT frôlant pour certains les 30 heures, la question n’est pas simple…
  • Ce qui est constructif, à mon sens, et je pense que nous sommes d’accord, c’est bien le fait de se questionner et faire évoluer sa pédagogie. Par contre, en ce qui concerne l’absence de rendu, voir même, dans certain cas, de n’avoir aucune exigence, cela, me pose question!? Tout le monde s’accorde à prétendre que le niveau diminue, le niveau attendu est ramené à la baisse. D’un autre côté, les programmes (en tout cas, pour ma discipline), sont de moins en moins tenable et nous, de nous en attendons aussi, de moins en moins. Qu’en penser? Je ne sais pas.
    Idem, comment ne pas s’interroger sur les 95% de réussite au BAC 2020 ([https://www.letudiant.fr/bac/bac-2020-les-resultats-definitifs-confirment-le-record-avec-95-de-reussite.html](http://Article de l’Etudiant) )

Je rejoins également @Golfy, dans le bahut où j’ai œuvré ma dernière année, il y a carrément des collègues dont nous n’avons eu aucune nouvelle du 19 mars 2020 à… la pré-rentrée le dernier jour du mois de août 2020! (et je n’exagère à peine!). Cela est un fait, qu’il faut aussi admettre!
Tout les points pertinents que tu soulignes @Golfy, se résoudraient surement (?) par plus de formations. Formations, pour les élèves, mais les enseignants aussi! Cependant, franchement, qui s’y inscrirait! Dans mon étab. 4, voir 6 max! (et je te garanti que ce ne sera pas ceux qui ont le plus besoin!). Les autres diront, c’est sympa, mais (à juste titre), pas le temps, pas la motivation, pas… pas… pas… et par contre, le(s) problème(s) de base lié(s) au numérique, sont eux, toujours là!
Voilà mon point de vue sur ce sujet. Monter un équipage pour moi, c’est non, participer à la préparation et à la présentation d’une ou des motions, pourquoi pas.

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Merci @Arthyom_86 : je n’ai pas encore l’intention de « monter un équipage » car je n’ai jamais fait de « politique » et je ne suis pas sûr d’avoir les capacités pour le faire. Toyota a toujours préféré être second, parce qu’il est plus facile d’avoir un objectif à atteindre (suivre et ne pas lâcher le premier), c’était à l’époque des déboires de General Motors.
:sweat_smile:

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Merci @Golfy et @Arthyom_86 d’avoir relancé la discussion. Précisions ;

  • Quand je dis 5 à 8 % qui sont restés “accrochés” donc, plus de 90 % de décrocheurs au cours la première période,
  • Je suis d’accord, les formations ne sont pas l’alpha et l’omega de tout.
    Nous sommes depuis novembre (plus ou moins) en cours hybrides - Aucune nouvelle depuis la rentrée de notre inspecteur qui nous envoie lundi soir un document pour faire des sujets d’examens (CCF). Moins de dix jours pour le compléter.
    Ce que je déplore, c’est ce management catastrophique. Notre corps d’inspection qui est censé nous accompagné nous a complètement lâché (en construction je dépends de plusieurs inspecteurs), laissant comme le ministère et les rectorats nous débrouiller.
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Je confirme.

Idem, la seul “réalisation” qui a été faite, un “blog” reprenant grossierement ce qui est fait par si et par là. Sinon, strictement rien. C’est le grand débrouillé vous.

D’un autre côté, avant la crise, les seules nouvelles qu’on avait d’eux c’était la lettre de rentrée et les circulaires.

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Ahahah… Pas mal! Finalement, je me rend compte qu’en ce moment c’est chacun pour soit. Les collègues avec qui je suis toujours en contact ont un problème similaire, avec l’utilisation du matériel de labo. Ensuite, ça a été avec l’utilisation du matériel de labo dans des salles banalisées (vu que maintenant, c’est chaques classes qui ont leur propre salle).

Sur un point aussi essentielle que le chant et le port du masque, ne pas avoir de précision, c’est ‘‘du lourd’’ par contre!

