[WIP] Positionnement du Parti Pirate sur la 5G et Internet

Bonjour à tous,

Pour ceux qui suivent, EELV va sortir une motion sur la 5G :

Elle n’est pas si pire que ce que ça aurait pu être, même si le propos sanitaire est bien présent dedans, comme le dit @Marmat sur discord :

Ou encore sur le reste

Ce premier message est une mise en bouche et demande de notre part un plus grand développement.

6 J'aime

En passant aussi pour la lecture, je ne vous conseille que trop l’article de blog de @PierreB sur le sujet :

https://signal.eu.org/blog/2020/07/15/la-sobriete-numerique-oui-mais-pour-quoi-faire/ qui démonte un tout petit peu certains propos que vous pouvez lire à droite ou à gauche sur le sujet.

3 J'aime

Un autre point qui me questionne aussi souvent… on peut noter que l’on porte tout à coup un grand intérêt à la souveraineté technologique pour la 5G car Huawei est ressorti dans les marchés mais pour les technos précédentes et d’autres, on a par exemple beaucoup de Cisco, américain donc. Ce qui ne veut pas dire que la question ne doit pas être posée, seulement qu’il ne faut pas tomber dans le positionnement dogmatique pour en conclure c’est la Chine (= les vrais méchants) donc pas acceptable. Je préfère voter quelque chose en sa faveur plutôt qu’en sa capacité à être contre une autre.

Je ne sais pas ce qui est attendu dans ce sujet, si c’est le débat de la motion EELV ou le débat pirate sur le sujet de la “5G et internet”. Du coup j’espère ne pas faire de hors sujet mais c’est plutôt le second qui m’intéresse.


Pour avoir étudié le réseau mobile de 5è génération aux niveaux architecture et protocole, voici ce qui me pose problème ou non.

De la question de la santé

Je ne vais pas balayer derechef cette question mais je tiens seulement à préciser que ce n’est pas une problématique spécifique à la 5G. On peut parfois lire des explications faisant peur sur les “ondes millimétriques” et ce genre de choses mais en globalement, les ordres de fréquences utilisés le sont déjà pour d’autres technos sans fil. Donc au sujet de la santé, ce sont surtout des financements de recherches sur les OEM (ondes électromagnétiques) et notamment celles de l’ordre de quelques centaines de MHz à quelques dizaines de GHz qu’il faudrait. Mais en l’état, ce n’est pas une raison suffisante pour dire “Stop à la 5G”. Ou alors il faudrait dire stop à tout le réseau mobile, aux réseaux Wi-Fi domestiques, etc.

De la question de l’intérêt grand public

Ici en revanche, j’ai beaucoup plus de mal à défendre le choix de pousser le déploiement chez les opérateurs particuliers. Les papiers de recherche (publique ou industrielle) autour de la 5G concernent beaucoup l’IoT (via le NB-IoT notamment) dont les “smart cities”, les véhicules autonomes, etc. Au regard des usages des smartphones et de ce fait du réseau de téléphonie mobile[1], peu de lien avec les apports de la 5G en termes de services abonnés. Quant à l’intensification du trafic et aux bandes passantes nécessaires, il faut savoir jusqu’où on veut aller aussi car il n’y a rien de magique avec les supports physiques, notamment les OEM et les réseaux sans-fil. Les limitations physiques font que l’on est obligé d’user de “subterfuges” comme réduire la taille des cellules pour le partage de la ressource physique.

