[ACTU] La grogne des agris

Bonjour tout le monde,

Il ne vous aura pas échappé certaines manifestations qui ont lieu en ce moment, et un peu partout.

Afin de donner quelques éléments de langages à nos têtes de liste et afin de peut-être avancer sur un projet de texte à moyen terme, je vous propose de rassembler ici vos éléments de réflexion.

Pour rappel, nous avons déjà 2 textes qui mettent en exergue nos positions :
Un national sur l’agriculture de conservation, un européen plus général.

Ces 2 textes dessinent nos positionnement mais ne répondent pas frontalement aux tensions présentes je pense.

Je donnerais mon avis sur un post prochain, en attendant, à vos claviers !

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Quelques éléments de réflexions auxquels se référer (déso je suis un france culture fanboy) :

Le chercheur précise que les facteurs de cette crise qui traverse le monde agricole européen sont multiples et diffèrent selon les pays. En effet, la colère des agriculteurs allemands se pose d’abord au sujet de l’énergie, tandis qu’en Pologne, elle se cristallise sur l’arrivée massive des volailles ukrainiennes,

Et, déjà début janvier :

En France, l’INRAE avait calculé que les aides de la PAC représentaient 74 % du revenu des agriculteurs, signant la dépendance du monde agricole à ces subventions, même si cette générosité européenne n’est pas distribuée également dans l’Union européenne : 75 % des exploitations reçoivent moins de cinq mille euros par ans, quand 0,5 % reçoivent plus de 100 000 euros.

Quelques éléments du programme

Pour moi, le point programme que nous avons au niveau national reste relativement éloigné des préoccupations actuelles, le point est essentiellement tourné comme répondant à l’urgence climatique en s’appuyant sur des données scientifiques qui en profite pour évoquer des choses aussi diverses que le glyphosate ou le brevet sur le vivant. Je ne suis pas sûr qu’il serait utile de l’utiliser centre de débat, c’est toujours intéressant d’en parler cela dit, il n’y a pas grand monde qui parle d’agriculture de conservation.

Le point européen donne cependant des éléments de réponses mais qui demanderait à ce que le sujet soit peut être étayé, par exemple, sur la PAC :

La PAC doit fournir un cadre stipulant l’égalité des droits, des opportunités et des engagements. Le rôle des subventions dans la politique agricole européenne doit évoluer vers une plus grande attention à la diversité et à l’égalité. Les aides financières doivent être accordées en fonction de critères de durabilité et non en fonction de la superficie des terres ou de la production.

Sur les exportations et importations :

Dans les accords commerciaux avec les pays tiers, l’UE doit éviter les pratiques commerciales déloyales basées sur son pouvoir commercial. Les exportations de produits alimentaires européens excédentaires vers les pays tiers doivent être réévaluées si elles risquent de nuire aux marchés des produits alimentaires locaux.

Réflexion personelle

Personnellement, si je devais communiquer sur la question, je dirais que je comprends les agriculteurs. Leur activité et leurs revenus est fortement dépendante des choix politiques, de subventions publiques, de déclarations administratives, rien de ce qui, a priori, est lié au départ aux valeurs du métier, le rapport à la terre, la volonté du travail bien fait, l’entretien d’un patrimoine, mais aussi la réussite économique et sociale, la reconnaissance par les proches, une forte indépendance.

Et cette volonté d’indépendance, ce côté un peu libertaire au fond, il vient exploser contre la réalité qui est que c’est une activité profondément subventionnée, dépendante de l’impôt.

Si on décrivait une activité, comme ça sorti de rien, en disant qu’en moyenne, 74% des gens qui y travaillent sont dépendants de subventions publiques, on se dirait qu’en sommes il serait sûrement pertinent d’en faire un service publique. Je ne pense pas que ce soit une solution mais c’est il me semble une image intéressante.

Pour moi une analogie permet d’exprimer une partie de la colère, c’est l’automobiliste à qui on demande de conduire moins mais pour qui on ne propose pas d’alternative. Quand le coût de l’essence augmente, normal que ça gueule.

Quelles solutions ?

Je ne suis pas sûr qu’il nous faut avoir des solutions pour tout. Peut-être qu’il y a un travail à avoir plus en profondeur sur les modalités de la PAC, sur la concurence, au niveau européen, mais il y a aussi peut-être des choses à avoir au niveau national, pour faciliter la gestion d’une entrperise agricole par exemple, faciliter les déclarations PAC, gagner en autonomie en sommes, redonner des marges de manoeuvres d’un côté qu’iels perdent d’un autre.