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Pour autant, le ministre reste très populaire et les enseignants totalement méprisés - même pas considérés comme travailleurs de deuxième ligne, essentiels.
On gère des situations de détresse sociale tout en devant assurer l’apprentissage, la préparation aux examens, …

Je rajoute une pièce dans le machine.
Ici c’est fonctionnement normal, avec masque et aération tout de même, pas de demi-groupes (trop destabilisant et entrainant des violences par le temps libre généré visiblement et admis à demi-mots).
Pour un peu plus de recul mais à la fois de spécificité, je suis professeur-documentaliste et je n’ai pas droit à la prime de matériel informatique ni au laptop fourni par la région puisque je ne suis “pas devant élève”.
Pour autant d’après les collègues et l’administration je suis un des rares relativement compétent pour gérer l’informatique du lycée (en équipe hein) et faire la promotion du numérique autant au niveau des collègues que des élèves.
Bref je ne comprends plus grand chose aux politiques éducatives nationales et locales…

Pour ce qui est de la popularité du ministre je ne suis pas sur que ce soit le cas aujourd’hui tant au niveau des élèves, que des parents ou des collègues.

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Il est populaire dans les médias et auprès du grand public. Les parents des lycéens qui s’intéressent un peu à l’avenir de leurs chérubins ont compris en effet qu’il a désorganisé complètement les établissements scolaires, mais pour la plupart des citoyens, le ministre a bousculé les prof’s et leurs syndicats, et pour eux c’est forcément une bonne chose - peu importe le fond, du moment que l’on a tapé sur « les bloqueurs » (syndicalistes). Voilà pour mon coup de gueule !

Lundi soir mon inspecteur a envoyé un message à l’équipe pédagogique pour lui préparer des sujets de CCF (je suis en LP) - on a moins de 10 jours pour donner les premiers éléments :roll_eyes: …sachant, évidement qu’entre temps on doit continuer de faire cours, suivre les élèves en stage (en mécanique ils sont en stage), assurer un quotidien difficile (je ne reviens pas sur ce que j’ai dit au-dessus).
Mais ce même inspecteur n’a pas donné de signes de vie depuis presque un an (à peine pendant le premier confinement). Il est venu voir mon collègue avant le confinement de novembre, mais ne nous demande pas de faire remonter nos difficultés pour faire l’enseignement hybride, propose des pistes de partage de bonnes pratiques entre établissements, … aucune réunion en visio-conférence pour cela. Bref, aux abonnés absents dans un moment où on aurait plus que jamais besoin de soutien !

Les prof’s auront clairement tenu à bout de bras le système, et assurer la continuité des apprentissages des enfants de ce pays ! L’institution a été totalement défaillante. Le ministre, par caprice, s’est vu attribué pendant cette période le ministère des sports … c’est vrai, il a le temps pour ça, pendant que nous on nettoie les tables, on aère les salles, on bricole avec des ordinateurs obsolètes et des connexions foireuses.

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Je ne sais pas de auprès de qui il est populaire.
Je présume qu’économiquement, il rend Bercy heureux, socialement, les parents sont satisfaits que les écoles restent ouvertes et politiquement, il donne l’exemple d’un ministre ferme mais proche des enfants (bonne com).
Donc la situation des professeurs n’est correctement vus que par les professeurs et les élèves qui passent le bac. Qu’en pensez-vous ?

Pour revenir à la continuité pédagogique, notre rectorat a mis en place une solution de LMS appelée Moodle.
C’est un outil très intéressant, car il permet de créer des parcours, les élèves peuvent voir leur progression, on peut y déposer des ressources et créer de QCM.
Pour les moments en distanciel, c’est la seule solution viable :
les profs qui font des cours magistraux en distanciel se trompe de pédagogie : les élèves s’ennuient, n’arrive pas à rester concentrer et sont tentés de faire autre chose.
Inversement, profiter de ces moments pour répondre aux questions, proposer des activités simples et interactives (des débats ? des défis ? des jeux ?) semble plus porteur.