De la question de l’environnement

Sur ce point, c’est moins mon domaine. Intuitivement, au vu de l’architecture réseau derrière la 5G, je me dis qu’il y a éventuellement des économies non négligeables du fait de centraliser tout un tas de fonctions à l’aide de virtualisation. En effet, entre le fait d’avoir chacun son serveur, son routeur et son switch chez soi dans une baie posée dans une salle refroidie par une clim de 1000 ou 2000 watts et regrouper plusieurs serveurs pour les mettre dans une salle plus adaptée avec moins d’un équipement réseau par serveur et un refroidissement plus finement adapté, on comprend vite que la consommation des équipements terminaux est égale à celle des datacenters [2]. En revanche, en parlant d’équipements terminaux il y a les stations de base (en gros ce qui alimente en ondes les antennes) qui n’y sont pas loin et qui sont plus nombreuses dans un réseau 5G du fait de cellules plus petites comme déjà évoqué. À noter, certains opérateurs “couperaient” certaines fréquences la nuit pour faire des économies[3].

De la question du coût pour l’utilisateur

Pas facile de deviner ce que vont décider les opérateurs, personnellement je crains une hausse des abonnements. Même si les sites déjà existants seront priorisés, s’il faut une couverture plus dense du fait de la taille des cellules, cela peut mener à l’installation de nouveaux sites avec le surcoût associé. Après, c’était un peu la même finalement entre d’autres générations de téléphonie mobile et depuis 10 ans avec une concurrence forte, on a toujours été sur des baisses de prix. Après côté terminal mobile, c’est un peu la même à chaque fois, faut racheter en effet. Bref, sur ce point je n’ai pas d’expertise, je le laisse pour d’autres.

Conclusion

Conformément à tout ça, il me paraît donc important de reprendre un peu les rênes de ces déploiements technologiques. Ou en tout cas, y apporter de la démocratie et inclure plus de monde dans le débat et pas seulement des industriels qui sont plus ou moins observés par une ou deux autorités sur certaines questions seulement. Cela peut se transposer plus globalement à l’Internet. Et là où Stéphane Richard (patron d’Orange) dit que les choix techniques ne regardent pas Mme Michu, personnellement et même en tant que pirate, je ne suis pas aussi certain de cela. “Faire de la qualité de service”, en favorisant certains flux allant vers tels sites/domaines plutôt que d’autres, est un choix technique et pourtant, ça tue la neutralité du net et ça impacte bien plus que l’opérateur lui-même mais potentiellement tous les utilisateurs de l’Internet. Donc à réfléchir je pense…

Sources

[1] https://www.arcep.fr/nos-sujets/les-pratiques-numeriques-des-francais-en-2019.html

[2] https://lejournal.cnrs.fr/articles/numerique-le-grand-gachis-energetique

[3] https://lafibre.info/4g-orange/sites-mobiles-orange-economies-denergie-par-coupures-partielles-la-nuit/

6 J'aime

Pour la part je ne comprends pas ce que vient faire là une éventuelle limitation du “push” (point e-i). Ces principes sont justement là pour réduire la consommation de ressources (batterie, cpu, données) par rapport à un mode “pull” (qu’il soit automatique ou manuel, parce que sans push l’utilisateur va rafraîchir régulièrement de lui-même)

Il y a un vrai sujet lié aux notifications, mais c’est une dimension sociale (dépendance, interruption) qui n’a plus rien à voir avec la 5G,l’environnement, ou la sobriété.

Je suis tellement dans l’incompréhension que j’ai peut être manqué quelque chose.


Sur le reste j’attends le PDF avec les liens des notes en bas de page pour explorer les affirmations

Merci @Farlistener, bonne idée de réfléchir sur la 5G & al.

Comme j’ai un peu échangé avec Pierre Ristic sur Twitter au sujet des délires anti-ondes de Rivasi mais aussi d’un certain nombre de maires EELV nouvellement élus, il m’a trollé en me demandant ce qu’on foutait au parti pirate au lieu de critiquer les gens d’EELV qui préparaient une position.

Il m’a aussi assuré qu’il n’y aurait rien en anti-ondes, comme un de ses collègues, sous-entendu « vous avez des a priori mais on est sérieux ».