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Documentation

Sur la PAC :

Mes 2 cents

Plus qu’un service public, je dirais que l’agriculture est un bien commun en ce qu’il permet de répondre à un besoin vital de l’ensemble de la population qu’est le fait de pouvoir se nourrir.

Ensuite, la difficulté quand on parle d’agriculture, il est impératif de distinguer les acteurs multiples avec les besoins et des problématiques très différentes qui sont concernés. Le maraicher du coin n’a pas de point commun avec le céréalier et pourtant ils sont tous les deux agriculteurs. Est-ce que les normes sanitaires sont plus gênantes pour l’éleveur porcin qui va exporter une partie de sa production vers l’Allemagne ou pour l’éleveur laitier du coin qui vend à un distributeur ? Est-ce que la PAC permet un développement d’une agriculture durable et soutenable pour les agriculteurs qui leur permettrait de gagner une juste rémunération de leur travail ? Ou est-ce qu’elle favorise toujours un modèle productiviste ou les plus grosses structures captent une partie des fonds ?

A mon sens, on ne peut avoir une approche purement sectoriel du problème : les normes, le fonctionnement du marché, l’adaptation climatique doivent être traités pour proposer une solution durable.

A ce stade du débat je dirais que le revenu de base permettrait d’apporter une solution sur la question de la rémunération. Toutefois, on ne le mettra pas en place d’un coup de baguette magique donc il faut réfléchir sur le court terme.

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Si on devait aller sur du consensuel, j’ai l’impression qu’une chose revient en ce qui concerne la concurrence entre produits issues de l’UE, versus ceux venants d’autres continents. J’entends pas mal parler du fait qu’on accepte des produits venues de l’extérieur ne respectant pas les normes de production qu’on impose en interne.

J’ai entendu ce matin sur france culture parlé des lentilles et des résidus de glyphosates tolérés dans le produit finit. Est-ce qu’on a pas là un truc à faire relativement « simple » ou en tout cas une thématique sur laquelle se concentrer ?

On peut se poser la question de savoir s’il faut par exemple surtaxer les produits ne respectant pas ses normes ou tout bonnement les interdir ?

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Je remets ici un thread que j’avais fait il y a un an et qui traite un peu de tout ça : https://twitter.com/JNorth_Pirate/status/1628882567075094533?s=20

A. Besoin de production

Favoriser des modes de production qui réduisent la productivité ne peut avoir que deux conséquences. Et je ne crois pas que ce soit un faux dilemme :

  • A1. Soit on a besoin de + d’espace pour produire la même chose et ça créé un problème d’utilisation des sols ou c’est difficile, voire impossible.
  • A2. Soit on produit moins et des gens en paient les conséquences. Ok pas nous les Européens avec nos gros bides bien gras et bien nourris, mais d’autres.

B. Importations

Si on produit moins en France, parce qu’on s’impose des contraintes, ça n’empêchera pas les Français de moins manger.
La seule conséquence, c’est d’augmenter les importations !Le poulet par ex. : la conso. de poulet en FR est dans le même ordre de grandeur chaque année.
Le poulet FR est de qualité et respecte nos règles sanitaires et de « bien-être » MAIS ce n’est pas ce que consomme la majorité des Français !


C’est très hypocrite (ou très élitiste) de faire de la qualité chez nous pour produire moins de quantités. Au final, on importe ce qui manque et produit dans des conditions qui ne respectent pas nos normes … Coucou le poulet brésilien !

C. Elevage

Même en tant que végé, je pense que l’élevage est malgré tout utile pour nourrir les gens.
En effet, c’est un moyen :
C1. D’avoir du lait et donc du fromage (rep à ça !).
C2. Mais surtout ça permet de convertir des protéines non-assimilables par l’homme (l’herbe) en protéines assimilables par l’homme (viande et lait). Ça n’empêche que : mangez moins de viandes les gens hein !

D. Normes

Avoir, côte-à-côte dans nos étals, des tomates FR, produites avec nos conditions sanitaires et sociales, et des tomates espagnols récoltées vertes par des semi-esclaves, sans autre info que le prix et l’origine. C’est problématique!