Pour générer des vidéos, sur Windows je recommande le logiciel libre Captura, qui permet de capturer une zone de l’écran ou l’écran entier, avec les clics de souris, la voix, etc. pour créer des fichiers vidéos plutôt légers (encodage h264 pour les experts qui liraient). Une vidéo de 20 minutes reste inférieure à 70Mo, ce qui reste très intéressant pour déposer sur une plateforme proposant 1Go d’espace disque (là, je cherche encore)

J’en pense que c’est le ministre le plus démagogique que je n’ai jamais vu, dans ce gouvernement et à la tête de l’Éducation Nationale - vendu par les journalistes comme un « bon connaisseur » du système, c’est surtout un idéologue qui a mis à œuvre son projet « très personnel » sans aucune idée de son déploiement sur le terrain et les conséquences.

En effet, les syndicats se sont battus, en vainc, pour que les enseignants (et oui on le reconnaît ce statut mais pas les avantages qui vont avec) documentalistes bénéficient de cette prime.

Dommage que Captura ne tourne pas sous Linux. Ceci étant dit, le numérique c’est bien, mais la transformation des cours « présentiels » en cours « distanciels » est très très chronophage.

En effet, le règne de « Pas de vagues » … Pour autant, je suis prof’ depuis plus de 20 ans, et je continue parce que le travail avec mes élèves (pourtant difficiles, voir très difficiles) me plaît ! Je pense que je suis encore plus enthousiaste avec eux qu’à mes débuts. Mais j’ignore complètement les cadres de l’Éducation Nationale, ils ont définitivement perdu toute crédibilité à mes yeux - je fais vaguement ce qu’on me demande, quand on me le demande, mais je leur affiche mon profond mépris.
J’évalue l’efficacité de mon travail quand je vois des élèves réussir ou même simplement retrouver le goût d’apprendre ce que je dois leur apprendre, s’intéresser aux sciences et aux techniques (ce que j’enseigne). Parfois même m’interroger sur des trucs totalement en dehors du programme comme la relativité générale ou la mécanique quantique (j’évite de me disperser, mais ça me fait toujours plaisir de leur transmettre quelques concepts généraux qui leur font écarquiller les yeux) !

Pour moi je remplis ma mission. Parfois je discute avec eux, à la fin du cours. Ils se confient un peu, me font part de leur doutes sur leur avenir - j’essaie de les rassurer, de leur dire qu’ils sont au bon endroit (à l’école) pour se construire une autre condition sociale et s’en sortir.

Alors les injonctions, souvent contradictoires, des inspecteurs ou du ministre … je m’assoies dessus (pour rester poli) :slight_smile:

Bonjour à tous !

Merci pour ces réflexions :smile:. Je ne suis pas professeur de métier mais j’interviens en tant que vacataire à l’université pour plusieurs modules. Mes cours sont principalement autour des technologies du web et je ne peux que constater les mêmes choses que vous :

  • Même à l’université, dans des filières spécialisées, les étudiants sont loin d’être à l’aise avec les outils techniques à leur disposition (et ils veulent pourtant en faire leur métier) ;

  • Le passage des cours du présentiel au distanciel est très compliqué des deux côtés (élèves / prof).

Pour le premier point, on peut juste blâmer le manque de ressource et d’accompagnement élève / professeur portée au niveau de l’EN. Mais il manque aussi une vraie dynamique générale dans le pays d’apprentissage des technologies. C’est très compréhensible, la plupart des outils de notre quotidien utilisent des technologies qui sont loin d’être connues par le grand public. Le paradoxe de l’utilisateur final, qui est encore plus exacerbé par la complexité des outils numériques.

Même les enseignants chercheurs du domaine, qui donnent des cours avec moi n’ont pas tous pris le virage du distanciel. Il faut transformer les cours, adapter sa pédagogie… Comment le faire correctement alors qu’il faut s’adapter très (trop) rapidement. Clairement, avant cet épisode COVID, personne ne s’était intéressé aux technologies d’apprentissage à distance, ça fait beaucoup à appréhender chacun de son côté.