Sauf que personnellement quand je lis en actions « on demande un moratoire en attendant le résultats des études », j’appelle ça être anti-ondes. Personne côté ANSES et ANFR ne soutient la nécessité d’un moratoire, l’ANSES et d’autres ont même plutôt laissé entendre l’inverse (injustifié) lors de l’audition au sénat sur la question. L’ANSES est d’accord pour lancer des études complémentaires (il y en a déjà eu plein), si ça peut faire plaisir, mais il n’y a a priori strictement aucune raison de s’inquiéter qui motiverait un moratoire.

Donc EELV a encore voulu ménager la chèvre et le chou en se gargarisant d’être pro-science tout en donnant des gages aux anti-ondes chez eux (au fait, tu as cité le mot d’« electro smog » mais malgré 3 lectures des pages publiées, je n’ai pas réussi à le trouver, mes yeux fatiguent)

Sur la neutralité du net également, ils disent tout et son contraire puisqu’un point promet de la défendre, et 2 paragraphes plus loin il s’agit de prioriser certains usages respectueux de l’environnement etc, autrement dit l’inverse de la neutralité… Faut choisir. C’est l’un ou l’autre.

Le paragraphe 2 mélange (sciemment ou pas) consommation électrique et consommation de données, alors que les 2 ne sont pas proportionnels. C’est un malentendu courant (peut-être volontaire) qui pousse à proposer des mesures qui ne tapent pas au bon endroit.

Sur la menace d’augmentation de 2 % de la conso nationale due à la 5G, la seule source citée est une tribune du Monde qui vient des gens du Shift… dont les chiffres ont été largement démontés (et c’est pas fini).

Et puis l’« effet rebond » brandi encore comme une évidence qu’on n’a pas à démontrer, quelques études prospectives assez hypothétiques promettant des croissances explosives qu’on ne voit pas, et la citation de Negaoctet qui n’a rien publié apparemment et qui a l’air d’être une boite de consultant(s) lié au milieu EELV et à l’Ademe.

Bref, à mon avis beaucoup de handwaving dans leur motion avec des conclusions sans surprise, dérivant directement de leur ligne. 48 pages quand même d’après le pied de page, je me demande ce qu’il y a dedans.

etc. j’arrête de critiquer.

En fond, la position est clairement motivée par l’obsession de la décroissance (tout doit décroître, sauf ce qui plaît aux écolos, et on brandit l’effet rebond contre toute optimisation qui permettrait une décroissance des ressources à service rendu équivalent ou meilleur). Donc rien du tout sur les externalités positives, comme c’est la règle maintenant dans les milieux écolo politiques.

L’IoT semble être un grand méchant désigné mais là pour ma part, je manque de visibilité. Il y a clairement du bullshit autour de l’IoT et des promesses qui ne seront pas tenues (qui auraient déjà dû l’être, pour certaines), mais aussi des choses intelligentes à faire (dont pas mal pour l’environnement : économies de ressources diverses, exemple arrosages de plantations, extinction d’éclairages, etc). L’autre problème par rapport à l’IoT c’est que, la technologie étant encore relativement marginale (faible volume), on en est réduit à de la prospective pour estimer sa croissance future, et les plaquettes commerciales promettent bien sûr d’inonder le monde avec ça, mais est-ce vraiment crédible…

On doit pouvoir construire quelque chose de plus équilibré que la position EELV ?

Ma position serait quelque chose dans les grandes lignes suivantes en inversant la charge de la preuve :

  • présomption générale d’utilité (d’innocence :slight_smile: ) de la 5G etc ;
  • prise en compte nécessaire des externalités positives (on parle de rentabilité socio-économique pour les projets d’infrastructure, on peut parler de rentabilité socio-économique et environnementale) ;
  • vigilance nécessaire également sur les impacts négatifs (IoT par exemple), y compris sur la vie privée et les libertés fondamentales ;
  • ne pas considérer comme argent comptant n’importe quelle étude prospective promettant une explosion des volumes (de données, de ventes, de fabrication, etc), préférer les tendances réelles déjà observées.
6 J'aime