Je changerais pas grand chose à mon propos 1 an après, (sauf peut-être à l’étayer).

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Depuis quelques jours j’arrête pas de me poser des questions sur la façon la plus pertinente de répondre à la grogne des agriculteurs, et d’aller vers une résolution de leurs mal-être…
J’y vois quelques éléments, mais je n’ai absolument aucune idée de l’impact que ceux-ci auraient sur leur niveau de vie.

Pour commencer, je crois avoir compris qu’il y a un panel très large de situation, en fonction des régions, des types d’agricultures, des tailles d’exploitations, et de sûrement pleins d’autres paramètres, et donc tout autant de problèmes. Cela fait que traiter de l’agriculture avec un grand A serait à mon avis une première erreur. Il faut entrer dans le détail des situations pour espérer régler des soucis parfois très spécifiques.

Maintenant, il y a quand même des problématiques qui semblent revenir pour une large majorité des plaignants, et quelques mesures me paraissent logiques à mener :

  • Remplacer la démagogie par la science : Beaucoup de contraintes viennent d’une image erroné des français sur l’agriculture (je suis encore très contrarié d’avoir cru, fut un temps, en certains discours rabâchés à longueur de journées par des militants, dont je pense aujourd’hui qu’ils ne sont pas intéressés par les faits). Il serait temps d’écouter la science et non l’avis majoritaire sur certains sujets (OGM, gestion de l’eau, …). Les agriculteurs se sentiraient sûrement moins abandonnés à devoir gérer avec des règles qu’ils ne comprennent pas. Les normes auraient du sens.

  • Applications des normes à l’échelle Européennes : Je ne comprends même pas qu’on s’applique des normes ultra strictes (sans parler de celles qui n’ont pas de fondement scientifique) au niveau Français, là ou les voisins ont la vie agricole « plus simple »… Niveler par le haut ou par le bas ? Je pense qu’il faut prendre mon premier point (la science) pour faire le tri entre mesures pertinentes et celles dérisoires. Et il faut donc que la France pousse à appliquer des normes cohérentes au niveau européen (plus facile à dire qu’à faire).

  • A cela il faut surement ajouter plus d’accompagnement sur la recherche, parce qu’il y a encore beaucoup trop d’incertitudes ou d’avancées technologiques à faire par rapport à une agriculture dont le défi majeur est le changement climatique, et ne devrait pas être le manque d’agriculteur, ou leur situation économique

  • Simplification des normes ? J’ai l’impression qu’il y a un mal être de ce coté aussi, je n’ai pas franchement d’avis sur la question, par manque de connaissance. Uniformiser au niveau européen apporte déjà un début de proposition…

  • Marges de l’agro alimentaire ? J’ai cru que le secteur se « gavait », j’en doute fortement aujourd’hui. J’ai l’impression que les industriels vivent mieux que les agris, mais de là à parler de 20 à 30% de marges en confondant nettes et brutes, mon alerte à complexité s’allume. Il y a un surement un effort possible du coté des charges, mais ça me dépasse.

  • Réforme de la PAC ? Il y a surement mieux à faire qu’actuellement mais je n’y connais rien, donc je passe mon tour !

En gros, il faut de la cohérence à l’échelle européenne, basé sur les connaissances dans le secteur, et sûrement une meilleur pédagogie (mais le modèle politico-médiatique est malheureusement plus enclin au clivage qu’aux débats constructifs)…
Je précise que cet avis n’est pas la vérité vraie, je me trompe surement sur certains points ou sur des détails, et dans tout les cas (vrai ou pas) c’est très facile à dire depuis mon clavier ! :upside_down_face:

PS : je rajoute qu’un point de vue économique du modèle agricole m’intéresserait, j’ai le sentiment que le modèle économique actuel ne tient pas la route, mais aucune idée de si c’est vraiment le cas, ni s’il y a des leviers pour corriger ça.

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Ah et je suis d’accord avec ton constat, j’ai oublié de rajouter ce point sur les échanges extra européens.
Mais j’ai bien l’impression que la tendance est de mettre du libre échange à tout va plutôt que de surtaxer… Surement un point à creuser à ce niveau là, mais c’est un jeu économique que je ne maitrise pas (j’ai souvenir d’une menace hyper intelligente de Trump envers la France du genre « si vous taxez tel truc j’vais mettre une taxe de 100% sur le vin français »)