Voila pour ma vision prof, maintenant parlons des élèves. Je ne suis pas sur d’avoir une vision très complète mais j’ai un peu l’impression qu’on se dit toujours « bof ils s’adapteront ». Les élèves comme les profs doivent entièrement adapter leur manière d’apprendre (manière qu’on leur inculque depuis le plus jeune âge comme étant la bonne). Même à l’université, travailler de son côté sur un sujet et venir en cours pour traiter les questions/aller plus loin est une utopie (en tout cas dans la formation dans laquelle j’interviens). Alors qu’en dire en primaire/collège/lycée… Je pense que c’est presque pour les étudiants (tout âge confondus) que c’est le plus difficile parce qu’ils n’ont plus aucun repère. Un professeur va au moins rester dans le cadre de la matière qu’il enseigne, c’est mieux que rien…

Je fais l’école à la maison pour mes 3 enfants et quand je vois, lors des contrôles annuels par l’inspection académique le gap entre la réalité du terrain et les attentes des inspecteurs je ne peux que m’attrister de voir qu’on continue dans cette direction… L’EN c’est une entreprise avec un très mauvais management (je n’en voudrais pas dans le privée tellement c’est du délire) et surtout une hiérarchie à étage comme on n’en voit nul part ailleurs (prof → établissement → inspection → rectorat → ministère).

Maintenant comment avancer concrètement, difficile à dire. Je pense que le mieux que nous avons tous à faire (enseignants, parents, enfants…) c’est de donner le mieux qu’on peut dans cette période difficile. Cependant, comme elle met en lumière beaucoup de travers, je pense qu’il est primordial d’en parler (comme nous le faisons ici). Personne n’est seul (même si dans le quotidien ce n’est pas simple de s’en rendre compte) et nous avons le pouvoir de proposer des solutions.

Aujourd’hui ces solutions ne sont effectivement pas écoutées mais si on se résigne et qu’on refuse même d’imaginer une meilleure façon de faire, la situation ne pourra que se dégrader d’avantage…

Merci en tout cas pour ces retours d’expériences. L’éducation est un des piliers d’une société d’individus libres ! !

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La gestion des Ressources Humaines est une catastrophe, et l’É.N. étant géré par des haut-fonctionnaires (les mêmes qui ont pondu les attestations) on risque de subir encore longtemps …
Le prof’ est sur le terrain à faire ses cours et recevoir des injonctions contradictoires d’une hiérarchie pléthorique !

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Très symptomatique des cadres qui nous donnent des ordres qu’ils sont incapables de faire eux-mêmes. Une année, l’inspecteur a été incapable d’ouvrir le logiciel que les élèves utilisaient ! Ça ne lui a pas plu, il m’a dit que ce que je donnais était trop compliqué alors qu’il était le seul à ne pas avoir réussir à faire ce que je demandais - ça ne me fait plus rire, ça me met maintenant en colère !

Il est compliqué de gérer le mille-feuille administratif. Que pouvons-nous imaginer pour “pirater” ce segment de l’éducation nationale ?

Pour ma part, j’ai vu le fonctionnement en IUT, qui semble plus ouvert par moment, mais se heurte également au mille-feuille plus loin. Cependant, les professeurs ont chacun des responsabilités administratives et cela va en “tournant” (ce n’est pas toujours le même) avec un vote. Ce processus est très proche des professeurs, mais les recteurs ou chanceliers verrouillent les possibilités au-delà du cadre pédagogique. De plus, cela introduit des variations de niveaux entre les différents établissements.
Sur ce point, la centralisation permet aux établissements scolaires de proposer un programme national unifié.

Pour revenir à la continuité pédagogique, il y a bien les DANE qui peuvent aider mais le principal problème est le manque de moyen de l’E.N., comme d’habitude : ici, la centralisation bloque et oblige à attendre des solutions génériques (qui ne sont pas sur mesure pour l’E.N. mais des solutions libres souvent mal adaptées). Alors qu’est-ce qui permettrait de casser ce fonctionnement ? la création de commission ouverte ?

Il faut évidement des attendus en terme de savoirs, compétences acquises unifiées à l’échelon nationale et même européenne !

Rien ! Comme tu le dis plus haut, pour tout le reste, décentraliser en donnant les moyens et l’autonomie aux équipes pédagogiques.