Au sujet de l’IoT, j’en ai parlé dans mon post précédent et je ne l’ai pas clairement exprimé mais je suis d’accord avec l’idée que ça ne soit ni bon ni mauvais. Tout dépend de ce que l’on en fait. C’est une anecdote mais pas tant… pour ma part je débute cette année une thèse autour de l’IoT qui s’inscrit dans un projet régional (puis national) de surveillance de l’environnement afin de mieux comprendre les comportements des pollinisateurs par exemple, assez essentiels dans la nature. Et j’ai pu voir qu’il y a tout un tas de projets dans le genre. Après, il y a aussi des projets industriels qui tiennent effectivement parfois plus du « bullshit » comme tu le dis à base de tout connecté à coups de « pompages » de nos données. M’enfin, faut pas confondre la technologie et les usages.

Le seul point où je suis partagé est la « présomption générale d’utilité de la 5G ». Je n’arrive pas tellement à me départager moi-même en fait mais je n’envisage pas non plus, quoi qu’il en soit, un moratoire. Ça n’a aucun sens, mis à part donner du grain à moudre à certains électeurs en effet. Disons que je crains qu’une fois le réseau en place, de mauvaises utilisations soient « poussées » de façon insistante par divers opérateurs ^^" alors peut-être faut-il simplement se préparer et anticiper ça (cf la dernière phrase du paragraphe précédent :smile:)

1 J'aime

D’autres motions qui n’ont rien à voir, c’est le problème du document on a l’impression qu’il y a plus mais non.

Page 5 (sur 48), À l’issue du moratoire, c, ii, 4ème ligne.

J’aimerai revenir sur un des points : les usages.

Pourquoi consommons-nous plus de bande passante qu’hier ? Je vais prendre un exemple, la musique.

Avant il y avait la radio et le cd, puis le mp3 est arrivé; des solutions de musique sont sortis depuis : deezer, Spotify et Apple music par exemple.

Aujourd’hui, l’essentiel de la musique écoutée l’est sur YouTube. J’utilise cette exemple d’évolution d’usage pour expliquer la non-sobriété des consommateurs.

Comment en sommes nous arriver là ? Simplement, à force de se contenter de la moins mauvaise des mauvaises solutions. Sur le sujet de la musique, le problème est l’absence d’un modèle de type licence globale ou autre permettant de proposer des offres musicales complètes. Aujourd’hui, l’offre la plus complète qui y ressemble le plus (en étant bien loin) ben c’est youtube.

J’ai même pas abordé la problématique de streaming, disponibilité, simplicité,…

Bref, si nous laissons que des mauvaises solutions, nous pouvons oublier la sobriété.

Brandir ensuite cela en étendard est assez malhonnête et détourne les gens des problèmes profonds à l’origine de ces dérives.

Imaginer que l’on installe des pistes cyclables, que l’on y gare des motos, camions, trottinettes puis que soit décidé de verbaliser les vélos qui circulent la sur chaussée ou le trottoir. L’analogie n’est pas tout à fait bonne les pistes cyclables semblant adaptées pour les vélos.

2 J'aime

Oui mais à mon sens la question est : en quoi serait-ce un problème, en fait ? “Sobriété” rattache le sujet à l’alcool (notamment), comme si la donnée était aussi toxique que l’alcool. On peut croire que la transmission de données provoque une consommation électrique énorme, mais c’est faux.

Le renouvellement trop fréquent des équipements peut être un problème, mais il est indépendant du volume de données.

Or justement, nous faisons plus de Youtube (que quand il n’y avait pas de Youtube, c’est clair), etc. Mais qu’on regarde le nombre d’appareils qu’un ordiphone a remplacés : lecteur MP3, dictaphone, GPS de voiture, appareil photo basique (les ventes se sont écroulées), petit caméscope, lampe électrique, écran LCD pour photos, en partie téléviseur et PC, voire automates divers à billets de transport, etc.

