Quelle éthique pour les ciseaux génétiques ?

Toujours plus facile, cet article pose de bonnes questions sur le brevetage du vivant et sur la modification génomique en général. Sujet majeur de la société qui arrive, sur lequel nous semblons clairs et qui peut nous porter.

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Bonjour,

Grosse question urgente : on va de plus en plus vite pour utiliser CRISPR, et en même temps on a des besoins immenses en santé.
Mais la question de la modification d’espèces se pose aussi, et on va avoir du mal à trouver des critères pour dire non à certains projets (stérilisation de moustiques pour éradiquer le chikunguniya, ou le paludisme ?).

Quels critères philosophiques pouvons nous mettre en avant pour justifier le non usage d’une technologie qui peut tout dans le génome ??
Moi je sèche, et il en faudra pourtant.

Ludo_Cepre

Heu, pour l’éradication des moustiques, je pense que la stérilisation par modification génétique est une des meilleurs solutions comparée à l’utilisation de pesticides. De une parce que l’effet est limité à la durée de vie des individus stériles (car sans reproduction, la mutation est non transmissible) et de deux parce qu’on est sûrs de ne toucher que la bonne espèce. Une fois le moyen le plus sûr choisis, la question est bien sûr, est-il étique de détruire ou décimer une espèce dans le seul but d’éviter que des humains meurent par centaines de maladie chaque année ?

Nous avons pourtant déjà certaines réponses.
L’interdiction de breveter le vivant devrait éviter des abus visant à produire des espèces à usage commercial: une abeille modifiée seule capable de polliniser le maïs vendu avec.

Pour l’éradication d’une espèce, elle ne devrait que logiquement être interdite. Le cas du moustique est très parlant. La femelle pique et transmet des maladies. Le mâle est un pollinisateur. Leur destruction entrainerait probablement l’éradication de la flore locale. A terme, la niche ainsi vidée serait remplie par une autre espèce. Le paludisme y trouvant certainement une autre voie de propagation. Par contre, comme déjà testé aujourd’hui, protégé le moustique contre le paludisme est une réponse plus appropriée et qui serait aussi simple que de les éradiquer en utilisant les mêmes techniques.

Le risque est aussi des modifications massive d’espèce s’enchainant dans le temps entrainant des dérives de moins en moins maitrisée. Toutes modifications d’échelle sur une espèce vivante devrait être couplée à la préservation de l’espèce dans son génome initial. Principe de précaution.

La dernière question est liée à l’humain. Il est utopique de croire que, même avec des lois internationales, la pratique ne sera pas réalisée par un état, un couple, un individu. (je vous invite à lire les excellents mars la rouge, la verte et la bleue de Kim Stanley Robinson où, par mode et car la technologie le permet, des femmes ronronnent). Comment s’assurer qu’un individu au génome modifié (pour de bonnes ou mauvaises raisons) ne propagera pas sa modification à sa descendance à l’insu de la société.

Je termine sur un risque assez déprimant. Ces modifications génomiques pourront être diffusées par l’usage de virus. Dans un but médical sur un individu, pas de souci. Avec d’autres visées sur une population entière, les lois internationales n’ont aucun arsenal judiciaire contre cette pratique.