Citations anarchistes

Hello,
Je me ré-intéresse à l’anarchisme en ce moment, enfin, ça m’a toujours intéressé, mais je me dis que j’ai peut-être loupé des trucs. Bref, en lisant, des wiki ou des articles, des livres, je tombe parfois sur des citations qui m’inspirent des réflexions politiques, notamment sur la place de l’état, sur ce qu’il nous arrive de projeter en terme de société idéale, ou encore sur ce que pourrait être mon anarchisme à moi. J’espère que ces dernières alimenteront vos réflexions autant que les miennes. Ce fil n’a bien sûr pas pour but d’être un fil de débat.

Je commence :
« Le pragmatisme s’intéresse de manière privilégiée aux effets de l’action. Un anarchisme pragmatiste s’intéressera surtout, plutôt qu’aux vaines et dérisoires rhétoriques ou aux postures identitaires anarchistes, aux effets émancipateurs, individuels et collectifs, de l’action sur le réel. » - Philippe Corcuff

« L’anarchisme n’est pas une recette politique pour la félicité universelle, ni un programme économique parfait, ni une panacée… On a objecté que ce manque de programme et de précision est la faiblesse de l’anarchisme, alors que c’est sa force permanente, sa vitalité, sa pierre angulaire ; sa proposition, c’est de défendre la liberté et la dignité de l’homme, et cela dans toutes les circonstances et dans tous les systèmes politiques, ceux d’hier, ceux d’aujourd’hui, ceux de demain. […] Malgré ses liens avec les associations ouvrières, avec les syndicats de travailleurs, l’anarchisme ne se confond pas avec le syndicalisme ; il ne se réduit pas au syndicalisme, ni au communisme, au collectivisme, au coopérativisme ; il continuera à être anarchisme sans adjectif… » - Diego Abad de Santillán »

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Personne n’a pris la suite depuis juillet, mais ça me fait très envie, alors voici quelques unes de mes préférées :

« Les droits politiques n’existent pas parce qu’ils ont été légalement consignés sur un bout de papier, mais seulement lorsqu’ils sont devenus l’habitude invétérée d’un peuple, et que toute tentative d’y porter atteinte se heurte à la résistance violente de la populace. » - Rocker, 1938

Deux citations de Malatesta qui complètent ta dernière @Bibo :

« Il ne s’agit pas de faire l’anarchie aujourd’hui, demain, ou dans dix siècles, mais d’avancer vers l’anarchie aujourd’hui, demain, toujours. »

« L’anarchie […] est l’idéal qui pourrait même ne jamais se réaliser, de même qu’on n’atteint jamais la ligne de l’horizon qui s’éloigne au fur et à mesure qu’on avance vers elle, l’anarchisme est une méthode de vie et de lutte et doit être pratiqué aujourd’hui et toujours, par les anarchistes, dans la limite des possibilités qui varient selon les temps et les circonstances. »

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Version courte

Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on.
Est plus de quatre on est une bande de cons.

(Brassens, Le Pluriel)

Version longue

Le sage exerce-t-il une action sociale ?

Le sage remarque que, pour exercer une action sociale, il faut agir sur les foules, et qu’on n’agit point sur les foules par la raison, mais par les passions. Il ne se croit pas le droit de soulever les passions des hommes. L’action sociale lui apparaît comme une tyrannie, et il s’abstient d’y prendre part.

Le sage n’est-il pas égoïste d’oublier le bonheur du peuple ?

Le sage sait que ces mots : « le bonheur du peuple » n’ont aucun sens. Le bonheur est intérieur et individuel ; on ne peut le produire qu’en soi-même.

Le sage n’a donc pas pitié des opprimés ?

Le sage sait que l’opprimé qui se plaint aspire à devenir oppresseur. Il le soulage dans la mesure de ses moyens, mais il ne croit pas au salut par l’action commune.

Qu’est-ce que le sage pense de l’anarchie ?

Le sage regarde l’anarchie comme une naïveté.

Pourquoi ?

L’anarchiste croit que le gouvernement est la limite de la liberté. Il espère, en détruisant le gouvernement, élargir la liberté.

N’a-t-il pas raison ?

La vraie limite n’est pas le gouvernement mais la société. Le gouvernement est un produit social comme un autre. On ne détruit pas un arbre en coupant une de ses branches.

Pourquoi le sage ne travaille-t-il pas à détruire la société ?

La société est inévitable comme la mort. Sur le plan matériel, notre puissance est faible contre de telles limites. Mais le sage détruit en lui le respect et la crainte de la société comme il détruit en lui la crainte de la mort. Il est indifférent à la forme politique et sociale du milieu où il vit comme il est indifférent au genre de mort qui l’attend.

Le sage n’agira-t il donc jamais sur la société ?

Le sage sait qu’on ne détruit ni l’injustice sociale ni l’eau de la mer. Mais il s’efforce de sauver un opprimé d’une injustice particulière, comme il se jette à l’eau pour sauver un noyé.

(Han Ryner, Petit Manuel Individualiste)