Je suis plus gêné personnellement par le fait d’utiliser une plateforme de vidéo pour écouter de la musique que par l’augmentation de bande passante.

Mon argumentaire est celui que j’utilise pour expliquer aux détracteurs de l’évolution des réseaux leur part de responsabilité dans le besoin d’évolution des infrastructures.

NegaOctet un projet de recherche mené par un consortium qui réunit les meilleurs experts français en matière de quantification des impacts environnementaux du numérique. Ces acteurs ont réalisé des centaines d’analyse du cycle de vie (ACV) depuis 15 ans et sont entrain de constituer une base de données de facteurs d’impacts à l’état de l’art au niveau mondial pour quantifier plus facilement les impacts des services numériques.

Compte tenu des centaines de jours.homme nécessaires pour constituer ces facteurs d’impacts et la méthodologie associée, il faut leur laisser un peu de temps de bien faire leur travail. A moins que vous ne souhaitiez des chiffres bidons.

Note : je ne peux pas mettre plus de 2 liens étant un nouveau pirate

Bonjour,
Voici mon point de vue en tant qu’ex technicien télécom.

La problématique actuelle vise à anticiper et prévenir une saturation complète des réseaux mobiles. L’histoire de l’informatique et des télécom a toujours montré que la sobriété a elle seule n’a jamais suffit. En fait, matière de réseau, on n’assiste pas vraiment à une fuite en avant mais on a plutôt toujours été à la ramasse, à courir après un train de retard, le futur étant inconnu (on a un exemple connu avec l’IPV4 pour lequel on n’avait jamais imaginé que l’on n’arriverait à bout du stock d’adresse IP).

En matière de télécom, on a un bel exemple avec la 3G
La 3G, conçue en 1999 (pour contexte, le 1er iPhone date de 2007) n’avait jamais prévu l’explosion de l’internet mobile. A l’origine la 3G a été conçue pour faire de la visiophonie (exemple : pub SFR de 2006 ), la data qui se limitait pour le grand public à l’accès au WAP (une sorte de web dégradé) venait s’ajouter comme un bonus, mais en aucun cas comme la fonctionnalité principale.

En France, la 4G est vraiment arrivée in extremis en remettant la donnée (et non la voix) comme étant au coeur du réseau. Son protocole était tellement chiadé qu’à la base il n’était pas possible de téléphoner en 4G. Le téléphone switchait (et switche toujours pour l’entrée de gamme) en 2G ou 3G à l’arrivée d’un appel. C’est bien plus tard que la voix sur la 4G a été implémentée sous la dénomination VoLTE.

A l’époque, on se plaignait lors du déploiement de la 4G que la 3G se dégradait à vue d’oeil “faute de maintenance”. La réalité était toute autre : en vérité la 3G n’arrivait pas à suivre, les gens ne switchaient pas assez vite vers la 4G pour la soulager d’un traffic réseau toujours plus important… La 4G était une bénédiction surtout pour l’opérateur, qui voyait un moyen abordable de désaturer un réseau au bord de l’asphyxie.

Afin d’inciter les gens à passer en 4G, Free a par exemple proposé une enveloppe data plus importante pour la 4G que pour la 3G : rare sont les opérateurs qui ont fait payer plus cher la 4G passé la nouveauté. Il était plus économique pour l’opérateur d’avoir un client 4G que 3G.

De nos jours, tous les smartphones étant 4G, la 3G marche au top, de moins en moins de tel l’utilisant. Parfois même, on retrouve un réseau 3G plus rapide que la 4G, qui elle sature par endroit. Par exemple ; Au boulot, limiter mon tel à la 3G me permet d’avoir du 10 Mb/s stable (contre moins de 1Mb/s en 4G).

