Mobilisation nationale des psychologues 10 juin 2022

Un peu en retard, désolée…

Comme vous, nous, psychologues des Pays de La Loire, avons entendu lors des dernières élections, l’appel de la population à une politique sociale orientée vers le renfort du service public. Cette demande forte invite nécessairement tous les pôles politiques à y répondre.

Nous, psychologues, sommes traversés par une crise sans précédent puisque faute de postes en nombre suffisant dans le service public, nous sommes empêchés dans nos missions d’accueil (délais d’attente inadmissibles et tri des patients). Nos institutions publiques (sanitaires, psychiatriques, éducatives…) ont pourtant pour mission de permettre des prises en charge de qualité et sans conditions de ressources.

Nous sommes depuis plusieurs années à l’hôpital dans un contexte d’augmentation massive des besoins et des demandes de suivi, avec des expressions symptomatiques graves d’un malaise contemporain que la pandémie n’a fait qu’accélérer. Pour exemple le plus frappant, les tentatives de suicide chez les jeunes explosent, elles sont en hausse de 27% depuis 2021.

Pourtant dès 2019, les hospitaliers alertaient (grèves, démissions administratives de 1000 chefs de service etc.) sur le démantèlement du service public hospitalier (général et de façon plus cruelle encore, psychiatrique) :

-ONDAM toujours négatif.

-Plans successifs exigés par les RGPP d’équilibration des finances ont rendu l’hôpital (investissements, postes) exsangue.

-Les ratios de soignants par patient n’ont cessé de diminuer.

Pour autant, après deux années de COVID et près de 4000 articles de presse dans les 5 derniers mois, nous constatons que le gouvernement en place n’a pas pris la mesure du drame qui se joue. Le diagnostic issu de nombreuses concertations (pré Ségur, rapports des députés, du CESE et plus récemment commission d’enquête sur l’hôpital) est pourtant largement partagé. Aujourd’hui ni le Ségur de la santé, ni les assises de la santé mentale et de la psychiatrie, n’ont pu stopper le naufrage qui se déroule sous nos yeux. Les fermetures de lits, faute de soignants, se poursuivent.

S’agissant de notre profession, à la place d’un véritable renfort dans les fonctions publiques, ont été choisies par le gouvernement des solutions palliatives (ex : +0,5 poste par département). Dès lors, nous réclamons toujours des postes supplémentaires pérennes, des valorisations salariales (grilles salariales inchangées depuis 30 ans) et un respect de nos statuts.

Sourd à nos multiples demandes en ce sens, le gouvernement a préféré contre toute attente, la poursuite active d’un mouvement de désinstitutionalisation par l’externalisation des prises en charges via des plateformes d’orientation (sans fonction d’accueil), des lignes d’écoute téléphoniques et un dispositif, MON PSY.

En définitive, l’objectif actuel du gouvernement est bien de faire de notre profession une profession de santé, dénaturant par là même totalement notre identité professionnelle. Or nous refusons la mainmise du champ de la santé sur nos actes, leur standardisation via des questionnaires et les rationalisations de la relation humaine (et donc des coûts) auxquels ces dispositifs nous somment. Il n’est pourtant pas à démontrer que choisir son psychologue, tisser une relation de confiance et mettre au jour le désordre intime qui nous agite ne sont pas des étapes qui s’anticipent dans le temps ni dans la durée de la sorte.

La dynamique des élections législatives nous laisse espérer qu’il est encore temps d’agir, avec les élus locaux en responsabilité d’alerter sur notre malaise de terrain, vis-à-vis des citoyens, à l’assemblée.

Vous trouverez en copie la lettre ouverte aux futurs députés et citoyens où les psychologues vous alertent, envoyée à l’initiative de la CGT et de plusieurs autres instances locales et nationales, ainsi que l’appel de la Convergences des luttes des psychologues à laquelle nous nous rallions. Ils énumèrent succinctement nos revendications.

Notre profession plurielle est au rassemblement. Nous nous organisons pour faire des propositions et nous vous invitons à venir à notre rassemblement à Angers le 10 juin, à 13h30, Place du Ralliement.

UFMICT Lettre ouverte Psychologues_ 05 2022.pdf