Un point qui limitait la 3G (en plus de son protocole pas adapté à l’usage) est la liaison data des sites.
Les “nouveaux” sites 3G acceptaient au maximum du 8 à 16 Mbit/s pour l’ensemble du site. Dans les faits on dépassait rarement les 8 Mb/s via l’agrégation de 4 liens E1 à 2Mb/s, et il n’était pas rare de voir des sites limités à 4 ou 2 Mb/s de par leur lien réseau. (1 lien E1 coûte très cher, le débit étant garanti)

Alors que le site 3G arrosait plusieurs milliers de personnes (sur un lien 8 Mb/s partagé entre tous), on comprend bien que le lien saturait. Ajouter des fréquences sur le site ne servait à rien. (Et quand on te vendait de la 3G à 14 Mb/s par téléphone c’était souvent bidon. La baie entière et ses cellules (au moins 3) étaient souvent câblées sur du 8 Mb/s, et au mieux du 16 Mb/s).

En 3G, il fallait des nouveaux sites pour réduire la taille des cellules et rajouter de la bande passante. Or la création d’un nouveau site : recherche et location du terrain, création des accès, équipement et dressage du pylône, apport de l’énergie et de la data, est longue, fastidieuse et surtout très onéreuse. Cela devient franchement difficile quand les Robins des Toits s’en mêlent.

La 4G, elle, débarquait directement avec son lien fibre (dans la plupart des cas), permettant d’upgrader un site, mais restant malheureusement incompatible avec la NodeB (la baie 3G) implantée sur le même site. On eut donc 3 arrivées data distinctes sur un même site :

  • 1 ou 2 lien Abis : 2 Mb/s par lien pour la 2G
  • 4 E1 : 4*2Mb/s pour la 3G (Note : il existait des sites 3G fibrés, mais ils étaient très rare à l’époque)_
  • 1 fibre 100 Mb/s pour la 4G

Et la 5G dans tout ça ?
La 5G semble être avant tout conçue pour tolérer plus facilement les micro cellules (on peut faire des micro cellules en 3G et 4G mais c’est “compliqué”). Par contre il y a un confusion courante dans les médias : presque tous indiquent (à tort) que l’on ne peut faire “que” des micro cellules en 5G en raison de fréquences utilisées assez haute dans le spectre, via du 3,6 GHz puis 26 GHz contre respectivement 700 MHz à 2600MHz pour les générations précédentes (plus une fréquence est élevée, moins elle porte loin).

Or cette information est fausse, la 5G ne porte pas spécialement moins loin que la 3G ou 4G, elle utilise aussi les fréquences plus basses (Free souhaite par exemple l’exploiter sur du 700 MHz). Comme l’ANFR le mentionne sur son site on parle beaucoup du 3,6 GHz et du 26 GHz car l’Europe est en train de normaliser (standardiser et réserver) l’usage de ces fréquences. C’est extrêmement compliqué de normaliser sur les fréquence plus faible car elles sont déjà utilisées à d’autres usage. Pour les autres fréquences il est donc fort probable que les pays voire les opérateurs fasse chacun dans leur coin en fonction de ce qu’ils sont de dispo sous la main.

Le rapport EELV
Je n’approuve pas ce rapport :

  • Il y a une confusion permanente entre l’outil (la 5G) et l’usage futur (dont on n’a seulement une vague idée)
  • l’IoT se développe déjà à vitesse grand V et se développera avec ou sans la 5G. Sans, ça nous éclatera juste notre réseau actuel.
  • Si l’on veut lutter pour notre vie privée, il faut légiférer pour sa protection, pas lutter contre une évolution technologique. (Pour comprendre plus simplement : On n’arrêtera pas le traffic de drogue en fermant une autoroute, un port ou un aéroport)
  • Il n’y a pas d’analyse d’impact prenant en compte la création du même service (anticipant un besoin), mais sans la 5G.

De mon avis personnel

  • Certes, la technologie dispose de l’espace qui lui est fournie, jusqu’à une certaine limite (en gros par exemple, plus les CPU sont costauds, plus les logiciels sont gourmands en ressource)
    … Mais …
  • Les micro sites devront quoiqu’il en soit se développer pour faire face à la demande, reste à savoir si l’on veut que ce soit avec une technologie adaptée (et consommant moins de ressources diverses) pour cet usage ou pas.
  • Coté bandes de fréquences utilisées, même si la puissance de l’émission s’adapte au besoin (la portée) autant utiliser des bandes de fréquence de faible portée pour laisser les autres de libre.
  • Laisser saturer les réseaux ne restreindra pas les usages, il le dégradera juste pour tout le monde le rendant inutilisable.
  • Si les réseaux commencent à vraiment saturer, il va falloir se poser la question de prioriser certains flux plus que d’autres pour garder les fonctionnalités de base fonctionnelles (notre réseau mobile est d’importance stratégique au niveau national, il est primordial qu’il fonctionne correctement). Adieu la neutralité du web en France.
  • Plus on laissera saturer la 4G, plus le besoin de remplacer son tel pour un modèle 5G se fera pressant. (En jetant l’ancien devenu inopérant sur son réseau saturé). Avec une 4G fonctionnelle au lancement de la 5G, les early adopters seront moins nombreux et pourront revendre leur ancien tel d’occase (au lieu de le jeter).

A noter par rapport au post ci dessus sur l’extinction des sites la nuit :
Il y a 5 ans (depuis je n’y bosse plus), il n’y avait à ma connaissance aucun site éteint la nuit chez Orange pour économiser du courant (pas même les sites expérimentaux “chers” en énergie, fonctionnant sur panneaux solaires + groupe électrogène ou pile à combustible.)

Par contre quelques sites étaient éteint la nuit pour des raisons de nuisance sonore. La ventilation et climatisation d’un site sur un toit qui consomme (et chauffe) parfois 3000W dans un espace confiné est particulièrement bruyante (et vibrante pour le bâtiment qui héberge le site).

8 J'aime

Bon sinon encore sur le sujet :

Je pense qu’on a trouvé les sources ;). Et étonnamment FranceInfo va dans le sens de @PierreB (alors je dis pas que je doutais de lui, hein, mais plutôt de la capacité de certains médias à ne pas trop se gourer).

Pour le coup on peut voir que certains calculs sont faits à la truelle, avec des aspects sans rapport avec la 5G (je me demande encore ce que viennent faire les mégaconstellations oneweb et starlink dans l’histoire, c’est une autre nuisance mais ce n’est pas indispensable pour faire de la 5G qui n’est qu’un outil).

Bref, il va falloir que nous travaillons sur quelque chose à présenter sur le sujet, on nous impose, par des prises de positions politiques avec lesquelles nous ne pouvons pas être d’accord que ce soit sur le fond et sur la forme, à prendre aussi position pour éclaircir ce que pensent les Pirates et marquer ainsi notre différence dans la gestion des technologies, du futur et de notre environnement.


Petit scénario de ce que pourrait faire la 5G en IoT, les protagonistes :

  • une voiture,
  • un vélo,
  • un personne,
  • des lampadaires,
  • une facture d’électricité

une personne se baladant à pied, en vélo ou traversant le ville en voiture peut émettre un signal de proximité sur une sorte de réseaux mesh 5G de smartcity qui SANS LOGGER l’identité de la personne est capable de savoir à quelle vitesse circule la personne. À travers le réseau, il sera alors facile de calculer quand allumer et éteindre les lampadaires, de manière optimale économisant ainsi l’énergie et minimisant l’éclairage publique. Pas besoin de capteur de mouvement qui détecterait un véhicule trop tard ou s’éteindrait trop tôt avec une personne qui s’arrête.

Bref, ceci était un petit scénario :wink:

Merci Frédéric pour la précision.

Pas de souci, évidemment mieux vaut des études sérieuses sur le fond, je m’étonne juste que Négaoctet soit cité régulièrement en référence ces jours-ci (la motion d’EELV et à un autre endroit récemment qui m’échappe) comme si une étude avait été diffusée sur le sujet. Du coup j’ai essayé de trouver ladite étude, sans succès.

Sur le site https://negaoctet.org/, je n’ai trouvé a priori (j’ai peut-être mal cherché mais aucun menu ne semble y correspondre) aucune étude permettant de se faire une idée. Ces études réalisées depuis 15 ans sont-elles publiques ?

Concernant les études, ils s’agit d’analyses du cycle de vie (ACV) réalisées pour des clients privés qui ne souhaitent pas les rendre publiques. Cela va du paiement en ligne ou “jouer une heure à jeu vidéo”, en passant par le réseau 3G d’un opérateur ou bien encore les 30 services numériques écoconçus dans le cadre de l’opération collective Greenconcept. Cf. http://greenconcept-innovation.fr/. Le travail fait sur NegaOctet est la mise en commun de l’ensemble des modèles et de tous les savoirs appris au long de ces projets.

NegaOctet est probablement également cité dans les recommandations de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC), par le rapport de la mission d’information du Sénat, et par la feuille de route du CNnum sur le sujet.

De fait, le consortium concentre une grosse expertise sans avoir produit de rapport publics car ce n’est pas un thinktank mais un consortium de bureaux d’étude (pour faire simple). Il y a quand même le rapport Greenconcept cité plus haut et puis les études #iNUM et #EENM citées dans un autres commentaires de ce fil.

Ah oui en effet, j’ai dû les voir cités dans les rapports Sénat et CNNum.

Dommage, du coup ce fonctionnement manque “un peu” de transparence et de redevabilité.

Parmi les consultations ouvertes en cours auxquelles le parti pirate peut participer :

  1. ARCEP : cf. https://www.greenit.fr/2020/07/07/larcep-se-penche-sur-lenjeu-environnemental-des-reseaux/
  2. Art. 13 loi AGEC. En s’inscrivant ici avant le 28 août : https://docs.google.com/spreadsheets/d/1ZeRtK4zYPdQLMMqnTHzlTh0YIx_Gv7ipf-DwJimU2No/edit?usp=sharing.
1 J'aime

Merci ! J’ai mis mon nom sur la seconde feuille (transitoire). S’il n’y a pas d’autre volontaire chez les pirates (auquel cas discutons-en), je suis volontaire pour y aller sous le drapeau du Parti Pirate plutôt (ça serait plus cohérent par rapport au fait que ça n’a rien à voir avec ma boite).

1 J'aime

Merci beaucoup, super explication détaillée !

Effectivement en tant qu’habitué à gérer des réseaux filaires et utilisateur de mobile, je confirme que quand la 4G est saturée, rien ne passe (vu l’été dernier : 20 mn pour ne pas arriver à envoyer 1 tweet). Donc l’argument entendu partout “la 5G va servir à regarder de la vidéo HD (bonus : porno dans l’ascenseur)” a tendance à m’énerver un tantinet par la méconnaissance de la réalité qu’il démontre…

3 J'aime

Très intéressant en effet :wink:

Pour me faire l’avocat du diable (et c’est ce que j’entendais dans ma section « intérêt pour le grand public »), je ne vois pas vraiment en quoi d’un point de vue architecture (au vu du protocole) on ne pourrait pas améliorer les réseaux 4G (LTEa en particulier) pour éviter un engorgement du réseau. Ensuite, il ne faut pas oublier que des investissements publics et privés colossaux sont en cours sur le réseau fixe (FTTH). N’y a-t-il pas des risques de faire doublon ? C’est aussi pour ces raisons que je questionnais ainsi :

Après, si le deal c’est de stopper la 2G là où y a 4G et 5G, au final sur pas mal de points on n’est pas dans le cas des effets liés à l’ajout d’une techno mais juste d’un remplacement, notamment la consommation d’énergie (en considérant en plus, comme le disait Marmat, que la 2G consomme beaucoup).